Donald Trump se dit prêt à invoquer cette loi de 1807 si les tribunaux ne se conforment pas aux ordres de déploiement de la Garde nationale, tout en reprochant aux législateurs démocrates de gérer des villes où la criminalité est omniprésente.
Les dirigeants de l’Illinois ont saisi la justice, ce lundi 6 octobre, pour empêcher le président Donald Trump d’envoyer des troupes de la Garde nationale à Chicago, intensifiant ainsi l’affrontement entre les États dirigés par des démocrates et l’administration républicaine, dans le cadre des opérations de la police de l'immigration (ICE).
"Les Américains, où qu'ils habitent, ne devraient pas vivre sous la menace d'une occupation par les forces militaires des Etats-Unis, et surtout pas simplement parce que leur ville ou leur Etat est tombé en disgrâce auprès du président", affirment-ils dans leur recours.
La juge fédérale en charge du dossier ne s'est pas prononcée dans l'immédiat, mais a fixé une audience à jeudi. Car un déploiement similaire a été provisoirement bloqué par la justice à Portland.
De son côté, Donald Trump a assuré qu'il était prêt à instaurer l'état d'urgence pour pouvoir envoyer l'armée dans certaines villes américaines. "Si je devais l'invoquer, je le ferais. Si des gens étaient tués et que les tribunaux nous en empêchaient ou que des gouverneurs ou des maires nous en empêchaient, bien sûr que je le ferais", a-t-il dit aux journalistes à la Maison Blanche, avant de décrire Portland comme "une ville qui brûle" tandis qu'un de ses ministres a qualifié Chicago de "zone de guerre".
"Donald Trump veut provoquer le chaos"
La plainte déposée par les dirigeants de l'Illinois a également accru les tensions, après un week-end violent. Les autorités ont indiqué qu’une femme avait été blessée par balle par un agent fédéral lorsque des véhicules de l'ICE ont été encerclés et percutés par d’autres véhicules. Le chef de la police de la ville a rejeté l’idée que ses agents soutenaient le gouvernement.
Les responsables de l’Illinois et de l’Oregon affirment que l’intervention militaire est inutile et que l’implication fédérale ne fait qu’attiser les tensions. "Donald Trump utilise nos soldats comme accessoires politiques et comme pions dans son effort illégal de militarisation des villes américaines", a déclaré JB Pritzker, le gouverneur de l'Illinois.
Ce dernier accuse également le président de "provoquer le chaos, créer la peur et la confusion en faisant croire que des manifestants pacifiques sont des émeutiers en leur tirant dessus à coups de gaz lacrymogènes".
Ce dernier a précisé que quelque 300 membres de la Garde nationale de l'État devaient être mobilisés et déployés.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Abigail Jackson, a confirmé que Donald Trump avait autorisé l’utilisation de la Garde nationale de l’Illinois, invoquant de prétendues "émeutes violentes et l’anarchie persistante" que les autorités locales n’auraient pas su maîtriser.
La présence d’agents armés de l'ICE procédant à des arrestations près de lieux emblématiques a accru les inquiétudes des habitants de Chicago, déjà nerveux face à la répression entamée le mois dernier. Les agents ont ciblé des zones à forte population immigrée, majoritairement latino.
Dans leur plainte, les dirigeants de l’Illinois ont rappelé la mort, le 12 septembre dernier, d'un immigré en situation irrégulière tué à Chicago par des agents de l'ICE après un refus d'obtempérer.
Le maire de Chicago, Brandon Johnson, a déclaré, ce lundi, avoir signé un décret interdisant aux agents fédéraux de l’immigration et à d’autres représentants d’utiliser des terrains appartenant à la ville, tels que des parkings, garages ou terrains vacants, comme bases d’opérations.
Portland affirme qu’il n’y a pas d'émeutes
À Portland, la juge fédérale Karin Immergut a accordé, dimanche, une injonction temporaire demandée par l’Oregon et la Californie, interdisant le déploiement de troupes de la Garde nationale dans l’Oregon depuis tout autre État ou depuis le district de Columbia.
Karin Immergut, nommée par Donald Trump lors de son premier mandat, s’est dite stupéfaite que le président ait tenté d’envoyer des troupes de la Garde nationale depuis la Californie voisine, puis depuis le Texas dimanche, quelques heures seulement après sa première interdiction.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a critiqué cette décision et affirmé que le président exerçait son autorité en tant que commandant en chef.
Le centre de détention de l’ICE à Portland est, depuis des mois, le théâtre de manifestations nocturnes. Ces dernières semaines, les rassemblements ne comptaient qu’une vingtaine de personnes, jusqu’à ce que Donald Trump ordonne l’envoi de la Garde nationale. Ce week-end, de plus grandes foules se sont rassemblées devant le centre, et les agents fédéraux ont utilisé des gaz lacrymogènes. La police de Portland a procédé à plusieurs arrestations.
Depuis juin, les agents fédéraux ont inculpé trente personnes de crimes fédéraux liés aux manifestations près du bâtiment de l’ICE, notamment pour agression sur des agents fédéraux, non-respect des ordres et dégradation de biens publics, a indiqué lundi le bureau du procureur fédéral de l’Oregon.