Forum économique de Bruxelles 2023 : l'économie de l'UE passée au crible

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Par Bryan CarterFanny Gauret
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Le Forum économique de Bruxelles 2023 a été l'occasion pour les décideurs économiques et politiques de se pencher sur l'état de santé de l'économie de l'UE et sur les défis qu'elle doit relever. Transition numérique et verte, coût de la vie et énergie, des experts nous livrent leur point de vue.

Guerre, changement climatique, ressources limitées ou encore concurrence internationale, les défis auxquels l'Europe est confrontée sont multiples.

Pour autant, dans ses dernières prévisions économiques, la Commission européenne prévoit un ralentissement continu du taux d'inflation dans l'UE, de 9,2% en 2022 à 6,4% cette année et à 2,8% l'an prochain. Dans le même temps, après être passée de 3,5% en 2022 à 0,8% cette année, la croissance du PIB de l'Union devrait reprendre de la vigueur et atteindre 1,6% en 2024.

Des chiffres qui incitent à un optimisme prudent, selon le commissaire européen en charge de l'Économie Paolo Gentiloni qui répond à Euronews, lors du Forum économique de Bruxelles 2023. "Je dirais que la situation est encore incertaine, mais elle est meilleure que prévu," estime-t-il. "Il y a quelques mois, nous avions anticipé bien pire, avec des inquiétudes sur l'approvisionnement en énergie, voire des coupures d'électricité : nous étions aussi très préoccupés par la possibilité d'une récession et par les faillites," explique-t-il.

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Paolo Gentiloni, commissaire européen en charge de l'ÉconomieEuronews

Le Forum économique de Bruxelles a coïncidé avec la décision de la Banque centrale européenne de relever à nouveau ses taux d'intérêt directeurs, dans le but de freiner l'inflation. Paolo Gentiloni a déclaré qu'il ne s'inquiétait pas de son impact potentiel sur la croissance.

Mais une autre évolution récente pourrait être un motif d'inquiétude pour l'emploi dans l'Union, et même donner lieu à une nouvelle législation : l'intelligence artificielle. "Nous avons besoin d'un ensemble de règles et nous en tant qu'Union européenne, nous sommes des experts en la matière," fait remarquer le commissaire européen. "Je suis donc persuadé que nous aurons également de bonnes règles en matière d'intelligence artificielle," renchérit-il.

La transition numérique et durable dans l'UE

La numérisation et les conséquences désastreuses de la crise climatique sont deux des principaux moteurs de la transformation économique de l'Europe. Pour les États membres, cela implique des investissements plus importants dans l'éducation et la formation.

"C'est probablement l'un des principaux défis que nous devrons relever à l'avenir : comment nous assurer que nous opérons ces transitions - la double transformation numérique et verte - et que nous les menons au niveau technologique," estime Nadia Calviño, première vice-présidente du gouvernement espagnol et en son sein, ministre à l'Économie et à la Transformation numérique.

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Nadia Calviño, première vice-présidente du gouvernement espagnol et en son sein, ministre à l'Économie et à la Transformation numériqueEuronews

"Les secteurs qui se montrent les plus dynamiques en termes de création d'emplois sont liés aux nouvelles technologies, aux technologies de l'information, à la science, à la recherche, à la santé et dans ces domaines, la transformation structurelle de l'économie espagnole est en cours," affirme-t-elle.

"Nous investissons environ 4 milliards d'euros de fonds européens du plan de relance NextGenerationEU pour soutenir un programme très ambitieux de développement des compétences numériques pour garantir que les élèves de nos écoles et universités, mais aussi les personnes âgées aient accès à ces compétences qui vont devenir essentielles," indique-t-elle.

Lutter contre les inégalités sociales en Europe via les impôts et les dépenses publiques

Malgré un taux de chômage de seulement 6% dans l'Union européenne, un Européen sur cinq reste menacé de pauvreté ou d'exclusion sociale.

La crise du coût de la vie et les inégalités croissantes alimentent le mécontentement social et la méfiance à l'égard de la politique.

Pour Gabriel Zucman, professeur d'économie à l'Université de Californie à Berkeley, l'Union européenne doit repenser ses sources de recettes publiques et commencer à taxer les riches.

"Presque toutes les catégories sociales dans l'Union européenne, et au sein de chaque État membre, paient beaucoup d'impôts parce que nous avons un modèle social qui repose sur des taux d'imposition conséquents : c'est vrai pour presque toutes les catégories sociales, à une exception près : les personnes très riches," déclare Gabriel Zucman.

"Il y a aujourd'hui, un besoin de recettes publiques dans un contexte de dettes publiques élevées et de taux d'intérêt en hausse," souligne-t-il avant d'ajouter : "Nous devrions commencer par collecter des recettes du côté des catégories de population qui paient beaucoup moins d'impôts que les autres, c'est-à-dire les très riches."

Son appel est partagé par les syndicats européens qui considèrent que de nouvelles sources de recettes fiscales représentent un moyen d'accroître la justice sociale. Les dépenses publiques en sont un autre.

"Les règles doivent changer," estime Liina Carr, secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats (CES). "Nous pensons que le maintien de la règle des 3% de déficit public ne favorise en rien les dépenses et investissements publics car cela limite toujours ce que les gouvernements peuvent faire," assure-t-elle.

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Liina Carr, secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats (CES)Euronews

"Il y a également un débat sur le fait que certains investissements devraient peut-être être exclus des règles relatives à la dette et au déficit, comme les investissements en matière de transition écologique, de numérisation, de santé et d'éducation, le genre d'investissements qui soutiennent vraiment les économies," indique-t-elle.

Concurrence américaine en matière d'industrie verte

Ce débat a pris de l'ampleur au niveau européen, en particulier après la loi américaine de 2022 sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act).

Alors que ce texte prévoit de consacrer 369 milliards de dollars à la promotion des technologies propres aux États-Unis, l'Union européenne s'inquiète d'être mise à l'écart de la transition verte.

Mais selon Jim Hagemann Snabe, président de Siemens AG, cette loi américaine pourrait au contraire, être une opportunité pour les ambitions industrielles européennes. "Pour moi, la loi sur la réduction de l'inflation est un catalyseur de solutions durables : en ce sens, c'est une bonne chose," insiste-t-il. "L'Union européenne a été la première à lancer cette idée avec le Pacte vert et aujourd'hui, elle intensifie son action en la matière," salue-t-il.

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Jim Hagemann Snabe, président de Siemens AGEuronews

"Je pense que le monde se trouve à une étape charnière où nous disposons des technologies et où nous savons comment reconstruire les systèmes énergétiques pour qu'ils soient renouvelables, réinventer les systèmes de transport et rendre les bâtiments neutres en carbone," déclare-t-il avant d'ajouter : "C'est un catalyseur qui incite les entreprises à investir davantage et plus vite et à créer le cadre dont nous avons besoin pour construire un avenir plus durable."

Course aux ressources à l'échelle mondiale

Mais la transition verte et numérique européenne dépend de matières premières essentielles comme le lithium, le cobalt et les terres rares que l'Europe ne produit qu'en très petite quantité. La Chine assure, de son côté, 86% de l'approvisionnement mondial en terres rares.

À l'heure où les tensions géopolitiques s'intensifient, cette réalité influence les relations commerciales de l'Europe, selon Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne. "C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place une stratégie sur les matières premières dans l'Union européenne pour encourager la production intérieure et assurer l'approvisionnement extérieur," fait-il remarquer."L'objectif pour 2030 est de faire en sorte que 10% de l'extraction et de l'exploitation minière se fassent à l'intérieur de l'Union," précise-t-il.

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Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenneEuronews

"Cela signifie que 90% des matières premières devront encore provenir de l'extérieur de l'UE : c'est pourquoi les partenariats avec d'autres pays seront très importants," dit-il. "Nous le faisons par le biais de chapitres sur les matières premières dans nos accords commerciaux et nous développons des partenariats bilatéraux sur les matières premières avec différents pays," explique-t-il.

L'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie rappelle de manière brutale, l'importance de réduire la dépendance à l'égard des approvisionnements énergétiques. Un objectif rendu d'autant plus crucial par la nécessité de gérer durablement les ressources limitées de la planète à mesure que la crise climatique s'intensifie.

Journaliste • Bryan Carter

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