Joe Biden : les critiques derrière les "premières"

Joe Biden présente une partie de sa future équipe le 24 novembre à Wilmington
Joe Biden présente une partie de sa future équipe le 24 novembre à Wilmington Tous droits réservés Carolyn Kaster/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved
Par Anne Devineaux
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Le président élu continue de dévoiler sa future équipe. Derrière la diversité affichée se cache une forte continuité avec la précédente administration démocrate et le retour de l'élite à Washington

Joe Biden continue sur sa lancée des nominations qualifiées d'"historiques" avec le choix d'une ministre amérindienne. Pour autant, la future équipe démocrate n'est pas exempte de critiques.

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Nouveau visage de la diversité du future cabinet démocrate, Deb Haaland, parlementaire de 60 ans, est membre de la tribu Laguna Pueblo, du Nouveau-Mexique. Si le Sénat la confirme au poste de ministre de l’intérieur, elle deviendra la première autochtone à siéger dans un cabinet américain. Et pas n'importe lequel, le ministère de l'intérieur gère notamment les vastes ressources naturelles des terres fédérales, comme les parcs nationaux, mais aussi les réserves indiennes.

"Il n'y a jamais eu chez un secrétaire de Cabinet ou à la tête du département de l'Intérieur une voix comme la mienne", a écrit Mme Haaland sur Twitter. "Je suis honorée de servir [le pays] et prête à le faire".

Cette nomination hautement symbolique est la dernière d'une longue liste de personnalités représentant la "diversité" promise par le président démocrate élu.

Plus tôt cette semaine, Joe Biden a ainsi choisi Pete Buttigieg comme ministre des Transports. Toujours sous réserve que le Sénat valide ce choix, il deviendra le premier membre ouvertement homosexuel à faire partie d'un cabinet présidentiel aux Etats-Unis.

Diversité ethnique, parité...

Autre première, annoncée il y a dix jours, la nomination de Lloyd Austin au ministère de la Défense. Ce général à la retraite de 67 ans pourrait devenir le premier chef noir du Pentagone.

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Lloyd Austin, nominé comme futur chef du PentagoneSusan Walsh/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.

Katherine Tai serait la première Américaine d'origine asiatique à accéder au poste influent de représentant au Commerce. Cette avocate d'origine taïwanaise a vécu en Chine, parle couramment le mandarin et sera un atout dans la guerre commerciale qui divise Washington et Pékin.

Fin novembre, Janet Yellen a, elle, été désignée pour devenir la première femme à la tête du Trésor américain. Sans parler de Kamala Harris qui deviendra le 20 janvier la première femme à accéder à la vice-présidence. La future équipe de communication de la Maison Blanche sera également entièrement féminine.

... et forte continuité avec l'équipe Obama

Au-delà de la parité et de cette remarquable diversité, la future équipe de Joe Biden suscite pourtant des critiques et des inquiétudes. Les observateurs notent le retour en force des élites de Washington et une forte continuité avec l’équipe de Barack Obama. Ainsi Alejandro Mayorkas, d'origine cubaine, sera le premier Hispanique à diriger le tout-puissant ministère de la sécurité intérieure (DHS), dont il fut ministre adjoint de 2013 à 2016.

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Antony Blinken, numéro deux du département d’Etat sous Barack Obama, nominé secrétaire d'EtatCarolyn Kaster/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved

Autre exemple le futur chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken qui a été le numéro deux du département d’Etat sous la précédente administration démocrate. Ce dernier est entre autre l’un des fondateurs de WestExec Advisors, une entreprise basée à Washington conseillant les grandes entreprises sur les risques géopolitiques.

Possibles conflits d'intérêt

Et les médias américains, dont le New York Times ou Politico, de s'interroger sur le choix de plusieurs personnalités issues de ce même cabinet de conseil dont plusieurs clients sont liés à l'industrie de la défense. Certains voient dans les pratiques de cette entreprise une forme de lobbyisme, et mettent en garde contre l'utilisation de réseaux d'influence au profit de ces clients.

Après quatre ans d’accusations de conflits d’intérêts à l’encontre de Donald Trump, le choix de Biden de puiser dans cette société privée de conseil fait grincer des dents et sera observé de près.

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