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Changement climatique : Paris et Madrid se joignent à l'initiative mondiale visant à taxer les jets privés et les vols haut de gamme

Des avions sont garés dans un terminal pour jets privés à l'aéroport international Harry Reid.
Des avions sont garés dans un terminal pour jets privés à l'aéroport international Harry Reid. Tous droits réservés  AP Photo/John Locher, File
Tous droits réservés AP Photo/John Locher, File
Par Rosie Frost
Publié le
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L'initiative vise à mobiliser des milliards pour l'action climatique et le développement durable en faisant payer aux vols fréquents et à fortes émissions leur juste part.

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La France et l'Espagne ont rejoint une coalition de pays qui souhaitent taxer les jets privés et les vols haut de gamme afin de collecter des fonds pour la lutte contre le changement climatique et le développement durable.

Les deux pays européens ont joint leurs forces à celles du Kenya, de la Barbade, de la Somalie, du Bénin, de la Sierra Leone et d'Antigua-et-Barbuda.

L'objectif de la coalition est "d'augmenter le nombre de pays appliquant des taxes sur les billets d'avion, y compris pour les voyages de luxe, et de taxer les jets privés en s'inspirant des meilleures pratiques", a déclaré l'Élysée dans un communiqué.

L'initiative a été lancée en marge d'un sommet des Nations unies sur le développement qui s'est tenu à Séville le 30 juin.

Combien d'argent ces taxes pourraient-elles rapporter ?

Une étude récente commandée par la Global Solidarity Levies Task Force estime que la taxation du kérosène privé dans le monde entier pourrait rapporter jusqu'à 41 milliards d'euros par an. L'ajout de taxes sur les billets de première classe et de classe affaires pourrait rapporter près de 37 milliards d'euros supplémentaires.

Les efforts combinés de la coalition pourraient débloquer plus de 78 milliards d'euros par an pour soutenir la résilience climatique et les projets de développement durable.

L'étude suggère également qu'une taxe supplémentaire et plus large sur le kérosène commercial pourrait porter ce total à environ 187 milliards d'euros par an.

Nouvelles sources de financement

À l'heure où de nombreux pays riches réduisent l'aide publique au développement destinée aux pays pauvres, certains cherchent de nouvelles sources de financement, notamment en taxant les industries les plus polluantes.

Lancée lors de la COP28 en novembre 2023, la Global Solidarity Levies Task Force a été créée pour explorer de nouveaux types de taxation des secteurs polluants qui pourraient aider les pays en développement à décarboner et à s'adapter aux impacts du changement climatique.

Laurence Tubiana, Présidente de Convention citoyenne pour la transition écologique et co-responsable du secrétariat de la task force sur les taxes de solidarité mondiale, a déclaré que de nouvelles taxes sur les billets d'avion à tarif préférentiel pourraient permettre de "lever des fonds essentiels".

"Dans le contexte actuel, tout le monde est pessimiste et dit que nous ne pouvons rien faire. L'annonce d'aujourd'hui est la preuve que nous pouvons progresser", a ajouté Mme Tubiana.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré lors du sommet de Séville qu'après les progrès déjà réalisés dans le secteur du transport maritime, il s'agissait d'un "énorme pas en avant" pour le secteur de l'aviation.

"La présence de l'Espagne (dans notre coalition de transporteurs aériens haut de gamme) est une très bonne nouvelle, et nous avons besoin de plus en plus de pays", a-t-il ajouté.

"Nous avons besoin que ceux qui ont bénéficié de la mondialisation contribuent davantage au financement".

Macron a exhorté tous les pays possibles à rejoindre ce cadre international "clé".

Pourquoi cibler les jets privés et les vols haut de gamme ?

L'aviation représente plus de 2,5 % de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine et reste l'un des secteurs dont les émissions augmentent le plus rapidement.

Les jets privés sont particulièrement polluants. En 2023, ils émettraient environ 19,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre, selon une étude de l'International Council on Clean Transportation (ICCT), soit plus que tous les vols au départ de Londres Heathrow cette année-là. Depuis la pandémie de COVID-19, les voyages haut de gamme se sont multipliés. Les émissions de l'aviation privée ont augmenté de 46 % entre 2019 et 2023.

Les cabines haut de gamme, y compris la première classe et la classe affaires, disposent de sièges plus grands et de plus d'espace pour les jambes, ce qui signifie que moins de passagers se partagent les émissions de chaque vol. Cela augmente considérablement l'empreinte carbone par passager.

Par conséquent, les voyageurs en première classe et en classe affaires produisent jusqu'à 3 à 4 fois plus de CO2 par kilomètre que ceux qui voyagent en classe économique.

L'avion est le mode de transport le plus élitiste et le plus polluant. Il s'agit donc d'une étape importante pour faire en sorte que les grands utilisateurs de ce secteur mal taxé paient leur juste part", déclare Rebecca Newsom, responsable politique mondial de la campagne "Stop Drilling Start Paying" de Greenpeace International.

Une enquête mondiale menée par Greenpeace et Oxfam a révélé que trois personnes sur quatre sont favorables à des taxes supplémentaires sur les avions de luxe en raison de leur impact considérable sur le climat.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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