Jonas Kaufmann bascule dans l'univers d'Hitchcock dans "Die tote Stadt" à Munich

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Par Andrea Buring
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L'opéra de Korngold "Die tote Stadt" (La Ville morte) est un drame psychologique tiré d'un roman qui a probablement aussi inspiré "Sueurs froides" à Hitchcock, un univers onirique dans lequel plonge notamment Jonas Kaufmann à l'opéra de Munich.

Il y a du Hitchcock et du Freud dans cette version de l'opéra "Die tote Stadt" (La Ville morte) d'Erich Wolfgang Korngold dont la première vient de se tenir à l'Opéra d'État de Bavière à Munich.

Au cœur de cette trame qui a probablement inspiré "Sueurs froides" au maître du suspense : le deuil de Paul, incarné par Jonas Kaufmann, qui a perdu sa femme Marie et qui ne parvient pas à aller de l'avant. Quand finalement, il tombe amoureux de Marietta, le sosie de son épouse, il est tiraillé entre désir et culpabilité.

Nikolaus Bachler, directeur de l'Opéra d'Etat de Bavière, évoque la mise en scène évolutive de cette production où les pièces d'une maison prennent la forme de cubes qui se déplacent : "Ces différentes pièces qui se divisent, se séparent, puis se rapprochent sont le reflet de ce conflit intérieur et je crois que le décorateur a très bien transposé cela," dit-il. "On peut aussi se représenter les choses comme une ville, comme un espace psychologique : c'est un espace typiquement freudien," estime-t-il. 

Le baryton Andrzej Filonchyk qui incarne Frank et Fritz ajoute : _"La salle de bains _apparaît sur le toit et Paul lui est en bas. Cela donne ce sentiment d'être dans un rêve comme quand vous n'arrivez pas à atteindre quelque chose alors que vous sentez que vous pouvez le faire parce que ce n'est pas si éloigné," affirme-t-il. 

"Un dédale totalement fou"

Cette œuvre exceptionnelle s'appuie sur une partition exigeante écrite par le compositeur lorsqu'il avait à peine 23 ans.

"D'un point de vue technique, ce que le ténor doit interpréter dans le premier acte est quasiment infaisable," considère Nikolaus Bachler.

Jonas Kaufmann indique justement : "Je crois que cela s'explique notamment par le jeune âge de Korngold : il ne savait pas jusqu'où les voix peuvent aller. Tout ce qu'il avait en tête, tous ces changements d'harmonie et de rythme incroyables forment un dédale totalement fou avec tous ces styles différents," s'enthousiasme-t-il.

Kirill Petrenko dissèque la musique sans lui enlever sa poésie

Avec ses sonorités expressives, sa finesse et ses mélodies psychédéliques, cet opéra est également un défi pour le chef d'orchestre Kirill Petrenko.

"Écoutez attentivement ce qui vient de la fosse de l'orchestre et regardez ce qui se passe : c'est quelque chose que vous verrez rarement, en particulier avec une œuvre aussi difficile," nous interpelle Nikolaus Bachler. "Il y a cette manière dont Kirill Petrenko semble parfois disséquer la musique sans jamais lui enlever sa poésie," fait-il remarquer avant d'ajouter : "En même temps, il y a ces contradictions, ces ruptures et ces flashs surprenants qui nous font quasiment basculer chez Hitchcock."

Après un périple cauchemardesque dans les profondeurs de son âme, Paul tue Marietta, mais uniquement en rêve. Pourra-t-il enfin se libérer de son deuil ? "Je pense que c'est une très bonne idée de nous maintenir dans l'inconnu," juge le baryton Andrzej Filonczyk. 

"Et même Korngold a indiqué dans sa partition que la scène devait rester visible jusqu'aux toutes dernières mesures : le rideau doit rester levé et nous laisser voir le vide sur scène," souligne-t-il enfin.

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