Quels sont les pays européens qui ont le plus investi dans les chemins de fer depuis 1995 ?

Plusieurs pays européens ont investi dans les routes et négligé le rail.
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Par Charlotte Elton
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Cet article a été initialement publié en anglais

Un nouveau rapport révèle comment les pays européens réduisent les dépenses dans les chemins de fer et augmentent les investissements dans la construction de routes.

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Le réseau ferroviaire européen s'est considérablement dégradé au cours des trois dernières décennies, selon une nouvelle étude, alors que les investissements dans les routes ont explosé.

La longueur des autoroutes en Europe a augmenté de 60 % entre 1995 et 2020, soit 30 000 km, selon une étude menée par les groupes de réflexion allemands Wuppertal Institute et T3 Transportation et commandée par Greenpeace.

Dans le même temps, les chemins de fer ont diminué de 6,5 %, soit 15 650 km, et plus de 2 500 gares ont été fermées.

"Ces chiffres révèlent à quel point les gouvernements privilégient la voiture au détriment du rail", avertit Lorelei Limousin, responsable de la campagne climatique de Greenpeace pour l'Union européenne.

"Des millions de personnes vivant en dehors des villes n'ont pas d'autre choix que de posséder une voiture pour se rendre au travail, emmener les enfants à l'école ou accéder aux services de base, car elles vivent dans des zones où les transports publics sont rares ou inexistants", affirme-t-elle. 

"C'est le résultat direct du démantèlement par les gouvernements des réseaux ferroviaires locaux et régionaux, alors qu'ils investissent dans les routes", ajoute Lorelei Limousin.

Toutefois, il y a un petit côté positif à cette recherche qui donne à réfléchir : l'écart de financement se rétrécit.

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L'Allemagne a globalement réduit son infrastructure ferroviaire au cours des trois dernières décennies, même si elle possède toujours le réseau le plus étendu d'Europecanva

Entre 1995 et 2018, les pays européens ont dépensé 66 % de plus pour les routes que pour les chemins de fer. Au cours de la période 2018-2021, les pays européens ont consacré 34 % de plus à l'extension des routes qu'à celle des chemins de fer.

"Néanmoins, la disparité reste choquante", commente Lorelei Limousin.

"Les gouvernements et l'UE doivent freiner le démantèlement de nos lignes ferroviaires, rouvrir les voies désaffectées et investir dans le rail - et arrêter les subventions massives pour les routes qui détruisent le climat, polluent l'air et rendent la vie des gens misérable", explique-t-elle.

Quels sont les pays européens qui ont investi dans les transports publics ?

Le train est l'un des moyens de transport les plus écologiques. Les voitures, les camionnettes et les camions sont responsables de 72 % des émissions liées aux transports en Europe, alors que le rail n'en représente que 0,4 %.

Pourtant, les gouvernements continuent d'investir dans des infrastructures automobiles polluantes.

Les pays de l'UE, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni ont dépensé environ 1 500 milliards d'euros pour les infrastructures routières et seulement 930 milliards d'euros pour le rail au cours de la période 1995-2020.

Dix pays font état d'une augmentation nette de la longueur de leur réseau ferroviaire depuis 1995. Il s'agit de la Belgique, de la Croatie, de l'Estonie, de la Finlande, de l'Irlande, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Slovénie, de l'Espagne et de la Suisse.

La plupart des fermetures de voies ferrées ont eu lieu en Allemagne (réduction de 6 706 km), en Pologne (réduction de 4 660 km) et en France (réduction de 4 125 km). Malgré cela, ces trois pays représentent toujours la plus grande longueur totale de réseau, suivis par le Royaume-Uni et l'Espagne.

Entre 2018 et 2021, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l'Italie, le Luxembourg et le Royaume-Uni ont investi davantage dans le rail que dans la route. Les autres pays ont dépensé plus pour les routes que pour le rail. En Roumanie, l'écart de financement était particulièrement marqué, le gouvernement ayant dépensé 12 fois plus pour les routes que pour le rail.

Les autoroutes ont connu la plus forte croissance en Irlande, en Roumanie et en Pologne, et la plus faible en Lituanie, en Lettonie et en Belgique. Dans 15 des 30 pays analysés, la longueur des autoroutes a plus que doublé, notamment en Espagne, en Norvège et en Grèce.

Selon les chercheurs, que faudrait-il faire pour améliorer le réseau ferroviaire européen ?

Plusieurs pays européens ont mis en place des tarifs avantageux pour les transports publics afin de réduire les émissions. En Allemagne, plus de trois millions de personnes ont acheté le Deutschlandticket, dont le prix est de 49 euros par mois.

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Mais les tarifs bon marché ne suffisent pas. Greenpeace a exhorté les décideurs politiques à investir dans les chemins de fer, les transports publics et les pistes cyclables, et à les détourner des autoroutes et des aéroports.

Les chercheurs estiment que plus de 13 500 km de lignes ferroviaires fermées pourraient être rouvertes "relativement facilement".

"Les nations européennes se sont engagées à réduire la pauvreté en matière d'énergie et de transport. Elles se sont engagées à respecter l'Accord de Paris", insistent les auteurs du rapport.

"Par conséquent, d'un point de vue social et environnemental, les priorités de financement des infrastructures de transport doivent évoluer en conséquence".

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