Quand l'imam Khomeiny préparait près de Paris la révolution islamique en Iran

L'ayatollah Khomeiny le 5 février 1979 à Téhéran
L'ayatollah Khomeiny le 5 février 1979 à Téhéran Tous droits réservés GABRIEL DUVAL
Par AFP
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Il y a 40 ans, l'imam Rouhollah Khomeiny séjournait dans ce village près de Paris avant son retour triomphal à Téhéran: plusieurs centaines de fidèles chiites se sont rassemblés dimanche à Neauphle-le-Château où le père de la Révolution islamique passa ses 117 derniers jours d'exil.

Chaque premier dimanche de février, l'ambassade d'Iran organise une cérémonie dans cette bourgade cossue des Yvelines qui comptait à peine 2.000 âmes en 1979. Mais ce pèlerinage a pris une dimension particulière cette année où l'Iran célèbre le 40e anniversaire de sa révolution.

Venus de France, d'Allemagne, d'Italie ou des Pays-Bas, plusieurs centaines de sympathisants du pouvoir à Téhéran -300 à 400, selon les organisateurs- se sont recueillis dimanche dans le petit jardin en pente autrefois planté de pommiers où l'imam Khomeiny a prié et tenu audience, préparant méthodiquement le renversement du régime pro-occidental du chah Mohamed Reza Pahlavi.

C'est là qu'il a passé ses derniers mois d'exil, après être passé par la Turquie et l'Irak, avant de regagner l'Iran après presque 15 ans d'éloignement imposé par le chah.

- "Avant lui, j'étais perdu" -

"L'image de l'imam, assis sous un pommier, est toujours une image vivante pour nous", souligne Hamid Moradkhani, premier conseiller de l'ambassade.

Cette image, le photographe français Michel Setboun, présent à la cérémonie, a contribué à la populariser. Ce fin connaisseur de la Révolution islamique avait 26 ans lorsqu'il assiste à l'arrivée de Khomeiny à Neauphle: "C'était comme une apparition, sous son arbre, dans ce minuscule jardin. C'était Saint Louis! Il était serein, il avait la certitude qu'il allait gagner", relate-t-il.

En janvier 1979, un reporter de l'AFP présent à Neauphle décrit lui aussi l'effervescence qui règne dans le jardin où se réunissent "deux fois par jour" autour du religieux "quelques dizaines d'Iraniens venus de divers pays d'Europe".

"Le silence se fait tandis que tout le monde observe de l'autre côté de la route" l'entrée du pavillon où loge le septuagénaire, écrivait ce journaliste.

Dans une maison attenante, poursuivait-il, se trouve le "quartier général" où ses partisans enregistrent des milliers de cassettes contenant les "mots d'ordre" de l'ayatollah "qui seront diffusées en Iran via les téléphones".

Aujourd'hui, rien ne subsiste ou presque de l'époque. L'ancien QG a été pulvérisé par une explosion une nuit de février 1980. Le pommier sous lequel le religieux, décédé en 1989, aimait à s'asseoir est mort.

Un nouvel arbre chargé de fruits factices l'a remplacé, flanqué de l'image grandeur nature du "guide" assis en tailleur, auprès duquel les pèlerins d'un jour se font photographier.

Sous une tente blanche, où résonnent l'hymne iranien et des versets coraniques avant les discours de dignitaires, se pressent des expatriés iraniens mais aussi des croyants chiites de tous horizons.

Abi, 34 ans, musulmane d'origine mauritanienne, s'est convertie au chiisme en découvrant les écrits de Khomeiny. Pour cette Parisienne, Khomeiny reste "une grande figure spirituelle de l'islam".

Jafar, 63 ans, qui habite à quelques dizaines de kilomètres de là, est lui déjà venu "une dizaine de fois" à Neauphle. Il a vécu à plein les événements qui ont changé l'Iran. Et l'ont changé lui: "L'imam Khomeiny a comblé ma soif de connaître le sens de la vie. Avant lui, j'étais perdu, j'étais un zombie, j'étais mort".

"Son message est toujours actuel, vivant", abondent deux Kurdes de Turquie venus de Brême (Allemagne). "Entre la démocratie libérale et le communisme de l'époque, il a amené une troisième voie", assure Mohamed Ali, 40 ans.

Au dehors, des habitantes se souviennent elles aussi de cette période d'effervescence dans leur village.

"On pensait qu'il allait sauver l'Iran du capitalisme", se rappelle Ghislaine, 72 ans, qui se dit "de gauche" et "absolument pas religieuse". "On a vite déchanté après", poursuit-elle.

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Corinne, 69 ans, garde elle un bon souvenir de cette époque: "Ca s'est très bien passé, ils ne gênaient personne". Mais elle avoue avoir mésestimé l'importance du moment: "Les journalistes anglais installés près de chez nous disaient qu'on n'y comprenait rien. C'est vrai qu'on pensait n'avoir affaire qu'à un chef spirituel. On ne pensait vraiment pas qu'il allait renverser le chah."

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