Violences et panique chez les Israéliens

Violences et panique chez les Israéliens
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Par Euronews avec MOHAMED ABDEL AZIM, AGENCES
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Pour tenter d'analyser la situation de crise en Israël et dans les territoires occupés après plusieurs semaines de violences, nous avons interviewé Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en Fr

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Attaque à la voiture bélier, à l’arme blanche, au revolver…
La société israélienne ne peut que paniquer lorsqu’elle découvre ces images dans les médias accompagnées par des experts qui expliquent qu’il est quasiment impossible de contrer les attaques d’individus isolés.

Il est vrai que ces images sont terribles. Mardi, un Palestinien a tué un Israélien à coups de hache avant d‘être stoppé par balle. Presque au même moment, deux Palestiniens ont ouvert le feu dans un autobus de Jérusalem-Est tuant deux Israéliens.

Ce jeudi, le gouvernement a donc décidé de boucler les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. C’est de là que viendrait la grande majorité des auteurs d’attentats qui poussent à leur tour les Israéliens à s’armer.

Entrevue avec Elie Barnavi

Mohamed Abdel Azim, journaliste de la rédaction multilingue d’euronews a posé quelques questions à Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002,
historien, et actuellement Conseiller scientifique auprès du Musée de l’Europe à Bruxelles. Il nous a répondu en duplex depuis Tel Aviv.

euronews :
Elie Barnavi, en tant qu’ancien diplomate de l’Etat d’Israël, pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe en ce moment à Jérusalem, à Bethléem, et un peu partout en Cisjordanie, ainsi qu‘à Gaza?

Elie Barnavi :
Ce qui se passe, c’est qu’il y a eu une brusque flambée de violence spontanée, une espèce de début d’intifada qui ne ressemble pas aux précédentes puisqu’elle est entièrement conduite par des jeunes, des jeunes qui sont mobilisés par les réseaux sociaux, sur lesquels apparement la direction palestinienne n’a pas de prise. Alors la raison inmédiate, c’est une espèce de sentiment qu’Israël s’en prend au Mont du Temple, et les raisons plus profondes, c’est que c’est une situation d’occupation qui n’a plus, apparement, aucune perspective de réglement diplomatique. Une accumulation de frustrations, de haine.

euronews :
Vous parliez d’Al Aqsa. Est-ce qu’on peut considérer qu’Al Aqsa est en danger avec les mouvements de l’extrême droite israélienne?

Elie Barnavi :
Il y a des éléments d’extrême droite, y compris au sein du gouvernement qui aimeraient changer le statu quo, mais cela ne se fera pas. Le Premier ministre Netanyahu l’a dit clairement à plusieures reprises. Il n’y a aucune chance de changement de statu quo à Al Aqsa. Mais Al Aqsa est un mot de ralliement commode, c’est un lieu hautement symbolique, et pour tous ceux qui cherchent un cri de ralliement, un symbole, évidemment Al Aqsa est extrêmement commode.

euronews :
Entre couteaux et réseaux sociaux sommes nous déjà dans une troisième intifada ?

Elie Barnavi :
Nous n’y sommes pas encore, mais enfin ça y ressemble. Si on n’arrive pas à juguler cette vague de violences rapidement, elle risque de se développer en une véritable intifada. Mais, c’est déjà une vague de violences assez importante, il y a une espèce d’hystérie qui s’empare du public. Les gens ont peur de sortir dans la rue, et visiblement le gouvernement ne sait pas trop quoi faire. Parce que lorqu’il s’agissait des intifadas précédentes, on avait une adresse, on savait à qui s’adresser.Aujourd’hui on ne sait pas. Ce sont des éléctrons libres et personne vraiment ne les dirige. Il est donc difficile de prévoir ces attaques et donc aussi de réprimer.

euronews :
Avec le bouclage de Jérusalem-Est, est-ce que le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne peuvent envisager de reprendre des négociations de paix ?

Elie Barnavi :
Il n’y a pas de bouclage de Jérusalem-Est, c’est un slogan ça aussi. Il s’agit de donner l’impression aux citoyens que l’on fait quelque chose. Mais en fait il n’y a pas de bouclage. On ne peut pas boucler la ville. Et puis l’idéologie est que Jérusalem est unifiée. Et comment voulez-vous unifier une ville si vous bouclez certains de ses quartiers ?

euronews :
Comment la population israélienne vit-elle cette situation actuellement ?

Elie Barnavi :
Elle vit dans la crainte du prochain attentat mais, il est trop tôt ou bien alors personne ne fait ce travail, mis à part une partie de la presse, pour commencer à comprendre quelles sont les raisons profondes de cet embrasement et comment on peut faire pour s’en sortir.

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