L'Europe montera-t-elle dans le train du libre-échange ?

L'Europe montera-t-elle dans le train du libre-échange ?
Par Euronews
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Dans quelques années à peine, 90 % de la demande mondiale émanera de l’extérieur de l’Europe. Dans cette édition, Real Economy explore les relations commerciales de l’Union avec ses principaux partenaires et avec les pays émergents. L’enjeu est d’ampleur : si l’Union européenne arrivait au terme des discussions sur tous ces accords de libre-échange, cela pourrait aussitôt faire grimper son PIB de 275 milliards d’euros. Ce qui reviendrait à intégrer un pays de la taille de l’Autriche ou du Danemark et augmenterait le nombre d’emplois de 2,2 millions.

Les accords de libre-échange dont l’objectif est de réduire les barrières commerciales entre les pays ont pris une importance cruciale en période de crise, la première réaction des Etats consistant à se montrer protectionnistes. Au niveau mondial, les restrictions au commerce ont augmenté en 2013 par rapport à l’année précédente.

L’Union européenne a déjà conclu des accords avec cinquante pays. Des discussions sont en cours avec la Chine et l’accord avec les Etats-Unis fait l’objet d’intenses débats. Il faut dire que la relation transatlantique est le plus important partenariat commercial au monde et compte pour la moitié du PIB mondial.

Ces accords prennent un tour concret au sein des entreprises désireuses de vendre leurs produits à l’export comme la société néerlandaise Droog spécialisée dans le mobilier design. Son directeur commercial souligne les difficultés pour une PME de se confronter aux réglementations qui s’avèrent différentes selon les pays – en particulier de part et d’autre de l’Atlantique – et en appelle à une harmonisation. Le libre-échange a aussi du sens pour les infrastructures de transport comme le port de Rotterdam dont l’essor est favorisé par ces partenariats.
Mais des points de blocage existent, notamment dans ces négociations avec les Etats-Unis sur le “Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement” (TTIP) : la tentation est grande pour chaque partie de fixer des lignes rouges, de ne pas mettre tous les secteurs sur le même plan et d’en protéger certains comme on l’a vu lors du cycle de Doha à l’OMC.

Pour nous donner le point de vue des entrepreneurs, nous avons interviewé Jean-Guy Carrier, actuel secrétaire général de la Chambre de commerce internationale et ancien collaborateur de l’Organisation mondiale du commerce. Il souligne l’intérêt des accords multilatéraux : “le côté négatif des relations bilatérales, c’est qu’il existe plus de 400 types d’accords et que les règles changent sur chaque marché ; donc, si vous êtes une PME”, poursuit-il, “que vous voulez vendre vos produits et que vous n’avez pas de service juridique, c’est parfois une tâche très compliquée”. Jean-Guy Carrier dénonce aussi l’attitude de certains pays qui selon lui, utilisent les réglementations sur les normes sanitaires pour faire preuve de protectionnisme : “ils exagèrent l’importance de ces normes pour empêcher de nombreux pays – pauvres, en particulier – d’accéder à leur marché”. Enfin, le secrétaire général de l’ICC assure que contrairement à ce que beaucoup croient, “le libre-échange crée des emplois” et que “la tendance inverse – à savoir les mesures protectionnistes qui ont été prédominantes ces dernières années – aboutit à leur destruction”, insiste-t-il.

Les relations commerciales de l’Europe avec les pays émergents passent aussi par un investissement de leurs entreprises sur son territoire. Par exemple, les professionnels indiens ont investi au cours des dix dernières années, l‘équivalent de 43 milliards d’euros dans l’Union. Les deux tiers ont servi à financer des fusions et acquisitions d’entreprises existantes, le reste à lancer de nouvelles activités. Les Indiens s’intéressent particulièrement aux secteurs pharmaceutique et automobile et aux services dans les technologies de l’information.

On peut citer Tata Consultancy Services, une entreprise indienne opérant dans ce domaine, qui a racheté l’an dernier, la société française Alti et embauché trois cents personnes. En douze mois, son activité a fait un bond de 51 % en Europe, zone stratégique pour le groupe d’après son responsable de la communication qui dit attendre avec impatience la signature d’un accord de libre-échange entre l’Europe et l’Inde. L’UE négocie cet accord depuis 2007. Principales pierres d’achoppement entre les parties : l’agriculture, les normes en matière de travail et les médicaments génériques.

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