Présidentielle russe : "Les conditions d’une élection libre pas réunies", estime Paris

 Poutine largement réélu : Bruxelles dénonce "la répression", Moscou salue un résultat "exceptionnel".
Poutine largement réélu : Bruxelles dénonce "la répression", Moscou salue un résultat "exceptionnel". Tous droits réservés Alexander Zemlianichenko/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
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Par Euronews avec agences
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Au terme d'une campagne calibrée pour lui assurer une victoire sans partage, Vladimir Poutine a été réélu dimanche pour un troisième mandat consécutif à la présidence de la Fédération de Russie.

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Le Kremlin s’est félicité lundi de la réélection de Vladimir Poutine avec plus de 87% des suffrages."C’est un résultat tout à fait exceptionnel pour le président en exercice Vladimir Poutine (...) et c’est une confirmation éloquente du soutien de la population de notre pays à son président", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Répondant à une question d’une journaliste, Dmitri Peskov a estimé que Ioulia Navalnaïa, qui a repris le flambeau de son défunt mari, l’opposant russe Alexeï Navalny, avait perdu ses "racines" et "le pouls" des Russes. Elle "fait toujours plus partie de ces gens qui perdent leurs racines, perdent leur lien avec la patrie, perdent leur compréhension de leur patrie, ne sentent plus le pouls de leur pays", a-t-il déclaré.

Des félicitations et des critiques

La victoire de Vladimir Poutine a été notamment dénoncée par l'opposition en exil. L'équipe de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison, a dénoncé dimanche le score obtenu par Vladimir Poutine qui "pas de lien avec la réalité" a écrit sur X Léonid Volkov, ex-bras droit en exil du défunt Alexeï Navalny, quelques minutes après l'annonce du dépouillement des suffrages d'un quart des bureaux de vote.

"Bien entendu, les pourcentages exprimés pour Poutine n’ont pas le moindre rapport avec la réalité. Cela ne sert à rien d’en discuter."

Alors que l’opposition avait appelé à des rassemblements devant les bureaux de vote en mémoire d’Alexeï Navalny, l’opposant Sergei Guriev, proche d’Alexeï Navalny, s’est félicité :"Je n’ai jamais vu de si longues files d’attente. Pas uniquement à Paris mais dans le monde entier. Nous savons que ces élections sont une escroquerie (…) Poutine est un usurpateur", appelant la communauté internationale à ne pas reconnaître les résultats de ces élections.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et les Présidents du Honduras, du Nicaragua et du Venezuela ont rapidement félicité Vladimir Poutine pour sa victoire, tout comme les dirigeants des pays ex-soviétiques d'Asie centrale du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan, tandis que l'Occident a qualifié le vote de simulacre.

"La Chine exprime ses félicitations", a aussi déclaré lundi à la presse Lin Jian, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, ajoutant : "nous sommes convaincus que, sous la direction stratégique du président Xi Jinping et du président Poutine, les relations entre la Chine et la Russie continueront à progresser".

A l'étranger également, le Ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a critiqué sur X, "la tenue illégale d'élections sur le territoire ukrainien" mais aussi "le manque de choix pour les électeurs et à l'absence de surveillance indépendante de l'OSCE. Ce n’est pas à cela que ressemblent des élections libres et équitables".

La Pologne a estimé dimanche que l’élection présidentielle russe n’était "pas légale, libre et équitable", dans un communiqué du Ministère des affaires étrangères. Varsovie ajoute que le scrutin s’est déroulé "dans un contexte de répressions sévères" et dans les territoires occupés de l’Ukraine, en violation du droit international.

Le Ministère tchèque des affaires étrangères a souligné la répression systématique de la société civile russe, des médias indépendants et de toute velléité d’opposition, tout en rappelant que les élections se sont déroulées en pleine guerre contre l’Ukraine. La diplomatie tchèque a également qualifié le vote dans les territoires ukrainiens occupés de "farce électorale illégitime" que Prague ne reconnaît pas.

"L'élection en Russie a été une élection sans choix", a estimé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avant une réunion avec ses homologues de l'UE à Bruxelles.

Le processus électoral, qui a conduit dimanche à la réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe, montre "l'action infâme de Poutine contre son propre peuple", a-t-elle ajouté. "Organiser de soi-disant élections dans certaines parties de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie est contraire au droit international", a aussi dénoncé la cheffe de la diplomatie allemande.

Le Président du Conseil européen, Charles Michel, a ainsi adressé des félicitations à M. Poutine à peine le scrutin ouvert, vendredi matin."Je tiens à féliciter Vladimir Poutine pour sa victoire écrasante aux élections", a ironisé Charles Michel sur X.

La réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe est basée sur "la répression et l’intidimation", a déclaré lundi à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

De son côté, la France a réagit et estime que les conditions d’un "scrutin libre, pluraliste et démocratique" n’étaient pas réunies. Paris "regrette" en outre que l’élection se soit déroulée "hors de toute observation internationale impartiale".

Dans ce contexte, le Quai d’Orsay salue "le courage des nombreux citoyens russes ayant manifesté pacifiquement leur opposition à cette atteinte à leurs droits politiques fondamentaux" et condamne "condamne" par ailleurs l’organisation par Moscou "de prétendues élections dans les territoires ukrainiens temporairement occupés par la Russie" en Crimée, dans la ville de Sébastopol ainsi que dans une partie des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson".

Poutine "ivre de pouvoir"

Poutine est "ivre de pouvoir" et veut "régner éternellement", fustige Zelensky. "Il est clair pour tout le monde que ce personnage, comme cela s'est produit si souvent dans l'histoire, est tout simplement ivre de pouvoir et fait tout ce qu'il peut pour régner éternellement", a déclaré le président ukrainien dans un message sur les réseaux sociaux, estimant que la présidentielle russe n'a "aucune légitimité".

Vladimir Poutine, au pouvoir depuis près d'un quart de siècle, a récolté plus de 87% des suffrages après dépouillement de plus de 99% des bureaux de vote, selon l'agence officielle russe Ria Novosti, citant la commission électorale. Il s'agit de son meilleur résultat, à l'issue d'un scrutin d'où l'opposition a été écartée.

Le maître du Kremlin, âgé de 71 ans, pourra se représenter après ce nouveau mandat de six ans, pour se maintenir potentiellement au pouvoir jusqu'en 2036.

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Le dirigeant a assuré lundi que son pays ne se laisserait pas "intimider" ni "écraser", après deux ans de conflit en Ukraine et de crise avec les Occidentaux."Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, notre volonté ou notre conscience. Personne n'a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l'histoire. Cela n'a pas fonctionné aujourd'hui et ne fonctionnera pas à l'avenir", a assuré M. Poutine lors d'un discours télévisé.

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