Le pétrolier Erika faisait naufrage il y a 20 ans au large des côtes françaises

Le pétrolier Erika faisait naufrage il y a 20 ans au large des côtes françaises
Tous droits réservés MARINE NATIONALE / AFP
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Par Vincent Coste
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En Bretagne, le souvenir de la marée noire provoquée par le naufrage de ce pétrolier affrété par Total est toujours très vif. Des centaines de kilomètres de côtes ont été souillées par cette catastrophe, provoquant également la mort de dizaines de milliers d'oiseaux.

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Un peu avant 6h du matin ce 12 décembre 1999, le commandant de l'Erika, un pétrolier battant pavillon maltais, lance un message de détresse : son navire est victime d'une importante voie d'eau au large de la Bretagne. Deux heures plus tard, alors que la proue de l'Erika, vieux de 25 ans et affrété par le groupe français Total, s'enfonce lentement dans l'océan Atlantique, la coque du navire se casse en deux.

La cargaison de l'Erika se répand dans les flots, des dizaines de milliers de tonnes de fioul font craindre une marée noire d'envergure. Le naufrage s'est produit dans la zone économique exclusive française, soit au-delà des 12 milles marins des eaux territoriales de l’Hexagone. La préfecture maritime de l'Atlantique déclenche, vers 18h, le plan d'intervention Polmar Mer, mis en place après la dernière grande marée noire en date, celle de l’Amoco Cadiz en 1978.

De très importants moyens sont envoyés sur la zone du naufrage pour prêter secours aux 26 membres d'équipage et pour tenter de juguler le fioul qui souille en quantité la surface de la mer. Des bateaux-pompes sont ainsi affrétés pour tenter de récupérer le fioul qui s'est déjà échappé des soutes.

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Le remorqueur de la Marine française, le Buffle, tente d'aspirer le fioul lourd, sur la nappe de après le naufrage de lErika au large du sud-Finistère, le 15 décembre 1999.AFP

Malgré des tentatives de remorquage, les deux parties du pétrolier, rongé par la rouille, sombrent le lendemain emportant dans les abîmes 20 000 tonnes de mazout, alors que 10 000 tonnes se sont déjà répandues dans l'océan. Dix jours plus tard, les premières nappes de fioul atteignent le littoral breton. En tout plus de 400 km de côtes françaises sont souillées.

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Opération de nettoyage sur une plage de Belle-Ile-en-Mer, après l'arrivée des nappes de pétrole provenant de l'Erika, le 25 décembre 1999.VALERY HACHE / AFP

Cette gigantesque marée noire va aussi provoquer la mort de dizaines de milliers d’oiseaux, soit 130 fois plus que l’Amoco-Cadiz, et ravager les fonds marins. Les opérations de nettoyage des côtes vont se prolonger tout au long de l’année 2000.

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Des pingouins Guillemot trouvés morts sur une plage de Belle Ile en Mer, le 25 décembre 1999.VALERY HACHE / AFP

En raison de son pavillon maltais, l'Erika bénéficiait, à ce titre, de facilités réglementaires, fiscales et sociales. Il avait été certifié apte à naviguer par la société italienne Rina. Il appartenait à un Italien résidant à Londres, Giuseppe Savarese. Le pétrolier avait été affrété par une filiale de Total basée au Panama.

Le 25 septembre 2012, après des années de procédures, Total est condamné à payer 200 millions d'euros de réparations civiles et une amende pénale de 375 000 euros. La justice française confirme donc la responsabilité du groupe pétrolier. En outre, ce procès donnera naissance à la "jurisprudence Erika" reconnaissant la notion de préjudice écologique.

La catastrophe de l'Erika a également une incidence au niveau européen. Ainsi en 2003, une agence européenne pour la sécurité maritime (EMSA) est créée. La Commission européenne adopte, via les "paquets Erika I, II, et III", toutes une série de mesures pour renforcer la réglementation en vigueur concernant le trafic maritime et la sécurité. Les pétroliers à simple coque, comme l'Erika, seront bannies des eaux européennes. La Commission établira aussi des listes de navires interdits d'accès dans les ports de l'Union européenne.

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