C'est une image forte qui restera dans les annales de la politique américaine. Vingt élus démocrates, dont Nancy Pelosi, ont mis un genou au sol ce lundi à l'intérieur du Capitole, à Washington. Ils sont restés ainsi 8 minutes et 46 secondes, le temps qu'a mis George Floyd pour mourir.
Ce n'est pas un geste de plus en hommage à George Floyd, l'Américain noir étouffé par le policier blanc Derek Chauvin lors d'une interpellation le 25 mai dernier à Minneapolis, dans l'Etat du Minnesota. La photographie du 8 juin 2020 restera dans les annales de la politique américaine.
On y voit des élus, députés et sénateurs du Parti démocrate, dont au premier plan la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, un genou à terre ou plus exactement sur le marbre du "Hall de l'Emancipation", là encore un lieu hautement symbolique puisqu'il fut nommé ainsi en mémoire des esclaves qui ont été forcés de la fin du XVIII ème siècle au début du XIX ème de construire le prestigieux bâtiment du Capitole, au sein de la capitale fédérale, Washington.
En tout, une vingtaine d'élus, appartenant notamment au "Congressional Black Caucus" - c'est à dire le groupe qui rassemble les parlementaires afro-américains -, ont tenu la pose pendant 8 minutes et 46 secondes précisément, même les plus vieux. Ils ont fait silence durant ce temps de souffrance qu'a enduré George Floyd avant de mourir asphyxié. Cette action symbolique visait également à rendre hommage aux autres Noirs des Etats-Unis qui, selon l'expression employée par les démocrates, "ont perdu leur vie de façon injuste".
Un projet de loi pour "obliger la police à rendre des comptes"
Nancy Pelosi et ses collègues parlementaires ne se sont pas contentés d'entrer dans l'édifice qui abrite le Congrès pour s'incliner, ils sont venus aussi pour lancer la bataille du projet de loi qu'ils aimeraient faire adopter bientôt; ils l'ont intitulé "Justice and Policing Act".
Voici ce dont il s'agit, selon leurs premières déclarations publiques :
Le texte, toujours en cours d'élaboration, prévoit notamment la création d'un registre national pour les policiers qui commettraient des bavures; ce registre permettrait ainsi d'engager plus facilement des poursuites judiciaires à l'encontre des agents violents, et puis de repenser le recrutement et la formation au sein de la police américaine.
Le projet de loi sera présenté devant les deux chambres législatives, celle des députés où les démocrates ont la majorité puis celle des sénateurs où les républicains dominent. Son avenir reste donc encore incertain.