Piaf prend sous son aile le "môme" photographe

Piaf prend sous son aile le "môme" photographe
Par Joël Chatreau
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C’est la chance de sa vie. Elle lui est tombée dessus, par hasard ou parce que c‘était son destin, un jour de l’automne 1957. Parce qu’il n’y a aucun photographe de disponible au journal France Dimanche, Hugues Vassal, qui n’est alors que simple stagiaire, reçoit l’ordre de partir dare-dare à Dijon. Edith Piaf, qui a des relations privilégiées avec la presse qu’on n’appelait pas encore “people”, a téléphoné au rédacteur en chef de France Dimanche qui est un ami. Celle qui a désormais des caprices de star veut lâcher son amant du moment et montrer la tête du nouvel élu au grand public. C’est le jeune Vassal qui fera la photo.


Hugues Vassal au centre, avec l’appareil photo

“Tu me plais !”, ce sont les mots avec lesquels Edith Piaf conclut sa première rencontre avec le photographe stagiaire de 24 ans. Ils ne se quitteront plus jusqu‘à la mort de la chanteuse le 10 octobre 1963. Cinquante ans plus tard, Hugues Vassal a fait son chemin à travers le monde entier comme reporter-photographe; avec trois associés dont Raymond Depardon, il a même fondé l’agence photographique Gamma. Sur la route qu’il poursuit à un rythme plus tranquille, il a accepté de faire une halte pour raconter ses souvenirs des années Piaf à Euronews.

Pour le meilleur et pour le pire

Après le “coup de foudre” de Dijon, Edith Piaf prend sous son aile Hugues Vassal, en lui confiant la mission de la suivre tout le temps et partout, afin de la prendre en photo comme bon lui semble. “Tu me photographies sans état d‘âme, lui dit-elle, riche, pauvre, triste, heureuse, vieille, malade, tu m’emmerdes pas, tu me photographies !” Il s’exécute, attendant souvent dans un fauteuil qu’elle se réveille, puis l’accompagnant jusqu‘à ce qu’elle se couche. “J’ai tout connu, confie le photographe, les jours de gloire et les galas minables, les entrées et les séjours dans les cliniques, et les sorties quand Edith souriait devant l’appareil”.

Hugues Vassal a vécu le quotidien dans le saint des saints, le repaire d’Edith Piaf et de sa garde rapprochée au 67 bis boulevard Lannes dans le XVIe arrondissement de Paris. Le luxe apparent vu de l’extérieur, le laisser-aller à l’intérieur. Dans le neuf pièces, décrit le photographe, “L’ameublement est disparate et en mauvais état, la moquette est usée jusqu‘à la corde, mais dans l’appartement trônent un magnifique piano et un énorme magnétophone, le plus gros des Revox de l‘époque”. Les gardiens du domicile sont Danielle Bonel, la secrétaire “à tout faire”, son mari Marc, l’accordéoniste de toujours d’Edith Piaf, et la “mère Suzanne”, la cuisinière opulente et truculente.

Tous les débutants de la chanson, auteurs, compositeurs, interprètes qui sont les protégés de Madame Piaf, se pressent à la table de la “mère Suzanne” car ils ne mangent pas toujours à leur faim. La maîtresse des lieux ne se lève pourtant que dans le courant de l’après-midi. Elle apparaît dans une robe de chambre désuète, mais quoiqu’il arrive, de bonne ou de mauvaise humeur, se souvient Hugues Vassal, “Edith s’approche du piano et au boulot ! On répète les nouvelles chansons, Edith teste les gestes qu’elle fera sur scène, c’est une répétition permanente et sans fin !”

A SUIVRE…

Toutes les photos qui illustrent cet article sont signées Hugues Vassal

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