Du troc aux achats en gros, les stratégies des Argentins pour faire face à l'inflation

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Prix de la farine doublé en moins d'un an, oeufs plus chers de moitié, huile en hausse : les courses au quotidien sont devenues un casse-tête pour les Argentins les plus modestes qui, du troc aux achats en gros, multiplient les stratégies pour faire face à l'inflation galopante.

"C'est devenu compliqué de faire toutes ses courses au même endroit. On marche toute la journée pour trouver les meilleurs prix", explique Augustina Saravia, devant les étals du marché hebdomadaire de Nueva Pompeya, un quartier de Buenos Aires où vivent familles de la petite classe moyenne et habitants plus modestes.

"Ici les tomates coûtent 50 pesos le kilo, chez le primeur elles coûtent 30", constate la trentenaire, avant d'aller voir les prix au supermarché voisin.

Comme elles, la plupart des clients du marché scrutent les prix affichés avec attention, hésitent, s'en vont vérifier les prix ailleurs et finissent parfois par revenir pour acheter un sac de pommes ou une poignée de légumes.

Selon l'Institut national des statistiques argentin (INDEC), depuis janvier, l'inflation a atteint 24,3% sur les huit premiers mois et devrait franchir les 30% en septembre. La hausse est encore plus marquée pour l'alimentation, avec des pics pour la farine (115%), les oeufs (56%), l'huile (40%)...

- "Pots cassés" -

Autre moyen d'optimiser les dépenses, les achats en gros pour lesquels plusieurs chaînes de magasins se sont spécialisées ces dernières années.

"Pour un kilo de riz acheté chaque jour dans mon quartier, ici j'achète deux paquets familiaux pour tous le mois", explique Vanessa Ledesma, mère de quatre enfants, devant un "mayorista" (magasin en gros) du sud de la capitale, qu'elle a rejoint après 40 minutes de bus.

La mère de famille, qui suit une formation pour être infirmière, vient une fois par semaine pour débusquer les prix les plus intéressants. Dans son chariot, les courses du jour se limitent à cinq produits basiques. "Je n'ai pas acheté grand chose car les prix ont augmenté", dit-elle. En août, les tomates ont encore pris 10%, le poulet 8%, les patates 7%...

"(Les plus riches) veulent tous des dollars, mais ils ne tiennent pas compte que ceux qui payent les pots cassés ce sont les pauvres qui ne touchent pas aux dollars", lance-t-elle avec amertume, en référence à la chute de 20% du peso entre fin août et début septembre (50% depuis janvier).

- Sucre contre vêtements -

Sur un espace vert, derrière la gare de Monte Grande, à une quarantaine de km du centre de Buenos Aires, les achats de gros connaissent un autre destin. Tamara, 28 ans, est venue y échanger des paquets de sucre achetés en quantité il y a plusieurs mois. Sans emploi, avec une fille à charge et un loyer à payer, le troc organisé lui permet de faire face.

"Je m'en sors comme cela. Cela fait deux mois que je ne vais plus au supermarché. Je m'approvisionne grâce au troc. J'en fréquente trois par semaine", explique la jeune femme qui vient d'échanger du sucre contre des pâtes, des tomates et des vêtements.

Apparus lors de la grave crise économique de 2001, les clubs de troc n'ont jamais vraiment disparu du paysage argentin. Mais les difficultés récentes leur ont redonné de la vigueur, alors que Facebook facilite désormais les prises de contact entre potentiels échangeurs.

"Nous nous organisons via Facebook pour que les membres puissent recevoir des demandes et obtenir des échanges concrets (...) car certains font jusqu'à une heure de trajet", explique Miriam Silva, une administratrice du groupe Canje solidario MG (Echange solidaire MG, environ 3.000 membres) qui organise une session de troc tous les vendredi.

Sur place, les candidats aux échanges, surtout des femmes, s'identifient grâce à des numéros inscrits sur des pancartes ou des dossards. "Nous ne nous connaissons pas, mais nous nous entraidons", se félicite Liliana Trobiano, aide-soignante de 46 ans, qui élève seule deux enfants et participe pour la première fois à un troc.

Pour les médicaments, dont les prix ont aussi augmenté, le groupe a décidé qu'ils feraient l'objet de dons, et non d'échanges : "nous sommes aussi un réseau solidaire", souligne Miriam Silva.

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