L'UE doit être prête à accueillir de nouveaux membres d'ici 2030, selon Charles Michel

Le président du Conseil européen Charles Michel
Le président du Conseil européen Charles Michel Tous droits réservés Geert Vanden Wijngaert/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Geert Vanden Wijngaert/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
Par Mared Gwyn Jones
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

L'Union européenne doit être prête à s'élargir d'ici 2030 si elle veut rester "crédible", a déclaré lundi le président du Conseil européen, Charles Michel, lors du Forum stratégique de Bled, en Slovénie.

PUBLICITÉ

"Alors que nous préparons le prochain agenda stratégique de l'UE, nous devons nous fixer un objectif clair. Je pense que nous devons être prêts - de part et d'autre - à nous élargir d'ici 2030", a insisté lundi Charles Michel, président du Conseil européen, devant, entre autres, les dirigeants venus d'Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de Moldavie, du Monténégro et de la Macédoine du Nord, tous candidats officiels à l'adhésion à l'UE.

"C'est ambitieux, mais nécessaire. Elle montre que nous sommes sérieux", a ajouté le responsable belge.

L'impact géopolitique de la guerre menée par la Russie en Ukraine contraint l'UE à relancer sa politique d'élargissement en sommeil. Les pays à l'Est du continent et des Balkans occidentaux se tournent vers Bruxelles pour une intégration plus étroite avec le projet européen et avec le monde occidental.

Trois pays - l'Ukraine, la Moldavie et la Bosnie-Herzégovine - ont obtenu le statut de candidat depuis le début de l'invasion, en février 2022, tandis que l'engagement avec les cinq autres pays s'est intensifié. La voie de l'adhésion de l'Ukraine est considérée comme la candidature la plus emblématique pour garantir une Union européenne géopolitique, mais c'est aussi la plus délicate sur le plan politique.

L'UE doit se préparer

Le désir renouvelé d'élargissement soulève des questions sur la capacité de l'UE à intégrer de nouveaux membres. La question sera probablement à l'ordre du jour au début du mois d'octobre lors d'une réunion des 27 chefs d'État de l'UE à Grenade, en Espagne. Cette rencontre interviendra au lendemain d'une réunion de la Communauté politique européenne à laquelle participeront les dirigeants des pays candidats.

L'élargissement pourrait nécessiter d'importantes réformes du budget de l'UE. Sept des huit pays candidats ont un PIB par habitant inférieur à celui de la Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'UE, ce qui signifie que la répartition des fonds pourrait laisser certains États membres actuels avec une plus petite part du gâteau commun.

Toutefois, Charles Michel laisse entendre qu'une "fenêtre d'opportunité" s'ouvrait pour que l'UE parvienne à un accord sur le processus d'élargissement.

"Le prochain budget à long terme de l'UE devra inclure nos objectifs communs. C'est ambitieux mais nécessaire", explique le président du Conseil européen, car "cela donnera un élan transformateur aux réformes et suscitera des intérêts, des investissements et une meilleure compréhension".

Lors de la conférence, le Premier ministre slovène Robert Golob a estimé que les préparatifs de l'UE en vue de l'adhésion "doivent avoir lieu dans les 12 prochains mois, sinon ils n'auront pas lieu avant très longtemps".

European Union
Rencontre des dirigeants des Balkans occidentaux avec le président du Conseil européen et le Premier ministre slovèneEuropean Union

Des modifications des traités de l'UE pourraient également s'avérer nécessaires pour garantir une prise de décision rapide et efficace au sein d'une Union élargie.

Le modèle actuel de vote à la majorité qualifiée, selon lequel les décisions sont adoptées avec le soutien de 15 États membres représentant au moins 65 % de la population de l'UE, devrait être adapté.

"Plus de membres, signifie plus de diversité. Nous devrons adapter notre cadre institutionnel et nos procédures, afin que l'UE élargie soit en mesure de prendre des décisions efficaces et opportunes", juge Charles Michel.

Une Union plus grande augmente également la probabilité d'un veto sur les décisions qui requièrent l'unanimité des États membres, comme celles en matière de politique étrangère et de sécurité. Toutefois, signe qu'il pense qu'une UE élargie pourrait parvenir à un consensus sur des décisions politiques sensibles, Charles Michel prévient que "supprimer l'unanimité reviendrait à jeter le bébé avec l'eau du bain".

Renforcer le soutien de l'UE

Certains pays ont exprimé leur frustration face à la lenteur du processus d'adhésion, qui a duré en moyenne neuf ans pour les 21 États membres qui se sont engagés dans ce processus.

Le président du Conseil européen assure l'UE souhaite apporter son soutien en proposant une intégration progressive et graduelle dans des domaines tels que l’énergie, le marché unique, la sécurité et la défense, afin que les pays candidats en ressentent les avantages avant même l'adhésion formelle.

Les futurs États membres pourraient ainsi contribuer à l'élaboration de la politique de l'Union avant de devenir membres.

Charles Michel estime que le paquet "élargissement" de la Commission européenne, qui doit être présenté en octobre et qui évalue les progrès réalisés par les pays candidats, est l'occasion d'exposer les détails concrets d'une intégration progressive.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

"Le départ de Charles Michel va créer également une sorte de vide de pouvoir"

La candidature de Charles Michel aux élections européennes déclenche une course pour empêcher Viktor Orbán de prendre les rênes du Conseil européen

Adhésion à l'Union européenne : l'amertume des Balkans occidentaux