Les hydrocarbures, pomme de discorde gréco-turque

Le navire de recherche turc, Oruc Reis, ancré au large d'Antalya sur la Méditerranée, en Turquie, lundi 27 juillet 2020
Le navire de recherche turc, Oruc Reis, ancré au large d'Antalya sur la Méditerranée, en Turquie, lundi 27 juillet 2020 Tous droits réservés Burhan Ozbilici/AP
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Par Anne-Lise Fantino
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Les gisements gaziers sont au coeur des tensions qui ont abouti aux manoeuvres militaires européennes, menées en Méditerranée orientale.

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Les manœuvres militaires européennes menées en Méditerranée orientale cristallisent les tensions gréco-turques. La Grèce, la France, l’Italie et Chypre ont entamé un exercice conjoint ce mercredi dans cette zone, mais le président turc Recep Tayip Erdogan défend coûte que coûte ses intérêts gaziers et met en garde Athènes contre toute "erreur" qui mènerait à sa "ruine".

"On ne peut pas exclure la possibilité d'un embrasement qui résulterait d'un concours de circonstances", estime Panagiotis Tsakonas, enseignant en Relations Internationales à l'université d'Athènes. "Cependant, je pense que cette crise face à la Turquie en Méditerranée orientale montre que le président Erdogan ne veut pas d'une confrontation violente avec la Grèce, mais qu'il suit avec prudence une stratégie de tension sous contrôle. Sous contrôle, c'est là l'important".

Le 10 août dernier, Ankara a déployé son bâtiment sismique Oruç Reis en Méditerranée Orientale, dans une zone que se disputent la Turquie et la Grèce, et où d'importants gisements gaziers ont été découverts au cours de ces dernières années.

"Nous assistons à cette crise depuis plus de dix ans", note Hamdi Firat Büyük, analyste politique, "et nous constatons aujourd'hui que les deux pays défendent leurs revendications. L'accord entre la Turquie et la Libye pour le partage de la Méditerranée orientale a provoqué une escalade des tensions, puis l'accord entre la Grèce et l'Egypte, et nous voyons donc les deux pays faire pression pour obtenir le maximum".

Ce différend figure à l'agenda du Conseil des ministres des affaires étrangères de l'Union Européenne, qui se tient jeudi et vendredi, à Berlin.

"D'éventuelles sanctions de l'Union visant la Turquie enverraient sans doute un message fort aux autorités turques", poursuit Panagiotis Tsakonas. "Cependant, je pense qu'elles ne seraient qu'un élément parmi d'autres d'une stratégie plus globale que l'UE doit développer à l'égard d'Ankara. Une stratégie qui s'appuierait en quelque sorte sur la méthode de la carotte et du bâton, un mélange de l'approche allemande, collaborative, avec la Turquie et de l'approche française qui entend freiner l'agression turque".

"Je ne suis pas certain qu'il y aura une déclaration commune comme cela a été le cas auparavant", explique Hamdi Firat Büyük. "Les relations entre la Turquie et l'UE sont déjà, on peut le dire, médiocres, et sanctionner Ankara ou faire des déclarations cinglantes ne ferait que les dégrader un peu plus."

Ankara soutient qu'"aucune concession" ne serait faite sur le statut des eaux territoriales litigieuses.

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