LeCun a déjà affirmé ne pas partager l’idée selon laquelle les LLM, dans lesquels Meta investit des milliards, représentent l’avenir de l’intelligence.
Le « parrain français de l’IA », Yann LeCun, a annoncé qu’il quittait Meta pour créer sa propre entreprise d’apprentissage automatique afin de « faire advenir la prochaine révolution de l’IA ».
LeCun a indiqué qu’il quittera son poste de directeur scientifique de l’intelligence artificielle chez Meta à la fin de l’année.
« Comme beaucoup d’entre vous l’ont appris par des rumeurs ou des articles récents, je prévois de quitter Meta après 12 ans : 5 ans comme directeur fondateur de FAIR et 7 ans comme directeur scientifique de l’IA », a-t-il écrit mercredi sur LinkedIn.
LeCun affirme de longue date que les grands modèles de langage (LLM) qui alimentent l’IA générative, comme ChatGPT et Llama de Meta, sont limités et ne mèneront pas à une véritable intelligence informatique, malgré les millions de dollars que Meta y consacre.
« Les LLM, c’est très bien, c’est utile, il faut y investir ; beaucoup de gens vont s’en servir », a déclaré LeCun lors d’un événement dimanche.
« Ce n’est pas une voie vers une intelligence de niveau humain. Tout simplement non. À l’heure actuelle, ils prennent tout l’oxygène de la pièce partout où ils passent, et il ne reste pratiquement plus de ressources pour le reste. Pour la prochaine révolution, il faut donc prendre du recul et déterminer ce qui manque aux approches actuelles », a-t-il ajouté.
LeCun affirme que la véritable intelligence informatique viendra des « modèles du monde », qui apprennent à partir de données visuelles, par exemple en regardant des vidéos.
Plutôt que de prédire le mot suivant, comme le font les LLM, ils anticipent ce qui se passe dans l’état du monde suivant et comment les choses évoluent dans le temps, avec pour objectif d’apprendre la causalité.
LeCun a expliqué que sa nouvelle start-up vise à poursuivre le programme de recherche Advanced Machine Intelligence qu’il menait au sein de FAIR et de NYU.
« L’objectif de la start-up est de faire advenir la prochaine grande révolution de l’IA : des systèmes qui comprennent le monde physique, disposent d’une mémoire persistante, savent raisonner et planifier des enchaînements d’actions complexes », a-t-il déclaré.
AMI, qui en français signifie « ami », aura « des applications très vastes dans de nombreux secteurs de l’économie, dont certaines recoupent les intérêts commerciaux de Meta, mais beaucoup non », a-t-il ajouté.
LeCun estime que développer AMI comme « entité indépendante est une manière d’en maximiser l’impact à grande échelle ».
Il a remercié Mark Zuckerberg, fondateur et directeur général de Meta, et indiqué qu’en raison de l’intérêt antérieur de ce dernier et d’autres dirigeants de Meta pour AMI, Meta sera « partenaire de la nouvelle entreprise ». Cependant, LeCun n’a pas précisé la nature de ce partenariat.