Une amende forfaitaire pour les consommateurs de cannabis ?

Une amende forfaitaire pour les consommateurs de cannabis ?
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Par Raphaele Tavernier avec AFP - AP - REUTERS
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La France pourrait bientôt alléger la répression de la consommation du cannabis mais elle restera encore loin d'une quelconque dépénalisation, à rebours de plusieurs de ses voisins européens.

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À contre-courant de nombreux pays européens, la France reste rigide en matière de consommation de cannabis. Un rapport parlementaire présenté ce mercredi préconise de sanctionner les usagers, notamment par une amende allant de 150 à 200 euros et pouvant être éventuellement assortie de poursuites. Pour les spécialistes, le "tout répressif" serait pourtant loin d’être la solution.

"C’est une occasion manquée de réformer les politiques des drogues en France, car en effet, on est là sur une proposition qui consiste à systématiser une politique répressive qui jusqu’à maintenant n’a pas été efficace ni en France, ni ailleurs", estime Renaud Colson*, Maître de conférences à l'Université de Nantes.

Politique répressive ou plus souple, force est de constater que les mesures instaurées quelles qu’elles soient n’ont pas d’impact sur la consommation.

"Certains pays comme l’Espagne où il y a une plus forte tolérance, gardent un niveau de consommation très élevé. Et inversement, les Pays-Bas qui sont aussi connus pour leur tolérance en matière de cannabis ont un niveau de consommation très faible. Ce dont on se rend compte, c’est qu’il n’y a pas de lien mécanique entre le cadre juridique et le niveau de consommation", explique [David Weinberger](http://en.ofdt.fr/publications/drugs-international-challenges/criminal-networks-and-indoorcannabis- europe-has-it-reached-france-n-1-may-2011/), chercheur à l'Institut des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et membre du Centre de sociologie européenne (EHESS-CNRS).

Une dépénalisation permet cependant de renforcer les politiques de prévention et de réduction des risques, mais elle a aussi ses limites.

"Dépénaliser, c’est pacifier les relations institutionnelles que l’État et le droit entretiennent avec les usagers de stupéfiants, ce qui permet de rentrer dans un dialogue de prévention et éventuellement de cure pour ceux qui en ont le plus besoin. Ceci dit, la dépénalisation ne change rien en matière de marché noir et en terme de criminalité. Pour s’attaquer sérieusement au problème de criminalité généré par la prohibition, il faut légaliser. Mais la légalisation est un mot qui fait un peu peur. Il vaut mieux parler de régulation, ce qui signifie encadrer, de la production à la distribution, jusqu’à l’usage, les pratiques d’usage massives qui aujourd’hui caractérisent nos sociétés et qu’il est totalement vain de vouloir éradiquer par le droit. Cela fait 80 ans qu’on essaie et ça ne marche pas. Ça ne marche pas en France et ça ne marche nulle part", constate Renaud Colson, Maître de conférences à l'Université de Nantes.

*Renaud Colson & Henri Bergeron (eds.), European Drug Policies: The Ways of Reform, Routledge, 2017.

*Renaud Colson & Henri Bergeron (dir.), Le droit face aux drogues, coll. *

La vie des idées.fr, Presses Universitaires de France, 2015.

*La prohibition des drogues. Regards croisés sur un interdit juridique, Presses universitaires de Rennes, 2005. *

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