La 15ème Biennale d'art contemporain de Lyon explore le mélange des genres

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Par Andrea Bolitho
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Pour sa 15ème édition, la Biennale d'art contemporain de Lyon investit un ancien fleuron industriel de la ville, l'usine d'électroménager Fagor-Brandt. Le site évoque le pouvoir de transformation de l'art, mais aussi ses dimensions les plus inattendues.

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Art et industrie, c'est le mélange détonnant imaginé par l'équipe du Palais de Tokyo de Paris pour la Biennale d'art contemporain de Lyon. Cet événement, l'un des plus grands en Europe qui met à l'honneur le meilleur de la création mondiale sous toutes ses formes, vient de débuter ce mercredi 18 septembre 2019. Il investit pour sa quinzième édition, l'usine d'électroménager Fagor-Brandt fermée depuis quatre ans.

"De l'inframince à la cosmogonie"

"Nous voulions surtout créer la traversée d'une expérience," explique Vittoria Matarrese, conservatrice du Palais de Tokyo.

"Or pour traverser une expérience, on a commencé à imaginer un paysage : alors, quel type de paysage ? Non pas simplement un paysage de nature, mais un paysage qui est aussi économique, social, historique, politique, bactériologique, passant de l'inframince à une échelle plus cosmogonique," précise-t-elle.

Critique de nos valeurs

Design moderniste, glam rock et humour se mêlent dans "Design Room", une installation multimédia et multi-facettes. Elle est signée du duo d'artistes Ashley Hans Scheirl et Jakob Lena Knebl. "J'aime utiliser la formule : "Trans-média, trans-style, transgenre" parce que je suis moi-même transgenre et dans mes peintures, j'essaie toujours de mélanger les genres et les médias," indique le premier.

Les deux créateurs explorent aussi la face sombre de l'embourgeoisement et de notre système de valeurs.

"Je crois que nous avons besoin que nos sociétés s'organisent totalement différemment dans l'avenir," indique Jakob Lena Knebl qui ajoute : "Sinon, nous finirons peut-être au bord... comment dit-on déjà ?"

"Au bord du précipice, comme ici," complète Ashley Hans Scheirl en désignant une partie de leur installation en contrebas.

"Un nouveau foie pour Prométhée"

L'art rejoint aussi la science dans "Prometheus Delivered". Une sculpture en marbre représentant Prométhée ligoté se décompose lentement sous l'action de bactéries mangeuses de pierre.

Son créateur Thomas Feuerstein nous explique comment le mythe transparaît dans son installation.

"La punition, c'est que chaque jour, un aigle dévore le foie de Prométhée et le foie représente l'avenir," indique-t-il. "Je voulais que les scientifiques de la faculté de médecine en Autriche réalisent un nouveau foie pour mon Prométhée et ils ont réussi : pour ma sculpture, ils l'ont cultivé à partir de cellules hépatiques humaines," souligne-t-il.

La Biennale bat son plein dans tout Lyon, en particulier dans son centre-ville, mais aussi au Musée d'Art contemporain. C'est là que sont notamment exposées les photographies prises par l'artiste français Karim Kal au sein de l'Établissement pénitentiaire pour mineurs de Meyzieu près de Lyon. Des images frappantes qui donnent à voir de minuscules détails de la vie en détention.

"L'idée générale était d'épouser le point du vue des détenus ou des usagers des locaux," dit Karim Kal. "Les images sont réalisées de nuit avec un flash assez puissant et une vitesse d'obturation rapide : ce qui fait que l'arrière plan est absolument noir," fait-il remarquer.

Métamorphoses

L'artiste nous montre une autre photo : "On a le portrait d'un surveillant qui a été réalisé par un détenu au stylo bille ; on a aussi ce carreau qui est brisé, qui renvoie à une pratique très répandue dans le milieu carcéral qui est celui de faire claquer sa fenêtre pour manifester son mécontentement," décrit-il.

Cette sélection unique parmi le travail de plus de 50 artistes originaires du monde entier est à découvrir jusqu'en janvier prochain. De nombreuses œuvres de cette ambitieuse et éclectique biennale se transformeront dans les prochains mois. Ces évolutions font écho à la métamorphose du bâtiment de l'ancienne usine d'électroménager Fagor-Brandt devenue centre culturel.

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