Palais Chigi ou Quirinale ? Mario Draghi est au cœur de la présidentielle italienne

Les votes pour l'élection du président italien sont comptabilisés au Parlement, Rome le 27 janvier 2022
Les votes pour l'élection du président italien sont comptabilisés au Parlement, Rome le 27 janvier 2022 Tous droits réservés Remo Casilli/AP
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Par Christelle PetrongariGiorgia Orlandi avec agences
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Un nouveau tour de scrutin pour rien : déterminés à écarter de la compétition présidentielle le Premier ministre Mario Draghi, dont l'élection pourrait provoquer la chute du gouvernement, les partis politiques italiens n'étaient toujours pas tombés d'accord jeudi sur une candidature alternative.

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C'est une équation très compliquée à résoudre.

En Italie, aucun nom n'est sorti à l'issue du quatrième tour de scrutin pour l'élection du président de la République. Les grands électeurs de droite se sont abstenus, ceux de gauche ont voté blanc.

Le très populaire président sortant Sergio Mattarella, 80 ans, qui a exclu toute candidature à un nouveau mandat, a malgré tout recueilli 166 voix, contre seulement cinq pour Mario Draghi.

Les Italiens pouvaient légitimement espérer un dénouement puisque la majorité absolue suffit désormais pour élire le chef de l'Etat, alors que les deux tiers des suffrages étaient nécessaires lors des trois premiers tours. Le prochain vote aura lieu vendredi.

Mario Draghi, l'actuel président du Conseil, aurait toutes ses chances mais son élection pourrait faire chuter le gouvernement. Son expérience et son aura sont tellement précieuses qu'aucun parti politique ne veut le voir quitter le Palais Chigi. Mais alors qui pour assurer la fonction, certes prestigieuse, mais largement protocolaire ?

"Il y a deux scénarios possibles pour le moment" souligne le professeur Pietro Paganini, analyste politique à Université John Cabot de Rome. "Le premier est que Mario Draghi reste Premier ministre et qu'en agissant ainsi, il assure la stabilité du pays et la crédibilité du gouvernement. La communauté internationale et les institutions européennes considéreraient cette option comme plus rassurante. Si Draghi finit par devenir président pour les sept prochaines années, je pense que la crédibilité du pays serait remise en cause. La question est de savoir qui va le remplacer mais surtout qui peut le remplacer en incarnant un rôle à la fois politique et technocratique à un moment aussi difficile, étant donné que le monde occidental est confronté à une crise d'identité".

L'ancien patron de la Banque centrale européenne (BCE), qui a pris la tête de l'exécutif en février 2021, a longtemps été favori pour le poste, mais les partis sont inquiets à l'idée de le voir quitter ses fonctions et beaucoup redoutent la convocation de législatives anticipées, la fin de la législature étant fixée à 2023.

Faire le choix de Mario Draghi comme président pourrait aussi faire dérailler les réformes nécessaires à l'obtention des milliards d'euros promis à l'Italie dans le cadre du méga fonds de relance européen.

Aucune formation politique ne dispose aujourd'hui de la majorité absolue au Parlement, mais tous les partis, sauf la formation d'extrême droite Fratelli d'Italia, participent à la coalition dirigée par M. Draghi.

Parmi les derniers noms mis sur la table figurent l'ancien président de la Chambre des députés Pier Ferdinando Casini et l'actuelle présidente du Sénat, Elisabetta Casellati, qui en cas d'élection deviendrait la première femme à ce poste.

Le président est élu pour sept ans au suffrage indirect par une assemblée composée des membres des deux chambres du Parlement auxquels viennent s'ajouter des délégués des régions. Soit au total un millier de "grands électeurs".

Le suspens continue, prochain vote ce vendredi.

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