L'UE veut accélérer le rapprochement économique des Balkans occidentaux

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Vjosa Osmani, présidente du Kosovo, à Pristina, 30 octobre 2023
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Vjosa Osmani, présidente du Kosovo, à Pristina, 30 octobre 2023 Tous droits réservés Christophe Licoppe/ EU/Christophe Licoppe
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Par Mared Gwyn JonesSergio Cantone
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Cet article a été initialement publié en anglais

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est engagée lundi à rapprocher les économies des Balkans occidentaux et de l'UE, lors de la première journée d'un déplacement de quatre jours dans la région.

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S'exprimant dans les capitales de la Macédoine du Nord et du Kosovo, Ursula von der Leyen s'est engagée à doubler l'économie des deux pays au cours de la prochaine décennie, dans le cadre du plan de croissance de 6 milliards d'euros de l'UE pour les Balkans occidentaux.

Toutefois, la voie de l'adhésion à l'UE ne pourra s'ouvrir que si des réformes politiques sont mises en œuvre dans les deux pays, prévient la présidente de la Commission européenne.

À Pristina, elle a déclaré que le succès dépendait de la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo. Or le processus est menacé depuis qu'un policier kosovar a été tué fin septembre par des troupes paramilitaires armées entraînées dans des bases militaires serbes.

Le plan de croissance de l'UE permettra aux entreprises des Balkans occidentaux d'accéder au marché unique européen dans sept secteurs en échange de réformes clés, notamment la garantie d'une administration et de finances publiques saines, l'indépendance du système judiciaire et la lutte contre la corruption. La Commission publiera le 8 novembre une évaluation des progrès accomplis par les pays dans la mise en œuvre des réformes.

L'UE injectera également des fonds dans des investissements stratégiques afin d'encourager ces réformes et de rapprocher les économies des deux ensembles. La région des Balkans occidentaux pourrait ainsi voir son PIB augmenter de 10 %, estime Ursula von der Leyen.

"L'économie du Kosovo se situe à 27 % du revenu moyen de l'UE, ce qui représente un potentiel inexploité considérable", a précisé lundi la présidente de la Commission lors d'une conférence de presse conjointe avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani.

"Nous devrions essayer de doubler votre économie en l'espace d'une décennie", a-t-elle ajouté, faisant la même promesse un peu plus tôt à Skopje au Premier ministre de Macédoine du Nord, Dimitar Kovačevski. L'économie nord-macédonienne représente 42 % du revenu moyen dans l'UE.

Toutefois, à chacune de ses visites, Ursula von der Leyen a souligné que des réformes politiques seront nécessaires pour que l'argent soit déboursé dans le cadre du plan de croissance et pour que le processus d'adhésion à l'UE progresse.

Le succès dépend des réformes

Au Kosovo, la responsable allemande a averti que les relations entre Belgrade et Pristina devaient être normalisées avant tout.

"Nous avons tous notre histoire", explique la présidente de la Commission, "l'histoire de l'élargissement est celle des pays qui sont sortis de la Seconde Guerre mondiale. C'est une histoire de paix, de réconciliation et de normalisation des relations, et c'est donc une condition préalable à l'adhésion à l'Union européenne".

"Nous savons tous que ces progrès et ces succès ne seront possibles que si le Kosovo et la Serbie normalisent leurs relations. Il est absolument crucial que les deux parties s'engagent et coopèrent", a-t-elle ajouté. "Nous avons discuté ensemble de la possibilité pour le Kosovo de lancer la procédure de création de l'association des municipalités à majorité serbe".

Les dirigeants de l'UE, dont le président français, le chancelier allemand et la Première ministre italienne, n'ont pas réussi à trouver un accord lors des discussions la semaine dernière sur les tensions croissantes entre Belgrade et Pristina.

L'UE souhaite que le Kosovo établisse une association de municipalités à majorité serbe dans le nord du pays et que la Serbie "reconnaisse de facto" le Kosovo, qu'elle continue de considérer comme sa province bien qu'il ait déclaré son indépendance en 2008.

Ursula von der Leyen rencontrera mardi à Belgrade le président serbe Aleksandar Vučić.

Pour sa part, Skopje a déjà pris des mesures pour modifier sa constitution afin de reconnaître la minorité bulgare vivant sur son territoire et de revoir annuellement ses relations avec Sofia, dans le cadre d'un accord négocié par la France visant à lever le veto de la Bulgarie sur l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE.

Mais ces changements sont bloqués par le principal parti d'opposition conservateur.

"Les premières mesures ont été prises par votre parlement, et c'est une bonne nouvelle", se félicite Ursula von der Leyen à propos de la réforme constitutionnelle de la Macédoine du Nord, "J'espère maintenant que tous les partis saisiront cette occasion d'aller de l'avant. Car il existe aujourd'hui une véritable dynamique, dans toute l'Union européenne et dans les pays qui veulent la rejoindre, en faveur du processus d'élargissement".

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