Incidents aux frontières : la Bulgarie est-elle prête à rejoindre l'espace Schengen ?

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Par Hans von der Brelie
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Alors que des incidents mortels ont eu lieu à la frontière bulgaro-turque, notre reporter Hans von der Brelie enquête auprès des migrants, ONG et autorités compétentes en Bulgarie, pays qui pourrait rejoindre l'espace Schengen d'ici à la fin de l'année.

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La Bulgarie sera-t-elle acceptée comme membre de l'espace Schengen d'ici à la fin de cette année ? Ses autorités font des efforts pour être en mesure de rejoindre la zone de libre circulation européenne et, depuis des années déjà, le Parlement européen et la Commission européenne affirment que ce pays, déjà membre de l'OTAN et de l'UE, est prêt. Mais jusqu'à présent, les Pays-Bas et l'Autriche ont bloqué son adhésion, évoquant le nombre élevé de migrants entrant dans l'UE par ce que l'on appelle la "route des Balkans" via la Turquie et la Bulgarie. Ainsi, l'an dernier, une recrudescence de l'immigration clandestine a été enregistrée sur le territoire bulgare, malgré la présence d'une clôture en barbelés de 234 kilomètres le long de la frontière turque.

Des moyens adaptés ?

Comme notre reporter Hans von der Brelie a pu le constater à Kapitan Andreevo, le plus grand poste de contrôle d'Europe, la police des frontières bulgare met en avant ses résultats. Son ministre de l'Intérieur indique qu'elle a déjoué 164 000 tentatives de franchissement irrégulier de sa frontière avec la Turquie l'an dernier, contre 55 000 en 2021.

L'inspecteur général Nikolai Roussef nous décrit quelques-uns de ses moyens d'action. "Pour empêcher l'immigration illégale, nous contrôlons tous les camions qui arrivent," explique-t-il. "Pour ces contrôles, nous utilisons des analyseurs d'air spéciaux pour déterminer la concentration en CO2, nous introduisons ces appareils dans les remorques," nous montre-t-il. "Nous avons même un appareil pour détecter les battements du cœur," ajoute-t-il. Déceler la présence de migrants illégaux dans les poids lourds est une préoccupation constante pour les policiers alors qu'en février dernier, près de Sofia, 18 migrants ont été retrouvés morts, asphyxiés, dans un faux camion de transport de bois.

Certains passeurs n'hésitent pas non plus à s'en prendre aux gardes-frontières eux-mêmes. Ainsi, récemment, lors de contrôles routiers, certains chauffeurs transportant des migrants ont forcé le passage, tuant plusieurs agents de police.

Des allégations d'actes de violence de la part des gardes-frontières

Mais au-delà des interrogations sur la capacité des autorités bulgares à lutter contre l'immigration clandestine, ce sont les agissements des forces de l'ordre elles-mêmes qui suscitent le plus de controverses. Les ONG dénoncent des violences commises par les gardes-frontières bulgares contre les migrants.

Selon de nombreuses allégations, des policiers auraient battu des personnes qui tentaient de passer la frontière illégalement et les auraient refoulées vers la Turquie.

"Sur un an, plus de 600 personnes nous ont officiellement fait savoir qu'elles avaient été confrontées à des violences et à des refoulements à la frontière," indique Diana Dimova, fondatrice de l'organisation de défense des droits de l'homme Mission Wings. "Nous avons vu tellement de cicatrices, c'est la police des frontières bulgare qui avait battu ces individus," affirme-t-elle.

Le Comité Helsinki de Bulgarie, de son côté, a recensé 5 000 cas de refoulements illégaux l'an dernier, mais les chiffres réels pourraient être bien plus élevés.

Euronews a confronté Ivaylo Tonchev à ces allégations. Tonchev supervise la direction régionale de la police des frontières à Elhovo. "Il n'y a pas de violence à l'encontre des migrants," assure-t-il. "Les seuls cas où la force physique est utilisée le sont conformément à la législation de notre pays," dit-il avant d'ajouter : "Mais il y a des groupes de migrants agressifs qui jettent des pierres sur nous et nos véhicules depuis le territoire turc."

L'Union européenne aide déjà la Bulgarie à améliorer la gestion de ses frontières. Récemment, 200 millions d'euros lui ont été alloués à cette fin. Des sources bien informées estiment que le pays pourrait devenir membre de l'espace Schengen à la fin de cette année.

Journaliste • Hans von der Brelie

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