La navigatrice française Florence Arthaud prend le large pour toujours

La navigatrice française Florence Arthaud prend le large pour toujours
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Par Joël Chatreau
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Florence Arthaud a failli mourir en voiture à son adolescence, elle a failli disparaître en mer au moins une fois, en Méditerranée, mais c’est un accident d’hélicoptère dans une zone montagneuse du nord-ouest de l’Argentine qui l’a finalement emportée…La France pleure son éternelle “petite fiancée de l’Atlantique”, même si elle avait 57 ans, et le monde de la voile perd l’une des plus grandes navigatrices mondiales. Elle s‘était notamment imposée dans ce monde de marins purs et durs en remportant en 1990 la Route du Rhum, la célèbre transat en solitaire reliant Saint-Malo, en Bretagne, à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.

"La petite fiancée de l'Atlantique", nous a fait rêver, nous a transmis la passion de la Mer #FlorenceArthaudpic.twitter.com/5P05trScMT

— Charles BLEC'H (@CHBVII) March 10, 2015

Fille de Jacques Arthaud, ancien directeur de la maison d‘édition du même nom, décédé en novembre dernier, la navigatrice a dû se faire un prénom. Elle avait de qui tenir puisque son père aimait les livres mais aussi l’aventure. C’est d’ailleurs lui qui l’a plongée toute jeune dans la marmite de “potion magique”, l’océan, en lui faisant pratiquer la voile. Ainsi, dès ses 18 ans sonnés, Florence Arthaud a choisi de s’attaquer à l‘épreuve la plus ambitieuse, la traversée de l’Atlantique. Un an auparavant, un grave accident de la route, avec coma et longue hospitalisation, lui avait fait penser qu’il fallait vivre à fond et profiter de chaque moment.

Son “dépassement de soi” commence et il ne s’arrêtera pas de sitôt. En 1978, pour la première édition de la Route du Rhum, elle entre en lice, défiant les meilleurs navigateurs du moment. Et elle ne s’en tire pas si mal, décrochant la 11ème place à l’arrivée. Peu de temps après, 1990 sera SA grande année. Au mois d’août, Florence Arthaud bat le record de la traversée de l’Atlantique Nord en solitaire, détenu par un certain Bruno Peyron. En bouclant la course en 9 jours, 21 heures et 42 minutes, elle “gratte” tout de même deux jours à son camarade navigateur. Dans son élan, en novembre qui suit, elle gagne carrément la Route du Rhum, la transat des transats. Pour cette brillante victoire, le journal L’Equipe la sacre à la une “Championne des champions français”.

Le navigateur Olivier de Kersauson est très ému par la mort de son amie :

Kersauson : "nous avons tous perdu une petite soeur" http://t.co/2VyK4t2Fnb#Arthaud#Droppedpic.twitter.com/P5YY28TAPh

— Le Télégramme (@LeTelegramme) March 10, 2015

Mais comme tout le monde, la “petite fiancée de l’Atlantique” a besoin de trouver aussi le bonheur ailleurs que dans sa vie professionnelle. A 36 ans, elle donne naissance à sa fille, Marie. Puis à 48 ans, elle se marie mais l’union se solde par un échec. Dans son autobiographie “Un vent de liberté”, publiée récemment, en 2009, Florence Arthaud avouait qu’elle avait passé des moments très difficiles dans sa vie privée, sombrant dans l’alcool, elle qui n’avait jamais sombré au milieu des océans traversés…

Les réactions d’autres navigateurs :

Catherine Chabaud : “Sa victoire sur la Route du Rhum a certainement fait changer le regard des médias et du grand public en prouvant qu’on pouvait gagner dans ce sport face à des hommes mais les marins savaient déjà qu’on était en capacité de gagner. A un haut niveau, dans la course au large, il n’y a pas de machisme, il y a énormément de respect pour les femmes qui naviguent. Sa victoire a certainement donné confiance à d’autres femmes. Florence a ouvert des portes, elle a fait du bien aux femmes”.

Roland Jourdain : “Ce qui la caractérisait, c‘était son énergie. Sur un bateau, elle avait la niaque. A terre, elle avait cette énergie aussi, avec une réputation de fêtarde. C‘était une vraie pionnière. Le fait de gagner contre des vilains marins barbus et machos avait eu un grand retentissement. On peut déplorer que maintenant, il y ait moins de femmes dans la course au large”.

Marc Guillemot : “Florence, on l’imaginait immortelle. C‘était quelqu’un qui jouait souvent avec la vie, plutôt avec réussite. En bateau, c‘était quelqu’un qui n’avait jamais peur, une fonceuse, une locomotive, quelqu’un qui avançait et parfois ne prenait pas de gants. C’est une fille qui a su s’imposer dans un monde très masculin et à se faire non seulement une place mais un nom. Elle a changé les habitudes, commandé des équipages d’hommes. Tous ceux qui ont navigué avec elle ont énormément de respect”.

En 1989, la navigatrice avait fait un bref détour par la chanson. En duo avec Pierre Bachelet, elle avait interprété trois chansons dont “Flo” :

Triste clin d’oeil du destin : Florence Arthaud venait de terminer d‘écrire ses mémoires qui sont parues le 19 mars (aux Editions Arthaud); elles s’intitulent “Cette nuit, la mer est noire”.

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