Une enquête menée par le consortium de journalistiques Forbidden Stories a révélé de nombreux signes de violences sur le corps de la journaliste qui enquêtait en territoires ukrainiens occupés. Certains de ses organes ont été prélevés, une pratique qui pourrait viser à masquer la cause de sa mort.
Elle avait été capturée au cours de l'été 2023 près de la centrale nucléaire de Zaporijjia alors qu'elle y effectuait un reportage visant à décrire les régimes d'occupation mis en place par la Russie en Ukraine. Sa famille avait ensuite reçu, quelques mois plus tard, une lettre des autorités russes les informant de sa mort.
Alors que les circonstances du décès de la journaliste ukrainienne Viktoriia Roshchyna, 27 ans, n'ont jamais été communiquée par Moscou, le réseau de journalistes Forbidden Stories a publié mardi une grande enquête sur l'enlèvement et les conditions inhumaines de détention de la jeune femme.
Le cerveau, les yeux et une partie de la trachée manquants
C'est en février dernier que le corps de la jeune femme a été identifié parmi les 757 dépouilles d'Ukrainiens rendues à Kyiv.
Dans le dossier remis par l'administration russe ne figuraient que les mentions "homme non identifié" et "SPAS" - un acronyme désignant en russe une insuffisance cardiaque.
Un premier examen médico-légal a permis de déterminer qu'il s'agissait d'une femme, puis une enquête menée par le bureau du procureur général ukrainien a ensuite révélé une correspondance ADN de 99 % avec Viktoriia Roshchyna.
L'état du corps de la jeune femme n'a pas permis d'établir la cause exacte du décès, mais le chef du département de la guerre du bureau du procureur général, Yurii Bielousov a signalé de nombreux signes d'abus et de traitements cruels notamment des abrasions et des ecchymoses sur différentes parties, ainsi qu'une côte cassée.
Les experts ont également relevé des signes possibles d'utilisation de chocs électriques.
"Des blessures corporelles ont été infligées de son vivant, il est donc très probable qu'elle ait été exposée à la torture", a précisé Yurii Bielousov.
Une enquête complémentaire a révélé que le corps de Viktoriia Roshchyna présentait des traces d'une autopsie effectuée en Russie.
Il s'est également avéré que plusieurs organes manquaient, notamment le cerveau, les yeux et une partie de la trachée de Roshchyna, une pratique qui pourrait avoir eu pour but de dissimuler les causes de sa mort.
Selon les enquêteurs, un hématome a été découvert sur le cou de Viktoriia Roshchyna, ainsi qu'une fracture présumée de l'os hyoïde, signe habituel de strangulation.