A la plus vieille salle d'armes de Paris, l'escrime comme au 19e siècle
Le temps semble s'être arrêté aux Salles d'Armes Coudurier, le plus ancien club d'escrime parisien qui s'efforce de perpétuer les traditions de gentleman de ce sport.
Le club a été créé en 1886, dix ans avant les premiers Jeux Olympiques modernes d'Athènes, dont l'escrime faisait partie.
Dans une petite pièce où les épées claquent et où le parfum du cuir et de l'acier se mêle à la sueur, les élèves apprennent que l'escrime n'est pas seulement un sport, mais aussi un art.
Le club, situé dans le quartier latin de Paris, est ouvert à tous.
Comme le veut la tradition, chaque nouvel élève qui arrive fait face au maître d'armes, Jean-Pierre de Pinel de La Taule, et exécute quelques exercices contre son plastron de cuir.
De La Taule dit que la technique et la beauté des gestes sont primordiales pour marquer des points.
Ici, les bandes de cuir pour le terrain de jeu ne mesurent que 7 mètres de long et à peine un demi-mètre de large (1,6 pied) alors que la réglementation actuelle exige un espace de 15 mètres sur 1,5 mètre.
Les passionnés d'escrime se retrouvent tous les soirs, avec des mercredis dédiés aux enfants.
Etudiant en histoire, Olivier Robert, comme beaucoup de ceux qui viennent au club, est avide d'apprendre l'escrime "classique".
"Vous voyez donc qu'il n'y a pas d'escrime électrique ici (...), c'est plus le geste harmonieux, la perfection des gestes que l'effort physique tel qu'il est aujourd'hui," dit Robert.
Jean-Paul Schapira, 85 ans, a rejoint le club à l'âge de 11 ans, et vient encore chaque semaine.
Depuis 1971, Maître De Pinel enseigne ce qu'il appelle "l'escrime fine", où les bonnes manières et la courtoisie sont aussi importantes que la maîtrise du geste, l'équilibre, la souplesse et la coordination.
Ce style d'escrime a maintenant disparu des compétitions officielles d'aujourd'hui, dit-il. Il en va de même pour des sports comme le tennis ou le rugby, où la force et la puissance comptent plus que la beauté.