Ouïghours : nouvelles révélations sur la machine répressive chinoise

Nursimangul Abdureshid, une jeune femme ouïghoure, lors d'une interview avec Associated Press à Istanbul, en Turquie, le 4 mai 2022.
Nursimangul Abdureshid, une jeune femme ouïghoure, lors d'une interview avec Associated Press à Istanbul, en Turquie, le 4 mai 2022. Tous droits réservés Photo : Emrah Gurel (Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved)
Tous droits réservés Photo : Emrah Gurel (Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved)
Par Euronews avec AFP
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Une fuite de fichiers attribués à la police chinoise, dont des milliers de photos de détenus parmi lesquels des femmes, des mineurs et des personnes âgées, jette une lumière crue sur la situation des musulmans ouïghours au Xinjiang.

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Une fuite de fichiers attribués à la police chinoise, dont des milliers de photos de détenus parmi lesquels des femmes, des mineurs et des personnes âgées, jette une lumière crue sur la situation des musulmans ouïghours au Xinjiang.

Ces documents ont été publiés mardi par un groupe de 14 médias internationaux, dont le quotidien français Le Monde, alors que la Haute-commissaire aux droits humains de l'ONU, Michelle Bachelet, entame une visite très attendue dans cette vaste région du Nord-Ouest de la Chine.

Ils ont été remis par une source anonyme au chercheur allemand Adrian Zenz, le premier à avoir accusé en 2018 le régime chinois d'avoir interné plus d'un million de Ouïghours dans des centres de rééducation politique.

Pékin a toujours démenti ce chiffre, dénonçant "le mensonge du siècle" et affirmant que ces sites sont en fait des "centres de formation professionnelle" destinés à déradicaliser les personnes tentées par l'islamisme ou le séparatisme, après une série d'attentats qui ont ensanglanté la région.

Mais les documents publiés mardi tendent à prouver que la présence des "stagiaires" dans ces centres n'a rien de volontaire. Ils "mettent en pièces le vernis de la propagande chinoise", a déclaré M. Zenz à la BBC.

Plus de 2 800 photos d'identité de détenus comprennent celle de Zeytunigul Ablehet, une adolescente de 17 ans arrêtée pour avoir écouté un discours interdit, et de Bilal Qasim, 16 ans, apparemment condamné pour ses liens avec d'autres prisonniers.

Une femme hagarde et amaigrie, du nom d'Anihan Hamit, 73 ans au moment de son arrestation, est la plus âgée de la liste.

Une autre image montre des gardiens armés de matraque en train de maîtriser un prisonnier enchaîné.

Les documents écrits accréditent l'idée d'une répression ordonnée depuis le sommet de l'Etat chinois.

Un discours attribué au ministre de la police Zhao Kezhi en 2018 explique que le président Xi Jinping a ordonné l'agrandissement des centres de détention.

Selon M. Zhao, au moins deux millions d'habitants du Sud du Xinjiang seraient "gravement influencés par l'infiltration de la pensée extrémiste".

Les Ouïghours forment près de la majorité de la population du Xinjiang (26 millions d'habitants).

Dans un discours de 2017, Chen Quanguo, alors patron de la région, ordonnait aux gardiens de tuer par balles ceux qui tenteraient de s'évader et de "surveiller étroitement les croyants".

Pékin a catégoriquement rejeté les conclusions d'Adrian Zenz.

Elles ne sont que "le dernier exemple en date du dénigrement du Xinjiang effectué par les forces anti-chinoises", a fustigé mardi Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Berlin demande à Pékin des "éclaircissements"

La cheffe de la diplomatie allemande a demandé mardi à son homologue chinois des "éclaircissements" après ces révélations sur la répression visant la minorité musulmane des Ouïghours.

"La ministre des Affaires étrangères a évoqué les rapports choquants et les nouveaux documents sur les graves violations des droits de l'homme au Xinjiang et a exigé des éclaircissements sur ces accusations", a indiqué le ministère des Affaires étrangères après un entretien par visioconférence entre Annalena Baerbock et son homologue chinois Wang Yi.

"Les droits de l'Homme, pour la protection desquels l'Allemagne s'engage dans le monde entier, sont une composante élémentaire de l'ordre international", souligne le ministère dans un communiqué.

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"La préservation des droits humains pèse le plus lourd dans la balance", a renchéri mardi soir le vice-chancelier Robert Habeck dans un communiqué, assurant que le gouvernement, composé des sociaux-démocrates, des Verts et des Libéraux, avait "modifié son approche face aux questions relatives à la Chine".

"Nous diversifions de plus en plus et réduisons également notre dépendance de la Chine", a ajouté l'écologiste, également ministre de l'Economie.

Pékin est le principal partenaire économique de l'Allemagne : plus de 245 milliards d'euros ont été échangés entre les deux pays en 2021, un chiffre en hausse de 15,1% sur un an.

Washington "consterné"

Les Etats-Unis ont quant à eux exprimé mardi leur indignation face aux révélations affirmant que cela montrait que ces actes étaient probablement cautionnés au plus haut niveau à Pékin.

"Nous sommes consternés par ces informations et ces images choquantes", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Ned Price, à propos de la fuite de fichiers attribués à la police chinoise.

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"Il semble très difficile d'imaginer qu'une action systématique visant à supprimer, à emprisonner, à mener une campagne de génocide et de crimes contre l'humanité n'ait pas la bénédiction - ou l'approbation - des plus hauts niveaux du gouvernement de la République populaire de Chine", a-t-il déclaré.

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