Violence et immigration, thèmes centraux des élections en Suède

Violence et immigration, thèmes centraux des élections en Suède
Par Jona Källgren
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Derniers jours de campagne en Suède à l'approche des législatives du 9 septembre. Immigration et violence ont dominé les débats en particulier après plusieurs fusillades à Malmö. L'extrême-droite tirera-t-elle profit de ce climat ? Les sondages prédisent une percée du parti SD anti-immigration.

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C'est la dernière ligne droite de la campagne électorale en Suède. A l'approche des législatives de dimanche, les partis occupent le pavé comme à Malmö dans le sud du pays.

Ces derniers mois, la ville s'est retrouvée au cœur d'un débat national et même international. Des fusillades ont eu lieu en pleine rue faisant plusieurs victimes. Certains n'hésitent pas à faire le lien entre violence et immigration, estimant que de tels actes illustrent l'échec de l'intégration des étrangers.

Fusillades

Le responsable municipal en charge de la sécurité veut - lui - mettre les choses en perspective. "Nous avons le taux de criminalité le plus faible depuis 1996, ce taux est en baisse," assure Andreas Schönström, social-démocrate.

"Reste que bien sûr," reconnaît-il, "nous avons des problèmes graves avec la criminalité liée aux gangs. Des fusillades très, très inquiétantes se sont produites entre criminels, mais encore une fois, le délit auquel la plupart de nos concitoyens sont confrontés, c'est le vol de vélo," fait-il remarquer.

La plupart des fusillades ont eu lieu dans des quartiers où vit une plus forte proportion de personnes d'origine étrangère.

Ce qui alimente le discours extrémiste des représentants des Démocrates de Suède, parti anti-immigration.

"J'étais proche de l'une des fusillades qui a eu lieu," témoigne Håkan Ask, membre de SD. "Je venais de garer ma voiture, je suis parti et environ quinze secondes après, il y a eu des tirs : je pouvais entendre le bruit que les balles font dans l'air et l'une d'elles a atteint une barrière derrière moi," raconte-t-il.

No-go zones ?

Le quartier de Rosengård à Malmö est souvent décrit comme le plus dangereux de la ville. On le qualifie parfois de zone interdite d'accès.

Pourtant dans le centre commercial local, ce jour-là, le chef du groupe parlementaire des sociaux-démocrates rencontre les électeurs sans apparemment s'inquiéter des conditions de sécurité.

"Du point de vue de la police, quand les gens parlent de zone interdite, de 'no-go zone'... Pour la police, c'est plutôt une 'go-go-zone'," affirme Anders Ygeman avant d'ajouter : "On doit être davantage présent dans ces quartiers pour amener plus de sécurité ; mais en réalité, il n'y a pas de 'no-go zones' - selon l'expression utilisée au niveau international - en Suède," estime-t-il.

Pourtant, des problèmes existent dans ce quartier. Sigrun Sigurdsson mène des projets pour les jeunes sur place. Elle réclame davantage d'actions pour favoriser leur intégration dans la société suédoise en général.

"On a des problèmes à Malmö, on a du mal à intégrer dans la société, à intégrer les enfants dans les écoles," indique la travailleuse sociale. "On est vraiment mauvais en matière de lutte contre l'exclusion et je ne parle pas que des migrants, mais de tout le monde : on doit améliorer les choses," insiste-t-elle.

"Je me sens en sécurité"

Nous retournons dans le centre de Malmö où la campagne se poursuit. Alors que la violence a fait la une des médias suédois et internationaux, la plupart des électeurs ne semblent pas véritablement inquiets.

"Evidemment, il y a de la violence dans certains quartiers, mais ce n'est pas tout le temps, c'est calme aussi souvent," estime une habitante âgée.

"Je me sens vraiment en sécurité ici, je suis contente d'être là, les gens sont sympas," assure une jeune femme voilée. "Bien sûr, parfois, de mauvaises choses se passent, mais je crois que ces derniers temps, il y a moins de violence par rapport à avant : en tout cas, je me sens toujours en sécurité," dit-elle.

"Evidemment, Malmö n'est ni une dangereuse 'no-go zone', ni un paradis de l'intégration, mais se situe probablement quelque part entre les deux," précise notre journaliste sur place Jona Källgren.

"I__l est clair que ces fusillades qui ont eu lieu dans certains quartiers de la ville font beaucoup parler dans le pays et on estime que cela favorise les Démocrates de Suède, le parti anti-immigration : mais combien de points ont-ils véritablement gagné dans l'opinion en surfant sur ce thème et sur d'autres ? Nous ne le saurons qu'à l'issue du vote," conclut-il.

Sources additionnelles • Journaliste : Stéphanie Lafourcatère

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