Les produits traditionnels de la gastronomie européenne menacés par le réchauffement climatique

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Par Julie Van Ossel
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Des olives Kalamata grecs aux fromages français en passant par le jambon ibérique, les produits labellisés AOP ou IGP, trésors de la gastronomie européenne sont directement impactés par le changement climatique.

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Olives Kalamata, jambon ibérique, parmesan, citron d'Algarve ou Gouda... Ces produits traditionnels représentent l’excellence de la gastronomie européenne. 

Un patrimoine culinaire, protégé par des labels européens AOP (Appellation d'Origine Protégée) ou IGP (Indication Géographique Protégée), gages de leur qualité. Il y en a plus de 3500 partout en Europe. Et leur production a, cette année, été mise à rude épreuve par la canicule, rendant plus difficile le respect des exigences des labels.

En France, l'INAO (Institut National de l'Origine et de la Qualité) a enregistré 86 demandes de dérogations "40% de plus qu'une année normale" selon Carole Ly, directrice par intérim. Parmi les produits concernés : le piment d'Espelette, l'agneau de Sisteron et 28 fromages, sur la soixantaine de fromages labellisés en France.

"28 cette année, historiquement on n'a jamais connu ça, on avait l’habitude d’avoir des demandes de modification temporaire du cahier des charges surtout dans le sud de la France, et là aujourd'hui on s’aperçoit qu’il y a plus d’AOP et notamment plus haut en France, plus au nord de la France", fait savoir Hubert Dubien, président du CNAOL (Conseil National des Appellations d'Origine Laitière). 

Parmi ceux-ci : la fourme de Montbrison, spécialité des Monts du Forez, en Auvergne, vient d'obtenir une dérogation. Pour respecter le cahier des charges AOP, les vaches doivent habituellement pâturer au moins 150 jours par an et leur alimentation provenir à 100% de ce territoire. Des critères difficile à respecter en raison de la sécheresse qui a brûlé les prairies cet été, comme nous l'explique Véronique Murat,  éleveuse et productrice du fromage "Fourme de Montbrison".

"En temps normal, chez nous, pendant minimum 4 mois à temps plein, les vaches restent dehors et mangent l’herbe qui est dehors, mais là effectivement cette année, les prés étaient avec de l’herbe très rase et plutôt jaune, du coup les vaches n’avaient rien à manger", explique Véronique Murat.

Grâce à la modification temporaire du cahier des charges, la productrice a pu acheter du fourrage hors zone AOP, et pourra fournir cet hiver à ses vaches les 17 kilos de nourriture quotidienne dont elles ont besoin. 

"Sans la dérogation, nous aurions dû vendre des vaches, car nous n'avons pas pu produire suffisamment de fourrage cette année, à cause du manque d'herbe. Ca nous a sauvé !" explique l'éleveuse.

Ces modifications de critères, peuvent-elles altérer la qualité et le goût du produit ? Nous avons posé la question à l'INAO, en charge de l'attribution des labels et des dérogations. 

"L'alimentation est un critère très regardé car ça impacte la typicité du produit. Quand vous êtes sur un sol particulier, vous avez une végétation particulière qui va donner un certain goût au lait et donc au fromage. C'est pourquoi, on est très vigilants pour que les modifications n'impactent qu'à la marge. Un Saint-Nectaire va rester un Saint-Nectaire, un Comté va rester un Comté, le consommateur lui n’y verra pratiquement que du feu", explique la directrice par intérim de l'INAO, Carole Ly.

"Parmesan, Jambon Bellota, olives Kalamata... Partout en Europe on s'attend à une baisse de la production"

La France est l’un des Etats européens qui comptent le plus de produits labellisés juste derrière L’Italie. Dans ce pays, dans la vallée du Pô, à cause du niveau historiquement bas du fleuve qui irrigue les champs, on s'attend à une baisse de la production de parmesan. 

En Espagne, les porcs à l’origine du jambon ibérique "Bellota", doivent selon le cahier des charges du label, manger de l'herbe et des glands. Mais à cause de la vague de chaleur, les chênes n'ont pas produit assez de glands et les porcs ont manqué de nourriture avec pour conséquence, notamment, une augmentation des prix.

La Grèce connait, elle, en raison de la sécheresse et des incendies, son plus faible rendement d’olives depuis 3 ans.

Partout en Europe, la canicule a mis en difficulté les producteurs, soucieux de respecter les critères de qualité des labels. Et face au réchauffement climatique, plus que jamais, ils vont devoir continuer de s’adapter. 

En effet selon un rapport récemment publié par un réseau de scientifiques internationaux, le World Weather Attribution, une sécheresse comme celle de cette année, la pire en Europe depuis près de 500 ans, a désormais une chance de se produire tous les vingt ans.

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