Espagne : vingt petits séismes en une nuit sur la côte nord-est

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Par Euronews
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Plus de 300 secousses ont été enregistrées en septembre dans la région du delta de l’Ebre, dans l’Est de l’Espagne, sur la côte. Le plus fort des séismes a atteint une magnitude de 4,2 mardi. Et dans la nuit de mercredi à jeudi, une vingtaine de petits séismes ont encore secoué cette zone, notamment la localité de Vinaros.

“J‘étais à la maison avec mon fils aîné quand on a ressenti le séisme, raconte une résidente. On s’est regardé et on a dit en même temps : c’est un tremblement de terre.” “La lampe a commencé à bouger et nos lits aussi ont bougé”, ajoute un couple. Le séisme a duré quelques secondes. Mais c‘était un mouvement fort. On a eu peur”.

Le gouvernement a établi un lien direct entre ces séismes et une installation sous-marine de stockage de gaz. “Il semble y avoir une relation directe entre l’injection de gaz dans cette réserve souterraine située à 22 kilomètres des côtes, et les microséismes survenus au cours des quinze derniers jours”, a déclaré le ministre de l’Industrie, José Manuel Soria, sur une radio privée.

Le site en question est un ancien puits pétrolier situé à plus de 1.700 mètres sous le niveau de la mer, transformé en réserve de gaz naturel sous le projet Castor. Il est relié à une plateforme maritime. L’activité du site a été suspendue depuis le 16 septembre. Les premières injections ont été effectuées en juin. Des experts en géologie ont été envoyés sur le site pour l’inspecter.

“L’injection de gaz aurait causé une première série de petits séismes et toute cette tension a probablement fait bouger des failles géologiques existantes”, explique Mariano Marzo, un expert.

Cent millions de mètres cube de gaz ont déjà été injectés dans l’ancien puits pétrolier, qui est relié via un gazoduc au réseau de distribution espagnol.

Pour tenter de mieux comprendre l’origine des séismes enregistrés sur la côte méditerranéenne, entre Castellon et Tarragona, nous avons joint à Madrid le président du collège des géologues d’Espagne, Luis Suárez.

Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce Projet Castor, cette opération de stockage souterrain de gaz?

Luis Suárez:
“Ce projet consiste a utiliser un ancien réservoir de pétrole qui a été exploité entre 1973 et 1989 et duquel on a extrait 56 millions de barils de pétrole. Ce qu’on veut faire c’est y introduire du gaz et le stocker, pour couvrir d‘éventuels problèmes d’approvisionnement de gaz dans la Péninsule ibérique. Ce projet est conçu pour fournir du gaz à tout le système productif espagnol pendant cinquante jours. Il existe de plus une recommandation de l’OCDE à tous ces pays membres pour qu’ils stockent du gaz pour tenir un minimum de 92 jours.

Euronews :
On peut donc établir un lien entre les tremblements de terre et le stockage de gaz?

Luis Suárez:
Nous sommes dans une région ou il n’y a jamais eu de série de séismes de cette magnitude. Et apparemment, tous les épicentres et hypocentres des tremblements de terre se situent autour du puits. On peut donc raisonnablement établir un rapport entre l’injection de gaz dans le sous-sol et les séismes qui se sont produits. Toutefois, ces faits, qui ont même été reconnus par les autorités espagnoles, doivent être vérifiés grâce à des études approfondies pour savoir exactement dans quelles failles ou systèmes de failles se sont produits ces tremblements de terre, qui ont alarmé les populations proches.

Euronews :
Mais, ce réservoir, à quoi ressemble t-il ? C’est un genre de sac vide ?

Luis Suárez:
En réalité il s’agit d’une sorte d‘éponge qui au lieu d’absorber de l’eau, absorbe du pétrole. C’est une éponge de pierre calcaire qui est pleine de gaz injecté qui a pris la place du pétrole qui a déjà été extrait. Ce n’est pas une cavité, mais de tout petits pores de la roche dans lesquels le gaz est injecté.

Euronews :
Il y a donc eu ce séisme de 4.1, 4.2… Les gens sont assez inquiets, et notamment parce qu’il y a deux centrales nucléaires, celle de Vandellos et celle de Asco, relativement proches. Les gens ont-ils des raisons d‘être inquiets?

Luis Suárez:
Au cours des prochains deux ou trois prochains mois, il va y avoir des micro-séismes, d’une magnitude inférieure à 4.1. Et il très improbable qu’il y ait des séismes supérieurs a 4.2. En ce qui concerne les centrales nucléaires, en Espagne, Cofrentes et d’autres qui sont dans la zone, comme Vandellos, ont été conçues pour résister a des tremblements de terre beaucoup plus forts, de magnitude 6 ou 7, qui sont franchement improbables.

Euronews :
Merci d’avoir répondu aux questions d’euronews.

Luis Suárez:
Merci à vous de parler de ces problèmes de géologie aux citoyens.

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