Ethiopie : mobilisation lors des élections législatives sur fond de famine au Tigré

Ethiopie : mobilisation lors des élections législatives sur fond de famine au Tigré
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Par Euronews avec AFP
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Les Éthiopiens ont voté en nombre et dans le calme lundi lors d'élections législatives censées apporter une légitimité au Premier ministre Abiy Ahmed, à l'image entachée par la famine en cours dans la région en guerre du Tigré.

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Les Ethiopiens ont voté en nombre et dans le calme lundi lors d'élections législatives censées apporter une légitimité au Premier ministre Abiy Ahmed, à l'image entachée par la famine en cours dans la région en guerre du Tigré.

Initialement prévus pour fermer à 18h00, les bureaux de vote ont finalement clos à 21h00, les autorités ayant annoncé une prolongation de dernière minute face à l'affluence observée en certains lieux. Les premiers résultats d'ensemble ne sont pas attendus avant plusieurs jours.

Bien que ce double scrutin législatif et régional n'ait pu se tenir sur tout le territoire du deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, il constitue le premier test électoral pour le Premier ministre Abiy Ahmed. M. Abiy, 44 ans, avait promis à son arrivée au pouvoir en 2018 d'incarner un renouveau démocratique, rompant ainsi avec ses prédécesseurs.

Désigné à l'époque à la tête du gouvernement, il souhaite obtenir le soutien populaire qui lui fait défaut.

Ces élections interviennent alors que le prix Nobel de la paix 2019 voit son aura estompée par l'explosion des violences politico-ethniques à travers le pays et le conflit qu'il a déclenché au Tigré (Nord). Cette opération militaire dure depuis sept mois et a plongé la région dans la famine.

Mieux implanté, son Parti de la Prospérité reste toutefois le grand favori pour remporter une majorité. En Ethiopie, les députés élisent le Premier ministre, qui dirige le gouvernement.

"La volonté du peuple éthiopien sera garantie", a déclaré Abiy Ahmed depuis sa ville de Beshesha, où il a voté. Cela permettra de "garantir l'aspiration de l'Éthiopie en tant que nation souveraine (et) de faire échec aux intentions néfastes de ceux qui nous veulent du mal", a-t-il ajouté.

"On peut choisir"

Dès le petit matin, les files d'attente devant les bureaux de vote étaient fournies dans la capitale Addis Abeba comme à Bahir Dar, ville principale de la région Amhara (Nord-Ouest). Les électeurs ont parfois dû patienter plusieurs heures pour pouvoir voter.

Habitants et responsables politiques interrogés par l'AFP ont salué un scrutin plus ouvert que les précédents, où la vie politique était sous la coupe d'une coalition au pouvoir depuis 1991.

"Je vote parce que je veux voir mon pays se transformer. Cette élection est différente. On peut choisir entre différents partis politiques. Dans le passé, il n'y en avait qu'un", explique à l'AFP Milyon Gebregziabher, 45 ans, employé dans une agence de voyages à Addis Abeba.

"Peu importe qui gagne, on veut la paix", ajoute Mirkuz Gashaw, jeune habitant de Bahir Dar.

Principal candidat de l'opposition, Berhanu Nega a dit espérer que "ce ne sera pas une élection du passé, que ce sera une élection qui détermine l'avenir, que ce pays emprunte une trajectoire totalement nouvelle".

Dans ce pays régulièrement en proie aux violences politico-ethniques, la journée s'est déroulée globalement dans le calme.

La Commission électorale a rapporté des incidents, notamment des actes "d'intimidation de représentants de partis", dans les régions de l'Amhara, du SNNPR (Sud) et de l'Afar.

Une mission d'observation de la société civile a indiqué avoir reçu 118 signalements, "dont 93 ont été vérifiés", essentiellement dans les régions de l'Amhara et du SNNPR.

Ezema, le parti de M. Berhanu, a affirmé avoir rapporté 207 incidents, allant de soupçons de manipulation d'urnes à des observateurs empêchés d'accéder à certains bureaux de vote.

Internet, réseaux sociaux et télécommunications ont fonctionné normalement en cette journée redoutée sensible, rompant avec les habitudes des autorités qui n'hésitent pas à opérer des coupures pour prévenir toute violence ou déstabilisation.

Violences et famine

Prévues en août 2020, les élections ont été reportées deux fois, en raison de la pandémie de coronavirus puis de difficultés logistiques et sécuritaires.

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Quelque 38 millions d'électeurs étaient inscrits, mais tous n'ont pas voté lundi : le scrutin a été reporté au 6 septembre dans un cinquième des 547 circonscriptions, en raison des violences et insurrections armées dans certaines, ou pour des problèmes logistiques dans d'autres.

Aucune date n'a été fixée pour les 38 circonscriptions du Tigré, où l'opération militaire lancée par le gouvernement en novembre a dégénéré en conflit dévastateur, marqué par de nombreux récits d'exactions sur les civils (massacres, viols...).

La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet a rappelé lundi les "graves violations" des droits humains dans cette région, où la situation humanitaire est "terrible". Selon l'ONU, plus de 350 000 personnes y sont en situation de famine, ce que conteste le gouvernement éthiopien.

L'issue des élections sera scrutée de près par les pays occidentaux, dont les Etats-Unis qui avaient exprimé leur inquiétude de voir un si grand nombre d'électeurs exclus du processus.

Elle le sera aussi par les voisins de l'Ethiopie, Egypte et Soudan en tête.

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Ces deux pays s'opposent au "Grand barrage de la renaissance", titanesque projet hydroélectrique sur le Nil Bleu qui menace, selon eux, leur approvisionnement en eau.

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