Disponibilité des médicaments : les petits pays de l'UE en difficulté

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Par Julian GOMEZ
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Le petits pays comme Malte sont moins attrayants pour les groupes pharmaceutiques. Mais une réforme de l'UE pourrait changer la donne.

Wayne Zammit vit à Malte. Enfant, il avait un rêve.

"J'ai toujours aimé les voitures, dit-il. Et j'ai toujours voulu travailler dans un domaine qui me plaisait. Mais malheureusement, il y a de la poussière, c’est très salissant. A cause de ma peau, de mon eczéma, je peux facilement attraper des infections. C'est quelque chose que j'ai donc dû abandonner très rapidement".

Wayne a été diagnostiqué avec un eczéma sévère à l'âge de quatre ans. Les problèmes se sont rapidement accumulés.

"Lorsque je suis allée faire mon premier passeport, j'étais assez jeune, raconte-t-il. Mes lèvres étaient complètement cassées. C’est comme si j’étais le Joker. J'avais aussi beaucoup de poussées autour des yeux. J'avais même une paupière fissurée. Mes oreilles étaient rouges et très gonflées. Ils n’ont pas pu prendre de photo pour des raisons d'identification. Il s'agit d'une maladie qui affecte la peau, notre plus grand organe. Parfois, je ne pouvais pas bouger mon cou. Pour me lever d'une chaise, j'avais envie de pleurer. Il y a des jours où mes vêtements sont collés à ma peau, à cause des plaies ouvertes".

Un traitement efficace contre l'eczéma indisponible à Malte

Un cocktail de médicaments permet aujourd'hui de tenir la maladie à distance. Mais ils provoquent régulièrement des effets secondaires tels que des nausées ou de l'hypertension. Lorsque Wayne arrête de les prendre, son corps s'enflamme à nouveau.

Et le médicament injectable qui, selon les médecins, serait le plus efficace pour lui, n'est pas disponible à Malte.

"Je ne comprends pas pourquoi je dois attendre si longtemps pour quelque chose dont j'ai tellement besoin", dit Wayne.

Ce médicament particulier a déjà été approuvé par les régulateurs maltais et peut être administré gratuitement aux patients. Pourtant, il est introuvable dans les pharmacies du pays, contrairement à celles d'autres membres de l'Union européenne.

Les conséquences sont désastreuses pour Wayne et les autres patients atteints d'eczéma sévère.

"Le fait que ce traitement ne soit pas disponible signifie que les patients doivent être traités avec d'autres médicaments, qui sont moins efficaces et présentent peut-être des risques d'effets secondaires importants, explique Michael Boffa, dermatologue et président de la société maltaise de l'eczéma.Les patients ne devraient certainement pas être discriminés à nouveau en raison de la maladie dont ils ont la malchance d'être atteints".

La bureaucratie, le Brexit, le Covid-19, les problèmes d’approvisionnement et la guerre en Ukraine expliquent en partie cette situation.

Mais Malte a aussi un problème structurel : sa toute petite taille. En tant que plus petit État membre de l'UE, le pays est moins attrayant pour les groupes pharmaceutiques.

Il est statistiquement à la traîne par rapport aux autres États membres lorsqu'il s'agit de mettre à la disposition du public l'intégralité des médicaments approuvés.

Le directeur général de l'unité d'approvisionnement en médicaments du pays affirme que les autorités sont à pied d'œuvre pour trouver des solutions.

"Si le nombre de patients est élevé, l'industrie enregistre un produit et nous n'avons pas de problème, dit Karl Farrugia. Mais Malte est évidemment un petit pays, donc il y a parfois peu de patients qui ont besoin d’un traitement. Dans ces cas-là, le gouvernement intervient : nous aidons pour l'enregistrement, nous nous occupons de la traçabilité et nous faisons la traduction".

Pour aider davantage les petits pays comme Malte, la Commission européenne a adopté une proposition de réforme qui prévoit de récompenser les groupes pharmaceutiques qui lancent un médicament dans tous les États membres dans les deux ans suivant l'autorisation. Selon la Commission, cette seule mesure permettrait d'augmenter l'accès aux médicaments de 15 %.

D'autres propositions telles que la simplification des procédures d'autorisation ou l'introduction de paquets multi-pays sont bien accueillies par l'industrie pharmaceutique maltaise.

"L'industrie pharmaceutique doit s'efforcer de rendre les produits un peu plus abordables pour les petits pays, affirme Mark Mallia, représentant de l'industrie pharmaceutique maltaise. Nous avons besoin de stocks, de dépôts de médicaments disponibles. L'emballage multilingue pourrait y contribuer, car il s'agit d'un dépôt qui pourrait servir à six, sept ou huit pays en cas de besoin".

Wayne espère que tous les acteurs joueront bientôt le bon rôle pour l'aider : "Je crois que nous y arriverons. Surtout si le nécessaire est fait et si les gens s'entraident".

Journaliste • Julian GOMEZ

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