Dans la dernière édition de son rapport annuel “Global Outlook - Prospects for Children” publié cette semaine, l'UNICEF met en lumière les défis exceptionnels auxquels nous serons confrontés en 2025, en dressant un tableau sombre de la façon dont les échecs systémiques, tels que la fragmentation multilatérale et le manque d'investissements durables, impactent de façon disproportionnée les enfants du monde entier.
Mais 2025 est aussi synonyme d'opportunités. Il est possible d'emprunter une voie axée sur la jeunesse dans les secteurs publics et privés, en reconnaissant que la construction d'un avenir plus radieux pour l'humanité n'est possible que si nous investissons dans les jeunes générations.
Le rapport “Global Outlook - Prospects for Children” donne un éclairage aux dirigeants et décideurs dans le monde entier sur la manière dont ils peuvent contribuer à un changement systémique: à travers la collaboration mondiale, l'innovation technologique, le développement durable et la réforme du secteur financier.
Collaboration mondiale : combler le fossé entre les nations
En 2024, l'évolution du paysage géopolitique a compliqué les efforts de coopération mondiale, entraînant une remise en cause de l'État de droit et une érosion de la confiance dans le système multilatéral. Moins d'unité et plus de protectionnisme entre les gouvernements ont conduit à un échec sur des questions clés pour les enfants. Cependant, de nouvelles voies se dessinent.
De nouvelles coalitions se forment pour faire face aux conflits mondiaux, le concept de « minilatéralisme » gagnant du terrain. Alors que le Conseil de sécurité des Nations unies était dans l'impasse en 2024, un nouveau système « minilatéral » a vu des groupes d'États plus petits et plus flexibles travailler ensemble, contribuant à restaurer les normes internationales et à faire respecter la responsabilité entre les nations.
Les organisations non gouvernementales (ONG) et les entités du secteur privé apparaissent également comme des forces influentes qui s'attaquent à certains des plus grands défis mondiaux. Le rapport “Global Outlook - Prospects for Children” souligne qu'au sein des Nations unies, « le nombre d'ONG dotées du statut consultatif auprès de l'ECOSOC depuis 2000 a plus que triplé ; elles sont aujourd’hui plus de 6 000 , et leur nombre devrait continuer à augmenter ».
Pour l'année à venir, l'UNICEF appelle à un alignement plus fort entre les priorités mondiales et nationales. Il s'agirait de renforcer la collaboration entre les nations mais aussi entre le secteur public et le secteur privé, de promouvoir la résilience par le développement d'approches innovantes, le partage des connaissances et le transfert de politiques.
L'implication des jeunes dans les processus de prise de décision, leur permettant d’établir une meilleure gouvernance, de demander des comptes et d'obtenir le soutien du public, est également une opportunité clé. Alors que les enfants et les jeunes sont déjà activement impliqués dans la justice et la transformation sociales, si les parties prenantes gouvernementales reconnaissaient les voix des jeunes comme des acteurs politiques légitimes, les États pourraient mieux anticiper et relever les défis futurs et développer des solutions pour protéger les enfants et leur donner les moyens d'agir.
Au niveau international, une approche de la gouvernance centrée sur l'enfant sert un objectif unificateur, permettant aux nations du monde de collaborer à une vision à long terme pour une croissance équitable, démontrant la solidarité économique, la collaboration sur le marché et l'investissement dans les compétences futures.
L'innovation technologique : un grand pouvoir, une grande responsabilité
L'innovation technologique représente une opportunité majeure dans la lutte pour l'amélioration des systèmes mondiaux. Les progrès de l'IA et de l'analyse des données révolutionnent la manière dont les gouvernements, les organisations et les communautés protègent et soutiennent leurs citoyens, en leur permettant de mieux anticiper les besoins sociétaux, de détecter les manquements et de répondre plus efficacement aux menaces émergentes.
Des soins de santé personnalisés à l'infrastructure publique numérique (IPN), les solutions numériques permettent d'acheminer plus efficacement les ressources vers ceux qui en ont besoin et resteront un domaine de croissance clé en 2025. À l'avenir, les préoccupations relatives à la sécurité des données, à la surveillance et à l'accès numérique devront être prises en compte afin que personne ne soit lésé ou laissé pour compte dans un monde de plus en plus axé sur la technologie.
Les enfants sont ceux qui profiteront le plus des avancées numériques, mais ils sont aussi ceux qui courent le plus de risques. L'exploitation, la surveillance, les atteintes à la vie privée et la discrimination sont autant de menaces pour le bien-être des jeunes, et la mise en place de cadres juridiques et réglementaires plus clairs en 2025 sera essentielle pour les protéger contre les préjudices.
L’UNICEF appelle à construire une société plus juste et plus inclusive pour demain, demandant pour cela que les institutions publiques et privées s'unissent pour prioriser le système de protection sociale dès aujourd'hui. Si le secteur privé jouera un rôle essentiel dans le développement des technologies numériques, une gouvernance solide et une coopération en matière de réglementation sont nécessaires pour garantir la mise en place de garde-fous adéquats et de mesures d'inclusion.
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L'innovation responsable au service de l'impact social
Les innovations technologiques et numériques jouent un rôle croissant dans la vie des enfants. L'UNICEF s'est associé à des chercheurs universitaires et à la Fondation LEGO pour créer des outils destinés aux entreprises et aux gouvernements qui leur permettront de placer le bien-être des enfants au cœur de la conception numérique.
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Financement de la lutte contre le changement climatique : des investissements équitables et axés sur les jeunes
L'impact de la crise climatique sur la santé, le développement et la sécurité des générations futures est de plus en plus évident. Les nations du monde commencent à reconnaître que l'action climatique n'est pas seulement une nécessité pour la santé environnementale, mais un pilier essentiel pour assurer un avenir stable et équitable à l'humanité.
En juin 2024, les parties à l'Accord de Paris ont ouvert un dialogue sur l'impact disproportionné du changement climatique sur les enfants. Les données des Nations unies révèlent que les enfants de moins de cinq ans supportent désormais 88 % de la charge de morbidité mondiale liée au changement climatique, tandis que les jeunes enfants, les filles, les personnes handicapées et les personnes marginalisées souffrent le plus de la hausse des températures et des conditions météorologiques extrêmes.
Cependant, à l'heure actuelle, seuls 2,4 % seulement du financement multilatéral du climat est qualifié de « sensible aux / à l’écoute des? besoins des enfants ». Pour que les sociétés mondiales puissent s'adapter avec succès au changement climatique, l'UNICEF souligne le besoin crucial de créer des mécanismes de financement adéquats et équitables afin d'améliorer la résilience climatique des services sociaux essentiels pour les enfants, tels que les systèmes de santé, d'éducation et de protection sociale.
Outre l'intégration des droits de l'enfant dans les plans nationaux avec un financement ciblé, le secteur privé a également une responsabilité claire. À l'échelle mondiale, il est nécessaire de trouver des solutions de financement plus équitables - telles que la restructuration de la dette et les obligations vertes - afin de tenir compte des disparités économiques entre les nations et de contribuer à atténuer la « pression verte » (ou concept de « green squeeze » en anglais).
Le Nouvel Objectif Collectif Quantifié sur le Financement du Climat (NCQG) convenu lors de la COP29 en 2024 est le signe d’un progrès , car il se donne comme but de traduire les engagements climatiques en actions concrètes et de rendre les flux financiers cohérents avec une voie vers de faibles émissions de gaz à effet de serre et un développement résilient au climat.
ESG des entreprises : renforcement de la réglementation et de la transparence
En 2021, le secteur privé était responsable de 84 % des émissions mondiales. Bien que les réglementations ESG aient augmenté de 155 % au cours de la dernière décennie, l'UNICEF prévoit que ce mouvement s'intensifiera en 2025, compte tenu du rôle essentiel du secteur privé dans la lutte contre le changement climatique.
Les principaux succès réglementaires de l'Union européenne en 2024 comprennent la directive sur le devoir de diligence en matière de développement durable des entreprises (CSDDD) et la directive sur le reporting en matière de développement durable des entreprises (CSRD). En 2025, les intérêts privés verront une tendance plus large vers des exigences plus strictes en matière de rapports sur le climat et de développement durable, motivée par les demandes du marché en matière de transparence et de responsabilité.
Malgré les progrès accomplis, les réglementations ESG peuvent présenter des défis importants pour les pays en développement, en particulier lorsqu'ils sont en concurrence avec des entreprises riches dans les pays développés, qui peuvent avoir des capacités de conformité et des cadres politiques plus solides.
Pour éviter que la marginalisation économique ne s'aggrave, l'UNICEF souligne à nouveau le besoin crucial d'un financement et d'un soutien équitables pour les nations vulnérables, en reconnaissant le fait qu'une coopération mondiale est nécessaire si l'humanité veut réussir à éviter la crise climatique.
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S'associer à l'UNICEF pour créer un impact positif
Grâce à ses partenariats avec les secteurs public et privé, l'UNICEF permet aux dirigeants d’avoir un impact significatif, en s'appuyant sur la collaboration et l'innovation au niveau mondial pour améliorer la santé, la nutrition, l'éducation et la protection des enfants et construire un avenir meilleur pour la prochaine génération.
Des initiatives telles que Giga ont permis à l'UNICEF et à des entreprises partenaires de connecter des écoles du monde entier à l'Internet, tandis que Generation Unlimited a pour mission d'améliorer les compétences des 1,8 milliard de jeunes du monde entier. Des initiatives influentes telles que Voices of Youthamplifient la voix des jeunes et aident les décideurs à mieux répondre à leurs préoccupations.
Grâce à la crédibilité et à la portée de l'UNICEF, les partenaires peuvent créer un changement durable et systémique en tenant compte de la nécessité de donner de à la prochaine génération les capacités et les moyens pour agir.
Devenez partenaire de l'UNICEF aujourd'hui.
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Restructurer les systèmes financiers : un appel à l'équité
Les défis liés au financement de notre avenir mondial vont au-delà de l'action climatique. En 2025, la dette mondiale et la faible croissance continueront d'entraver les efforts d'investissement dans les générations futures.
Pour les pays en développement en particulier, le sous-financement systématique de services essentiels tels que l'éducation, les soins de santé et la protection sociale compromet les perspectives économiques à long terme et « érode le capital humain, entraînant une "génération perdue" qui est moins qualifiée, en moins bonne santé et, en fin de compte, moins productive », selon l'UNICEF.
Le service de la dette et les réductions de l'aide publique au développement (APD) aggravent encore le problème pour les pays en développement. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, chaque réduction de 1 % de l'aide alimentaire fait basculer 400 000 personnes dans une situation d'urgence alimentaire.
En outre, 14 % des recettes publiques sont consacrées au seul remboursement de la dette. Selon l'UNICEF, parmi les 34 pays de l'Union africaine pour lesquels des données sont disponibles, 44 % consacrent aujourd'hui plus d'argent au service de la dette qu'à l'éducation, ce qui compromet le développement d'une future main-d'œuvre qualifiée et perpétue le cycle de la pauvreté intergénérationnelle.
Pour l'UNICEF, le fardeau de la dette est une violation des droits de l'enfant. Et pour que les choses changent, il faut que le système multilatéral adopte un nouvel état d'esprit, qui considère que les investissements axés sur les jeunes sont essentiels à la mise en place de systèmes financiers durables.
L'UNICEF cite la Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Séville en juin 2025 comme une occasion cruciale de restructurer les systèmes financiers mondiaux et de donner la priorité au développement durable. Des solutions financières innovantes seront discutées lors de la conférence, telles que la « remise à zéro de la dette des enfants », qui vise à réformer la dette et à libérer des ressources pour des services vitaux afin d'alléger la pression sur les économies les plus vulnérables.
En 2025, la mobilisation des 'investissements privés est également prometteuse. Des fonds tels que la Facilité internationale de financement pour la vaccination et le Fonds pour la nutrition de l'enfant récemment créé pourraient mobiliser 48 milliards d'euros de garanties de donateurs pour investir dans la santé des jeunes du monde entier.
Renverser le cours des choses : une responsabilité collective
Si les défis pour les générations futures sont immenses, en 2025, l'optimisme est de mise. Les solutions financières et les outils technologiques innovants peuvent être utilisés à bon escient, en contribuant à remodeler les systèmes mondiaux pour mieux relever les défis modernes qui menacent les générations futures.
Mais en réalité, aucun pays ni aucune institution ne peut relever seul ces défis. Pour que des progrès durables soient réalisés, l'UNICEF reconnaît qu'un effort mondial coordonné est essentiel. Au-delà du changement de politique, la transformation nécessitera la reconnaissance du fait qu'investir dans les enfants n'est pas un acte de charité, mais un investissement dans l'avenir de l'humanité.
Le Pacte pour l'avenir des Nations unies montre déjà la voie, en alignant 193 nations du monde sur une mission commune visant à protéger les droits des jeunes, à investir dans leur avenir et à mettre en place des systèmes résilients capables de relever les défis à venir.
Si la communauté mondiale saisit ce moment et aligne ses efforts, elle peut commencer à inverser la tendance pour la prochaine génération, en veillant à ce que tous les individus, où qu'ils se trouvent, puissent rêver d'un avenir plus radieux et plus sûr.
En savoir plus sur les partenariats: Entreprises Partenaires de UNICEF
Lire l'intégralité du rapport en anglais: Global Outlook – Prospects for Children report