Procès du 13-Novembre : qu'a-t-on appris de l'itinéraire de Salah Abdeslam ?

Fiche signalétique de Salah Abdeslam émise par la police française le 13 novembre 2015 et différents croquis de S. Abdeslam durant son procès
Fiche signalétique de Salah Abdeslam émise par la police française le 13 novembre 2015 et différents croquis de S. Abdeslam durant son procès Tous droits réservés Police Nationale via AP + AFP
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Par Julien Pavy avec AFP
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Un homme, parmi vingt accusés, a été au centre du procès des attentats du 13 novembre qui se clôture ce mercredi à Paris.

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Un homme, parmi les vingt accusés, a été au centre du procès des attentats du 13 novembre qui se clôture  ce mercredi à Paris.

Qu'a-t-il fait le 13 novembre ?

Salah Abdeslam, le seul membre du commando terroriste encore en vie, aurait échoué à mourir en martyr en raison d'une ceinture explosive défectueuse. Les raisons de sa survie restent toutefois encore incertaines. 

Au gré de ses interrogatoires, il a finalement expliqué à la cour qu'il avait pour mission de se faire exploser dans un bar du XVIIIe arrondissement de Paris mais qu'il avait volontairement renoncé à le faire "par humanité". Celui que l'on a vu pleurer à l'audience a même fini par demander pardon aux victimes.

Ce "renoncement" deviendra le fil rouge de ses auditions, même le 30 mars lorsqu'il oppose pour la première - et unique - fois son droit au silence aux questions de la cour.

Mais a-t-il tout dit ? Assurément non. "Que les choses soient claires, nous ne croyons pas un instant à cette fable", a tranché l'avocat général Nicolas Le Bris lors des réquisitions. "C’est une mission-clé : sans terroristes, pas d’attentats. Celui qui rapatrie les commandos est nécessairement quelqu’un en qui la cellule place toute sa confiance", a complété Camille Hennetier du parquet national antiterroriste (Pnat).

Un rôle logistique majeur avant les attentats

A Molenbeek, le profil de Salah Abdeslam ressemble davantage à celui d'un petit délinquant habitué davantage aux boîtes de nuit qu'à la prière. L'enquête a montré qu'il se tourne tardivement vers l’État islamique et qu'il envisage de se rendre en Syrie, un projet qu'il ne concrétisera pas.

"Ce procès lui a permis de fissurer l'image pré-fabriquée qu'on avait de lui et que les six années de silence ont consolidé", déclarent ses avocats, MMes Olivia Ronen et Martin Vettes.

Il a évoqué sa "vie simple" d'avant. "Imprégné par les valeurs occidentales", cet ancien petit délinquant fréquentait casinos et boîtes de nuit. 

Quid des achats d'explosifs, des locations de voitures, des allers-retours pour récupérer les futurs membres des commandos à leur retour de Syrie ? Il répond par des "no comment" obstinés.

Semblant incapable de renier son engagement djihadiste, il peut le même jour dire qu'il "aime" le groupe Etat islamique, dont il légitime les actions, et répéter sans ciller qu'il n'est "pas un danger pour la société".

Je veux être oublié à jamais

"Dixième homme" des commandos, Salah Abdeslam n'est jamais allé en Syrie. Il y a pensé fin 2014 mais s'est trouvé dans une "impasse", dit-il en février : d'un côté, ses "frères" qui se font "massacrer", de l'autre ses "attaches" en Belgique, ses parents et la femme qu'il devait épouser.

En avril, sa version évolue: l'"idée passagère" d'un départ en Syrie se transforme en volonté farouche. C'est pour cela qu'il pleure devant sa fiancée quelques jours avant les attentats, explique-t-il alors. 

En près de dix mois d'audience, la carapace s'est-elle fissurée ? Salah Abdeslam s'est-il montré sincère ou n'était-ce qu'un exercice de style destiné à lisser l'image d'un "monstre dépourvu d'humanité" ?

L'accusation a requis contre lui la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, la plus lourde peine du code pénal qui rend infime la possibilité d'une libération.

Une "peine de mort sociale", "terrible" pour sa défense.

"Je veux être oublié à jamais", a souhaité Salah Abdeslam en avril. "Je n'ai pas choisi d'être celui que je suis aujourd'hui".

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