Hans Leijtens, directeur de Frontex, dit ne pas considérer les navires des ONG en Méditerranée comme un facteur d'attraction encourageant le départ des migrants des côtes africaines.
PUBLICITÉLa position d'Hans Leijtens, exprimée dans une interview accordée à Euronews, contredit celle d'un document confidentiel de l'agence sur les routes migratoires de la Libye vers l'Europe, jamais rendu public, mais rapporté par l'agence de presse AdnKronos en novembre 2022, et cité à plusieurs reprises par des membres du gouvernement italien pour contrer les activités des ONG.
"Vous ne m'avez jamais entendu dire qu'ils étaient un facteur d'attraction. Je n'ai jamais dit cela, et mon opinion est qu'ils ne le sont pas", affirme Hans Leijtens.
Un changement de position de Frontex ?
À la fin de l'année dernière, Hans Leijtens avait exprimé un point de vue similaire lors d'une audition au Parlement européen. La position de Frontex sur la thèse du "facteur d'attraction" (c'est-à-dire que les bateaux de sauvetage des ONG poussent les migrants à prendre la mer) semble avoir changé avec le changement de directeur de l'agence.
Le précédent directeur, le Français Fabrice Leggeri, a été accusé d'avoir couvert certains rejets massifs de demandeurs d'asile, illégaux au regard du droit européen, par la police grecque dans la mer Égée avec le consentement tacite des agents de Frontex.
Hans Leijtens a pris ses fonctions en mars 2023, près d'un an après la démission de Fabrice Leggeri, qui est devenu entre-temps député européen pour le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et siège au sein du groupe des Patriotes pour l'Europe, le même que celui de la Ligue.
Les deux hommes se sont rencontrés le 4 septembre, lors d'une audition au cours de laquelle Hans Leijtens a informé la commission des libertés civiles du Parlement européen, dont Fabrice Leggeri est désormais membre, des activités de Frontex. Pour plusieurs députés européens qui se sont exprimés lors du débat, le nouveau directeur semble accorder plus d'attention à la protection des droits fondamentaux des migrants que son prédécesseur.
La première chose pour nos agents est de sauver des vies sur terre et en mer. "Ce que nous pouvons faire dépend aussi des ressources, mais au moins nous promettons toujours de le faire. Je le répète, tous les agents de Frontex ont prêté serment en promettant de servir et de protéger. C'est ce que nous faisons, c'est la priorité", précise Hans Leijtens à Euronews.
Les migrants clandestins en Europe en forte baisse
La réunion avec les eurodéputés a également été l'occasion de présenter les dernières données de Frontex sur la migration irrégulière dans l'UE.
Au cours des sept premiers mois de 2024, les franchissements irréguliers des frontières européennes ont diminué de 36 % par rapport à l'année précédente, principalement en raison de la baisse de la route des Balkans (-75 %) et de la route de la Méditerranée centrale (-64 %). 43 000 débarquements irréguliers ont été enregistrés depuis le début de l'année, selon les données du ministère italien de l'Intérieur : moins de la moitié des 115 000 de 2023.
En revanche, les débarquements aux îles Canaries, particulièrement sous pression ces dernières semaines, ont plus que doublé et les entrées du Bélarus vers les pays baltes ont presque triplé.
Au total, les passages irréguliers enregistrés par Frontex de janvier à juillet 2024 sont au nombre de 113 400 : les migrants qui sont effectivement entrés sur le territoire de l'Union pourraient être moins nombreux, un même individu pouvant être enregistré plusieurs fois pour des passages frontaliers différents.