Destination Davos: interview avec Ángel Gurría

Destination Davos: interview avec Ángel Gurría
Par Euronews
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Parés de leurs chapeaux, écharpes et bottes d’hiver, les principaux dirigeants de la planète sont fins prêts pour assister à la réunion la plus influente de l’année. Comme toujours, le Forum économique mondial a mis la barre très haute et la réunion se déroule sous le thème ambitieux du remodelage du monde. Pour beaucoup ici, 2014 représente un nouvel espoir pour les économies émergentes. Dans cette édition spéciale, nous nous intéressons aux premiers pas de l’Europe loin de la crise économique.

Ángel Gurría : "L'Europe est un échafaudage"

Isabelle Kumar, euronews :

“Ce n’est pas seulement le chômage qui est une préoccupation majeure, l’OCDE a subit l’impact de la crise économique en Europe. Pour nous en parler, j’ai rencontré Ángel Gurría . Le secrétaire général de l’OCDE nous donne son point de vue.

euronews :

Quels sont vos sentiments alors que nous entrons dans 2014 et que l’Europe émerge timidement de la crise?

Ángel Gurría :

“C’est une sorte de mélange. Premièrement, pèse encore sur nous le lourd héritage de la crise et la faible croissance, le taux de chômage élevé et l’accroissement des inégalités – une question très importante – il y a aussi la question de la perte de confiance dans les institutions, présidents, Premiers ministres, parlements, multinationales, systèmes bancaires, ou partis politiques etc.”

euronews :

Etes-vous relativement satisfait du rythme des réformes en Europe en 2013 ?

Ángel Gurría :

“Je suis convaincu que certains pays, ceux qui avaient plus de devoirs à faire, les ont fait.
Reste qu’un réforme est un état d’esprit. La réforme ne s’arrête jamais, elle se poursuit encore et encore. ​​Ma préoccupation pour l’Europe est qu’elle est une question très asymétrique. Beaucoup de pays n’ont pas réalisé les réformes structurelles dont ils ont besoin parce qu’ils n’ont pas été sous la pression des marchés. Or, a-t-on vraiment besoin de contraintes ou de subir la pression des marchés pour prendre des décisions difficiles ?”

euronews :

A quels pays pensez-vous quand vous dites cela ?

Ángel Gurría :

“J’inclus quelques-uns des plus grands, qualifiés de plus “brillants”, la France par exemple, mais aussi l’Allemagne. La France a pris quelques décisions intéressantes au cours des derniers jours et qui ont été annoncées par le président. Elle est allée dans la bonne direction en baissant le coût du travail et en diminuant les coûts pour les entreprises.
Toutes ces choses font partie des recommandations de compétitivité que nous avons faites au gouvernement français à plusieurs reprises au cours des 18 derniers mois, depuis que le président Hollande est arrivé au pouvoir, et nous sommes heureux qu’il aille dans cette direction “.

euronews :

Revenons sur cette question du rythme de la réforme. Comme vous le savez, l’Europe va se retrouver face à des élections susceptibles de mettre un frein aux réformes. Cela doit aussi être une préoccupation majeure parce que vous ne pouvez pas garder l‘élan actuel.

Ángel Gurría :

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“Je ne pense pas que vous pouvez soudainement arrêter le processus de réformes parce que va se dérouler une élection. Si vous regardez les dirigeants qui ont le mieux réussi et qui ont saisit la balle au bond, ils sont une source d’inspiration pour les gens, ils ont le courage de dire que nous avons besoin de réformes.”

euronews :

“D’accord, donc si nous regardions aussi ces inégalités qui ont également aidé les partis populistes en Europe à gagner du terrain. Nous avons bientôt les élections européennes. Comment voyez-vous le processus d’intégration, le processus d’intégration économique en Europe fonctionner avec l’implantation d’une droite plus dure ?”

Ángel Gurría :

“Une droite plus dure, comme une gauche plus dure, est je pense le résultat lié au fait que les gens ne sont pas heureux de ce qu’ils obtiennent Je suis un europhile convaincu et je dis toujours que la question de l’Europe est un échafaudage. Il y a toujours un échafaudage. Allez voir le Dôme ou Notre-Dame et vous trouverez un échafaudage et vous serez frustré. Mais il y a pourtant beaucoup de choses sous l‘échafaudage. L’Europe se réinvente, se reconstruit, se remodèle. Renforcement des institutions, construction de l’union bancaire et de l’union fiscale sont autant de questions qui font beaucoup de bruits et qui prennent du temps. Vous pouvez accuser les Européens de tout, sauf d’aller trop vite, mais ils créent des institutions et elles sont là pour durer. Ils prennent le temps de tout assembler, mais la question se pose vraiment lorsqu’on retire l‘échafaudage et qu’on est émerveillé. C’est ça l’Europe”. Pourquoi viennent-ils à Davos chaque année?

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Alors que des personnalités comme Angel Gurría viennent ici pour attirer l’attention sur certains des problèmes les plus pressants dans le monde, d’autres sont à Davos pour discuter et tenter de conclure des affaires lucratives. Nous avons demandé à des hommes mais aussi à des femmes pourquoi ils venaient ici années après années.

“Qu’est-ce qui m’amène ici ? Et bien j’ai eu la grande chance de pouvoir venir ici plusieurs fois et cette fois-ci c’est avant tout pour comprendre l’air du temps, savoir de quoi les gens vont parler cette année et quel va être l’engagement des États-Unis, comment va évoluer la crise financière. Évidemment, je suis aussi très intéressée par le rôle des femmes ici.”, dit Laura Liswood , fondatrice du Conseil mondial des femmes dirigeantes.

“Je suis ici en tant que président d’un groupe sur le bien-être et la santé mentale. Je vais essayer de faire comprendre aux participants l’importance d’une bonne récupération. Je pense que tout le monde estime que la crise de l’euro n’est pas complètement derrière nous mais que nous avons passé le pire et que nous entrons dans la phase de récupération en essayant de faire en sorte que les avantages de cette récupération bénéficient à tout le monde. Que nous ne nous occupions pas seulement de l’augmentation du PIB, mais d’améliorer aussi le bien-être de la population.”, explique Lord Gus O’Donnell, ancien secrétaire du Cabinet du Royaume-Uni.

“On ne peut pas nier que c’est un lieu de réseautage, c’est un fait. Le plus important c’est l‘échange d’idées. Je vois cela comme une plate-forme où les dirigeants peuvent se réunir, échanger des idées et voir comment nous pouvons changer le monde pour vivre mieux.”, ajoute Mohd Emir Mavani Abdullah, Président du groupe FGV.

Euronews est mobilisée pour vous proposer des programmes spéciaux dans lesquels nous parlerons des marchés émergents et de l’impact de la crise économique mondiale. Retrouvez également tous nos reportages sur le Forum de Davos sur notre site internet :
euronews.com / davos.

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