Les heurts se multiplient à Khartoum entre manifestants pro-démocratie et forces de sécurité. Le bilan depuis le putsch, lundi, s'élèverait a minima à 8 morts et 170 blessés. Un chiffre certainement sous-estimé étant donné le chaos qui règne dans la capitale soudanaise.
Les affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont fait un nouveau mort jeudi à Khartoum, au quatrième jour d'un coup d'Etat militaire refusé par la rue et par la communauté internationale qui veulent le retour des civils au pouvoir au Soudan.
Lundi, le général Abdel Fattah al-Burhane, désormais seul aux commandes du pays pauvre, a dissous le gouvernement censé assurer la transition vers la démocratie et arrêté ministres et hauts responsables civils.
Après des jours de tractation, notamment du fait de la réticence russe à condamner le putsch, le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé jeudi "le rétablissement d'un gouvernement de transition dirigé par des civils" dans un pays sorti il y a deux ans de 30 années de dictature.
Le président des Etats-Unis Joe Biden a également appelé la junte au Soudan à rétablir le gouvernement civil, en promettant que son pays continuerait de "se tenir aux côtés du peuple soudanais et de sa lutte non violente".
Résistance
Entre manifestants décidés à rester dans la rue jusqu'au retour d'un cabinet civil et forces de sécurité armées de fusils, de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc, au moins huit manifestants ont été tués et 170 blessés depuis lundi, selon des médecins.
Jeudi en début de soirée, deux manifestants se trouvaient dans un état critique et "il pourrait y avoir d'autres morts mais il est difficile d'établir des contacts avec Khartoum-Nord pour avoir confirmation", ajoute le Comité des médecins, un syndicat prodémocratie.
Les pro-démocratie défendent des barrages de fortune pour paralyser le pays et ont lancé une campagne de "désobéissance civile" décrétée par la quasi-totalité des partis d'opposition, syndicats et autres associations.
A Khartoum, seules quelques boulangeries sont ouvertes, où se pressent des familles. Comme les quatre derniers jours, les rideaux de fer des magasins, banques et restaurants sont restés baissés.
"Les forces de sécurité tentent de démanteler toutes les barricades en tirant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc", explique un autre manifestant. "Mais on les réinstalle dès qu'elles partent".
La plupart des organisations de la société civile, les syndicats et associations dissoutes par le général Burhane, ont appelé à une mobilisation massive samedi contre le coup d'Etat. Ils veulent "un million de manifestants" pour réclamer que le départ du général Burhane.
Lundi, Abdallah Hamdok, le chef du gouvernement de transition mis en place en août 2019, a été renversé par le général Burhane. Il est depuis revenu chez lui à Khartoum mais n'est "pas libre de ses mouvements" selon l'ONU.