La sonde spatiale européenne Juice a décollé à la deuxième tentative, vendredi à bord d'une fusée Ariane 5, destination Jupiter et ses lunes glacées, à la recherche d'environnements habitables pour des formes de vie extra-terrestre.
La sonde spatiale européenne Juice a décollé après une seconde tentative à bord d'une fusée Ariane 5, destination Jupiter, à la recherche d'environnements habitables pour des formes de vie extra-terrestre.
Juice devait décoller jeudi 13 avril, mais l'envol a été retardé en raison de risques d'orages. La mission scientifique phare de l'Agence spatiale européenne (ESA) a pu s'élancer à 14H14 GMT depuis la base de Kourou, en Guyane française.
Le directeur des opérations a annoncé que la trajectoire de l'engin spatial était "nominale", c'est à dire conforme à celle qui était prévue.
Un décollage à une seconde près pour la sonde spatiale européenne
Jeudi, les équipes du Centre spatial guyanais avaient dû interrompre les opérations sept minutes seulement avant le décompte final, à cause d'un risque de foudre.
Contrairement aux lancements classiques qui disposent d'une certaine marge pour décoller, la fenêtre de tir de la sonde Juice est à une seconde près, du fait de l'orbite particulière qui est visée.
"Juice est la sonde la plus complexe jamais envoyée vers Jupiter", a souligné le directeur général de l'ESA Josef Aschbacher.
"C'est une mission extraordinaire qui montre tout ce dont l'Europe est capable", s'était félicité Philippe Baptiste, le président du Centre national d'études spatiales (CNES) qui gère le CSG.
Conçue par Airbus, Juice embarque dix instruments scientifiques (caméra optique, spectromètre imageur, radar, altimètre, magnétomètre...). La sonde est aussi équipée d'immenses panneaux solaires de 85 m2 - la taille d'un terrain de basket - pour garder de la puissance, dans un environnement où la lumière du Soleil est 25 fois plus faible que sur Terre.
C'est la première fois que l'Europe spatiale part explorer une planète du système solaire externe, qui démarre après Mars.
"Par petites touches, l'exploration spatiale repousse les frontières de la connaissance", s'est félicité auprès de l'AFP Thomas Pesquet. "Si nous, on est en position de retourner sur la Lune dans quelques années c'est parce qu'il y a eu des précurseurs robotiques. L'exploration robotique et habitée sont deux bras d'un même effort", a-t-il fait valoir.
Un voyage non sans difficultés
Le lancement de la sonde spatiale n'est que le prélude d'une croisière qui "ne sera pas du tout tranquille", a commenté Carole Larigauderie, cheffe du projet Juice au CNES.
Juice ne doit atteindre sa destination finale, à plus de 620 millions de kilomètres de la Terre, qu'en 2031. Ne pouvant rejoindre directement Jupiter, l'engin devra en passer par de complexes manœuvres d'assistance gravitationnelle qui consistent à utiliser la force d'attraction d'autres planètes pour gagner de la vitesse.
Juice cible Ganymède : en 2034, elle devrait se placer en orbite autour de ce satellite naturel, le plus gros du système solaire et le seul à posséder un champ magnétique la protégeant des radiations.
Entre deux épaisses croûtes de glace s'y meut un gigantesque océan, "profond de plusieurs dizaines de kilomètres, bien plus profond que les océans sur Terre", a souligné Josef Aschbacher.
L'enjeu de la mission est d'en connaître la composition, pour déduire si un écosystème pourrait s'y développer. "On sait que sur Terre, il existe un lac subglaciaire (dans l'Antarctique, NDLR) où on a trouvé une sorte de mucus qui se développe - donc de la vie", décrypte Carole Larigauderie.