Le soulagement et l'apaisement à Srebrenica après la confirmation du verdict contre Ratko Mladic

Les mères de Srebrenica devant un écran géant pour la retransmission du verdict du TPI de La Haye., 8 juin 2021
Les mères de Srebrenica devant un écran géant pour la retransmission du verdict du TPI de La Haye., 8 juin 2021 Tous droits réservés Darko Bandic/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
Par Sandrine DelormeEvelyn Laverick
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Les mères de Srebrenica soulagées après la condamnation définitive à la prison de vie du général Ratko Mladic pour le massacre de leurs hommes... En Serbie, le général reste malgré tout un héros pour certains.

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A l'endroit même où ils ont vu leurs proches être emmenés pour être exécutés, les survivants du massacre de Srebrenica ont suivi avec soulagement la confirmation de la condamnation à perpétuité de Ratko Mladic. 

Jugé à La Haye, l'ancien commandant militaire des Serbes de Bosnie a définitivement été condamné pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie de 1992 à 1995.

"Nous, les mères de Srebrenica, nous devons être heureuses parce que c'est une condamnation à vie. Il doit être en prison pour le reste de sa vie, tout comme je dois être seule pour le reste de ma vie, en attendant de rejoindre mon fils, mon mari, mon frère et beaucoup d'autres êtres chers qui sont au ciel", a témoigné Nedziba Salihovic. 

Mais selon Emis Suljagic, directeur mémorial de Srebrenica, il faudrait d'autres procès :

"J'étais ici les 11, 12, 13 et jusqu'au 21 juillet 1995. Ratko Mladic n'a pas tué près de 10 000 personnes tout seul, il n'était pas seul pour organiser la déportation de 30 000 personnes en trois jours."

Si certains survivants estiment donc que d'autres que Ratko Mladic devraient être jugés, pour de nombreux Serbes de Bosnie, le général reste un "héros" qui n'a fait que défendre les intérêts du peuple serbe. Une partie de la communauté minimise voire nie les exactions commises durant la guerre à Srebrenica, mais aussi durant le siège de Sarajevo ou dans les camps de détention de Prijedor.

Exemple avec Svetozar Bosic, habitant de Belgrade : "Nous pensons que c'est un héros. Un homme qui a vraiment fait ce qu'il devait faire à un moment donné. C'était un soldat et un officier de son peuple, de son armée. Il a défendu son peuple. Il a fait tout ce qu'il pouvait faire au maximum. Seule l'histoire sera juge."

Ou encore cet habitant de Banja Luka qui n'a pas donné son nom : "i__l aurait dû être acquitté, c'est ce qu'il méritait. Ce n'est pas bon. C'est un verdict d'un tribunal politique".

Dès l'énoncé du verdict, les responsables de la Republika Srpska, l'entité serbe du pays divisé, ont dénoncé une justice internationale partiale dépourvue de "la moindre crédibilité".

8 000 hommes et garçons musulmans de Bosnie ont été exécutés à Srebrenica dans l'enclave censée être "protégée" par l'ONU. Leurs corps ont ensuite été jetés dans des fosses communes.

Depuis, 6 600 ont reçu une sépulture individuelle et officielle où les familles peuvent venir honorer leur mémoire...

Ratko Mladic restera en détention à La Haye en attendant la finalisation des modalités de son transfert vers l'État où il purgera sa peine, ont ordonné les juges, sans préciser lequel.

Les magistrats ont par ailleurs rejeté l'appel de l'accusation, qui souhaitait que l'ex-général soit également condamné pour génocide dans plusieurs autres municipalités.

Ratko Mladic est l'un des principaux dirigeants jugés par la justice internationale pour les crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie, outre l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, condamné à la prison à vie en 2019, et l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, mort dans sa cellule à La Haye d'une crise cardiaque en 2006, avant l'achèvement de son procès.

La guerre de Bosnie (1992-1995) a fait environ 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Sources additionnelles • AP, AFP

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