Marge de manoeuvre diplomatique réduite pour Israël

Marge de manoeuvre diplomatique réduite pour Israël
Tous droits réservés 
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Gaza, Janvier 2009. L’opération militaire israélienne baptisée “Plomb Durci”, et lancée en décembre 2008k se solde par la mort de 1400 Palestiniens et 13 Israéliens. Aux raids et bombardements succède alors une offensive terrestre de Tsahal.

Quatre ans plus tard, si Israël peut toujours compter sur une indéniable puissance militaire, la nouvelle donne, née du Printemps arabe, réduit sensiblement la marge de manoeuvre diplomatique de l’Etat Hébreu dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu avec le Hamas.

Le paysage géopolitique de la région a radicalement changé. En Egypte, Hosni Moubarak, considéré comme un allié d’Israël, a laissé la place a Mohamed Morsi, issu des Frères Musulmans. Le Président égyptien a déjà marqué ses distances avec son prédécesseur. Au début du mois, il a envoyé son Premier ministre, Hisham Kandil, à Gaza pour manifester son soutien au Hamas.

L’Egypte est une pièce maîtresse. Elle joue les intermédiaires entre Israël et le Hamas.
Un cessez-le-feu dépendra notamment de la volonté du Caire de limiter à l’avenir l’approvisionnement en arme du Hamas et si le conflit se poursuit, Mohamed Morsi pourrait aussi décider d’ouvrir plus largement sa frontière aux Palestiniens et d’accroître la pression politique sur Israël et sur les Etats-Unis.

L’autre signal fort de cette nouvelle donne a été la visite de l’Emir du Qatar dans la bande de Gaza à la veille de l’offensive israélienne. Il s’agissait de la première visite d’un chef d’Etat depuis que le Hamas a pris le contrôle de ce territoire palestinien en 2007.

Ancien allié d’Israël, la Turquie semble avoir radicalement pris ses distances avec l’Etat Hébreu. Le pays est-il en train de devenir un pilier
de la lutte anti-israélienne ? Il en prend en tous cas peut-être le chemin, en témoignent les récents propos du Premier ministre turc qui a conspué l’offensive israélienne.

“Une fois de plus, à la veille des élections en Israël, la bande de Gaza est devenue une cible. Sous couvert d’excuses totalement bidons, des civils et des enfants innocents sont sauvagement tués. Considérer ces attaques illégitimes et illégales comme de la légitime défense ne ferait qu’encourager Israël à mener d’autres massacres”, a dit Recep Tayyip Erdogan devant le Parlement turc.

Israël et la Turquie avaient signé une alliance militaire en 1996 mais les rélations bilatérales se sont dégradées depuis 2010 et l’assaut meurtrier par l’armée israélienne d’un navire turc qui transportait de l’aide humanitaire à Gaza.

Nous avons joint par téléphone, au Caire, Ahmed Olaiba, chercheur et analyste pour le quotidien égyptien Al-Ahram.

euronews:
Entre l’opération Plomb durci et l’opération Pilier de défense, quatre années se sont écoulées durant lesquelles le Proche-Orient a connu de grands changements sur le plan politique et stratégique, après le Printemps arabe. Pensez vous que celà a eu des répercussions sur le conflit israélo-palestinien et particulièrement sur le Hamas?

Ahmed Oleiba:
“Il est certain que le Printemps arabe a eu des retombées sur le mouvement Hamas et sur le dossier palestinien dans son ensemble. Il faut aussi noter l’idée d’un retour à un conflit arabo-israélien et non pas un conflit israélo-palestinien.
Si un changement est à constater, il se trouve du côté égyptien. L’Egypte est devenue un point central dans la gestion des négociations entre les deux parties et les contacts internationaux entre le Caire et les autres capitales du monde. Il y a eu un retour actif du rôle égyptien dans cette question. Mais il y a eu aussi un changement dans les axes. Le Hamas a coupé ses relations politiques avec la Syrie. Il a perdu l’appui du régime syrien présidé par Bachar al-Assad après avoir pris position en faveur de la révolution syrienne. Par ailleurs, il y a aussi des tensions dans les relations entre le Hamas et l’Iran”.

euronews :
Vous êtes arrivé hier de la bande de Gaza. Vous y étiez avec la délégation égyptienne. Pensez-vous qu’Israël visait d’autres objectifs par sa réponse aux tirs de roquettes palestiniennes venant de la bande de Gaza?

Ahmed Oleiba :
“Oui, j’imagine qu’Israël essaie d’envoyer des messages à des parties externes y compris les pays du Printemps arabe. Israël veut tester la réaction égyptienne et comprendre si la nouvelle administration égyptienne, au niveau de la politique et de la sécurité, pourrait affecter ses relations avec elle – Des relations qui ont été établies depuis trente ans à travers le traité de paix de Camp David – Ou alors, le rapprochement entre l’Egypte et le Hamas va dans le sens tactique de l‘état égyptien, l’Egypte favorisant ainsi ses intérêts politiques en fonctionnant de façon pragmatique”.

euronews :
Selon ces mouvements arabes et internationaux majeurs, y-a-t-il la perspective d’une solution politique ou d’une trêve à long terme en attendant une solution durable au conflit israélo-palestinien ?

Ahmed Oleiba :
“Cette question, je l’ai posée aux dirigeants palestiniens du Hamas pendant mon déplacement dans la bande de Gaza. La rue palestinienne est peut-être, elle-même, favorable à l’idée de “tester les intentions des deux parties dans un premier temps” et “que chaque chose aura un prix”.
En ce qui concerne le processus de la trêve, les dirigeants des factions palestiniennes disent que le prix peut être considérable et qu’il est impossible que le coté israélien l’accepte. Les parties palestiniennes évoquent le retour aux frontières de 67 et Jérusalem, et quand j’ai demandé si celà concernait Jérusalem-Est, on m’a déclaré : “Tout Jérusalem”, c’est pourquoi nous parlons actuellement “d’une offre impossible”.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Israël affirme avoir intercepté 99 % des drones et missiles lancés par l'Iran

Aide humanitaire : selon l'ONU, Gaza est en pénurie extrême de nourriture et d'eau

Après six mois de guerre à Gaza, Israël a retiré ses troupes du sud de l'enclave