Affaire Skripal : "l'Occident est déjà divisé"

L’ambassadeur russe auprès de l’Union européenne Vladimir Chizhov
L’ambassadeur russe auprès de l’Union européenne Vladimir Chizhov
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Par Euronews
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L’escalade diplomatique se poursuit entre l’Occident et la Russie après l’attaque de Salisbury. Une vingtaine de pays et l’Otan ont décidé d’expulser des diplomates russes.

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L'empoisonnement d'un ancien espion russe au Royaume-Uni provoque une crise diplomatique profonde entre l'Union européenne et la Russie. En réponse plusieurs Etats membres ont décidé d'expulser des diplomates russes. Pour l'analyste du German Marshall Fund, Rosa Balfour, Moscou mène une stratégie délibérée contre les Européens et leurs alliés. "La politique du Kremlin est une politique de division de l'Occident, de déstabilisation de l'Occident, de saper sa crédibilité et ses valeurs", explique-t-elle. Derrière la solidarité des Etats membres envers le Royaume-Uni, il existe pourtant des fractures entre les 28. Selon le chercheur Constantinos Filis "tous les pays membres ne sont pas d'accord avec Bruxelles".

Officiellement les 28 ne sont pas allés au-delà de la condamnation de l'attaque de Salisbury. Mais les choix pris par certaines capitales donnent une indication du positionnement possible à l'avenir de l'Union selon Rosa Balfour. "Le fait que l'Allemagne, l'Italie, la France, les principaux pays européens qui ont des liens commerciaux forts avec la Russie et qui dépendent de l'énergie russe, ont exclu des diplomates russes c'est un signal clair de la direction que l'Union européenne va prendre", juge-t-elle. Dans ce contexte Euronews a interrogé l’ambassadeur russe auprès de l’Union européenne, Vladimir Chizhov.

Euronews :

"Etes-vous en train de faire vos valises pour rentrer à Moscou?"

Vladimir Chizhov :

"Je devrais?"

Euronews :

"Je vous le demande."

Vladimir Chizhov :

"Je ne vois pas de raison pour cela. Cela fait plusieurs années que je travaille ici à Bruxelles pour promouvoir la coopération entre la Russie et l'Union européenne dans différents domaines et à moins d'être rappelé par mon président j'ai l'intention de poursuivre mon travail."

"Des soupçons et des suppositions"

Euronews :

"Quelles mesures peut-on attendre désormais de Moscou après ces expulsions?"

Vladimir Chizhov :

"Il faut s'attendre à une réponse adéquate au niveau national, sur une ligne bilatérale bien sûr car ces expulsions ont été décidées au niveau national comme l'a précisé vendredi dernier à l'issue du sommet européen le président du Conseil européen, Donald Tusk".

Euronews :

"Mais que ressentez-vous pour ces pays considérés comme les plus proches de la Russie au sein de l'Union, comme la Hongrie et l'Italie, qui ont expulsé des diplomates russes?"

Vladimir Chizhov :

"Je suis profondément déçu qu'un certain nombre de pays, en fait la moitié des Etats membres, ait décidé, je devrais dire, de suivre une fausse solidarité, de suivre l'initiative du Royaume-Uni qui n'est pas basée sur des preuves concrètes mais sur des soupçons et des suppositions."

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Euronews :

"De nombreux Etats membres et les Etats-Unis ont mené une action diplomatique coordonnée contre la Russie. Est-ce que vous pensez que ce contexte peut créer un nouveau un conflit de type Guerre froide entre l'Occident et la Russie?"

Vladimir Chizhov :

"Je ne vois pas de raison objective pour un conflit entre la Russie et l'Occident comme vous dites. L'Occident est déjà divisé. Lorsque la Première ministre britannique, Theresa May, vante le niveau d'unité et de solidarité et juge que cela prouve que les efforts russes pour diviser l'Union européenne sont vains, et bien c'est elle qui a tout fait pour diviser l'Union européenne avec cette action car seule la moitié des Etats membres a suivi le Royaume-Uni et l'autre moitié ne l'a pas fait".

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