Naufrage du yatch Bayesian en Sicile : le point sur ce drame, cinq corps retrouvés

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Lundi, à l'aube, le voilier Bayesian a coulé au large de Porticello, une petite ville de la côte de Palerme, au milieu d'une tempête soudaine. Il y avait 22 personnes à bord, dix membres d'équipage et douze passagers : quinze ont été sauvés - neuf d'entre eux font partie du personnel, une personne est toujours portée disparue. Cinq corps ont été retrouvés ce mercredi après-midi.

Alors que les équipes de plongeurs poursuivent leurs laborieuses recherches sur l'épave gisant sur le côté droit à 50 mètres de profondeur, les questions sur les causes du naufrage du voilier, seul bateau à avoir sombré cette nuit-là, se multiplient.

Comment un superyacht de 56 mètres avec un mât en aluminium de 75 mètres (le plus haut du monde), qui, selon les experts, avait tout pour résister aux vents, à la foudre et aux murs d'eau, a-t-il pu couler en quelques minutes ?

Peu d'informations, encore moins de certitudes. La seule preuve visuelle du naufrage du Bayasan provient d'une caméra de vidéosurveillance d'une villa du port de Porticello, qui montre le mât du voilier disparaissant dans l'obscurité de la tempête qui s'intensifie rapidement. Selon le propriétaire de la villa, le voilier a coulé "en soixante secondes".

Les survivants eux-mêmes, hébergés dans un hôtel non loin du port en attendant d'être entendus par le parquet de Termini Imerese, qui a ouvert une enquête pour naufrage responsable, parlent d'un laps de temps de trois à cinq minutes entre le moment où le bateau a été soulevé par les vagues et celui où il a coulé.

Mais ni la vidéo, en raison de la mauvaise qualité de l'image due à l'obscurité et au mauvais temps, ni le peu d'informations fournies par les survivants, en état de choc, ne permettent d'éclaircir ce qui s'est passé.

Les hypothèses sur les causes du naufrage

Commençons par les informations certaines : le mauvais temps qui s'est abattu sur la région dans la nuit de dimanche à lundi. Celui-ci était annoncé, mais on ne s'attendait pas à des vents aussi violents. Ce qui a frappé le voilier aurait pu être une trombe, un tourbillon qui se développe en mer - de plus en plus fréquent en Méditerranée en raison de l'augmentation de la température de l'eau - ou une rafale descendante, une très forte rafale de vent qui arrive à terre et se déplace ensuite horizontalement à une vitesse pouvant dépasser 100 kilomètres par heure.

Le 19 août au matin, des pêcheurs de Porticello ont déclaré avoir vu une trombe qui a duré une douzaine de minutes. Le plus grand danger d'être frappé par une trombe en naviguant est de casser le mât, l'un des éléments les plus exposés.

Mais les bateaux modernes sont normalement construits selon des normes de sécurité élevées et sont équipés de systèmes électroniques de navigation et de communication, ainsi que de dispositifs d'urgence. Ils ne coulent généralement pas par mauvais temps.

Le mât du Bayesian, capable de supporter trois mille mètres carrés de voiles, était conçu pour résister aux conditions météorologiques défavorables et avait été révisé il y a quatre ans.

Cependant, la première hypothèse qui a circulé est celle de la rupture du mât, sur la base de ce qui a été rapporté par le capitaine du navire qui a ramené les quinze passagers à bon port. Dans ce cas, la rupture du mât aurait causé des dommages à la coque et aurait déséquilibré le bateau, qui aurait basculé sur le côté avant de couler.

Une source informée de l'enquête a cependant déclaré au Corriere della Sera que les plongeurs qui sont descendus pour inspecter l'épave ont trouvé le mât en place, dans toute sa hauteur de 75 mètres. Et ce n'est pas tout : le bateau est intact, la coque ne présente aucune fuite, les écoutilles sont fermées, les fenêtres sont intactes.

Mais alors, qu'est-ce qui a provoqué le naufrage du Bayesian ?

Une hypothèse est que la vitesse et l'impression de l'eau étaient telles qu'elles n'ont pas laissé le temps au système d'urgence embarqué de "sceller" le navire lorsque l'eau a commencé à pénétrer. Une autre possibilité est qu'un gigantesque mur d'eau a soulevé le navire par l'arrière, faisant pointer rapidement la proue vers le fond marin.

Ou tout simplement, comme l'a suggéré le skipper d'un navire proche du Bayesian pendant la tempête, la combinaison des vents forts et de la grande surface exposée au vent du navire aurait déséquilibré le superyacht, lui faisant prendre l'eau.

L'hypothèse d'une erreur humaine est également avancée. Les skippers de voiliers dotés de mâts exceptionnellement hauts cherchent généralement à s'éloigner du danger lorsque des vents forts sont annoncés. Était-il prudent de jeter l'ancre dans la rade - la zone située juste à l'extérieur du port où les navires peuvent mouiller et rester à l'abri des vents et des courants - alors que l'alerte météorologique était donnée ?

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Et enfin. Selon Perini Navi, le chantier naval qui a produit le superyacht, le Bayesian était équipé d'une quille relevable, un système permettant de réduire sa profondeur - de près de 10 mètres - afin de faciliter son entrée dans les ports peu profonds. Si, pour une raison quelconque, la quille se trouvait en position relevée au lieu d'être complètement déployée, cela compromettait la stabilité du bateau en cas de vents violents.

Une série de coïncidences absurdes entourent le naufrage du Bayesian

L'histoire des passagers du Bayesian ajoute encore au mystère de ce tragique naufrage. Le superyacht appartient à Angela Bacares, l'épouse britannique de 57 ans du magnat britannique de la technologie Mike Lynch, qui a disparu avec sa fille Hannah, âgée de 18 ans, son avocat Chris Morvillo et le président international de Morgan Stanley Jonathan Bloomer, ainsi que leurs épouses respectives.

Il semble que les vacances en Sicile aient été l'occasion de célébrer le récent acquittement de Mike Lynch dans une affaire de fraude, que l'entrepreneur souhaitait fêter avec les personnes qui avaient été les plus proches de lui pendant l'épreuve judiciaire, qui a duré plus de dix ans.

Depuis 2012, en effet, 15 chefs d'accusation (un pour conspiration et 14 pour fraude) pesaient sur Lynch : l'entrepreneur milliardaire était accusé d'avoir gonflé la valeur d'Autonomy, sa société de développement, avant de la vendre pour 11,1 milliards de dollars au géant américain de l'informatique Hp. En juin dernier, le tribunal de San Francisco l'avait acquitté, ainsi que son ami et homme de confiance Stephen Chamberlain, à la barre en tant que vice-président financier d'Autonomy.

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Voici la coïncidence absurde qui fait déjà crier au complot les plus sceptiques : Chamberlain est mort 48 heures avant Lynch après avoir été renversé lors d'un jogging à Stretham, dans le comté de Cambridge. Admis en vie, il a succombé à ses blessures à l'hôpital.

Diverses hypothèses ont déjà commencé à circuler parmi les conspirationnistes, alimentées par les liens entre Lynch et les services de renseignement à l'autre bout du monde, notamment ceux d'Israël, par l'intermédiaire de ses sociétés de sécurité informatique. Les principaux courants sont doubles : il y a ceux qui pensent que les deux personnes ont été tuées, sans que l'on sache exactement par qui et pourquoi, et ceux qui se concentrent principalement sur le cas de Lynch, estimant que sa mort n'était qu'une mise en scène et qu'il a fui le lieu de l'accident à bord d'un sous-marin.

Une série de coïncidences si étonnantes qu'elles évoquent aussi bien la littérature que les théories du complot.

C'est une sorte de tragédie shakespearienne : quelqu'un a passé 12 ans de sa vie à défendre son nom et, alors qu'il vient d'être blanchi, il part en voyage pour fêter avec ceux qui l'ont aidé (à gagner le procès), mais le bateau est frappé par une catastrophe comme il n'en arrive qu'une fois par million". C'est ainsi qu'un ami de longue date de Lynch, l'entrepreneur Brent Hoberman, a commenté la tragédie.

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