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Comment Jordan Bardella a-t-il voté au Parlement européen ?

Jordan Bardella lors d'un débat sur le soutien de l'UE à l'Ukraine au Parlement européen à Strasbourg le 17 juillet 2024.
Jordan Bardella lors d'un débat sur le soutien de l'UE à l'Ukraine au Parlement européen à Strasbourg le 17 juillet 2024. Tous droits réservés Jean-Francois Badias/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Jean-Francois Badias/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
Par Amandine Hess
Publié le Mis à jour
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L'eurodéputé français a notamment voté contre une résolution de soutien de l'UE à l'Ukraine, le pacte sur la migration et l'asile et le pass sanitaire européen.

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Discret depuis la défaite du Rassemblement national aux élections législatives anticipées, celui qui se voyait déjà Premier ministre fera bientôt sa rentrée au Parlement européen. Réélu en juin pour un deuxième mandat d'eurodéputé, Jordan Bardella est à présent le président du nouveau groupe d'extrême droite Patriotes pour l'Europe au sein de l'hémicycle. Aussi ses activités parlementaires, votes et déclarations seront scrutés de près. Mais au fait, comment a-t-il voté jusqu'ici à Strasbourg et à Bruxelles ? Nous avons passé au peigne fin ses votes sur certains textes clés.

Soutien à l'Ukraine

Il s'agissait de la première résolution votée par le Parlement européen à Strasbourg suite aux élections européennes de juin. Le 17 juillet 2024, la résolution de soutien à l'Ukraine a été adoptée à une large majorité avec 495 voix pour, 137 voix contre et 47 abstentions. Jordan Bardella a voté contre ce texte qui appelle notamment l'Union européenne à renforcer son soutien à l'Ukraine face à la guerre d'agression de la Russie.

"Nous contestons que chaque État membre doive consacrer par principe 0,5 % de son PIB par an au soutien à l’Ukraine, ce qui équivaut pour la France à 7 milliards d’euros par an", a déclaré Jordan Bardella en séance plénière lors d'un débat sur la nécessité d'un soutien continu de l'Union européenne à l'Ukraine.

Le président du nouveau groupe d'extrême droite Patriotes pour l'Europe a affirmé être défavorable "à la livraison d’armes permettant de frapper directement le territoire russe", et "à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN" sous prétexte qu'elles nourriraient, selon lui, "un risque d’escalade avec une puissance nucléaire", la Russie.

L'eurodéputé s'est également opposé à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne proposée par cette résolution, au motif que celle-ci "menacerait la pérennité de notre économie et de notre agriculture en déséquilibrant gravement la politique agricole commune" a-t-il argumenté.

Si Jordan Bardella a lissé et normalisé son discours sur la Russie suite à l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, les ambiguïtés du Rassemblement national à l'égard de Moscou et les liens du RN avec la Russie sont régulièrement dénoncés. Le parti avait notamment contracté un prêt de 9,4 millions d’euros en 2014 auprès de la First Czech Russian Bank.

Cessez-le-feu à Gaza

Depuis l'attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas qui a fait près de 1200 morts en Israël, le Rassemblement national a aligné ses positions sur celles du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, allant même jusqu'à se présenter comme le premier soutien des personnes de confession juive, dans un effort de faire oublier les accusations d'antisémitisme portées à l'encontre du parti.

Une dizaine de jours après l'attaque du 7 octobre, Jordan Bardella dépose avec d'autres eurodéputés une proposition de résolution sur les "attaques terroristes abjectes du Hamas contre Israël", "le droit d’Israël à se défendre conformément au droit humanitaire et international" et "la situation humanitaire à Gaza".

Le texte "réaffirme le droit d’Israël à exister" et demande "que le versement de tout montant de l’UE à des organisations palestiniennes, notamment à l’Autorité palestinienne et à l’UNRWA, soit immédiatement suspendu".

Jordan Bardella a toutefois voté en faveur d'une résolution non contraignante appelant à un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza et à la relance du processus de paix.

La résolution a été adoptée par le Parlement européen le 18 janvier 2024 par 312 voix pour, 131 contre et 72 abstentions. Les eurodéputés ont fixé la libération immédiate des otages détenus par le Hamas à Gaza comme une condition préalable à un cessez-le-feu.

Face à leur incapacité d'imposer un cessez-le-feu permanent, l'Union européenne et la communauté internationale sont accusées depuis d'impuissance et de faiblesse, alors que la riposte militaire d'Israël à Gaza en représailles à l'attaque du 7 octobre a fait plus de 40 000 morts, principalement des femmes et des enfants.

Nouveau Pacte sur la migration et l'asile

Le Parlement européen a donné son feu vert le 10 avril 2024 aux dix textes législatifs composant le pacte sur la migration et l'asile, présenté en septembre 2020 par la Commission.

Cette refonte du système de la politique européenne en matière de migration et d’asile prévoit notamment un traitement plus rapide des demandes d'asile, la relocalisation des demandeurs d’asile entre États membres, le filtrage des ressortissants de pays tiers aux frontières extérieures de l’UE, une meilleure réponse en cas de crise et l'enregistrement des données des personnes arrivant irrégulièrement dans l’UE.

De son côté, le président du Rassemblement national avait assuré que le RN "s'opposerait de toutes ses forces à ce pacte de submersion" dans un communiqué publié en marge du vote.

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"Alors que l’immigration de masse devient un défi existentiel qui n’en est qu’à son commencement et constitue désormais partout en Europe une menace pour notre sécurité, notre identité et la stabilité de nos sociétés, l’Union européenne choisit la voie de la faiblesse et de l’appel d’air", a dénoncé Jordan Bardella dans le communiqué.

S'il a voté contre la plupart des textes composant le pacte sur la migration et l'asile, Jordan Bardella a toutefois voté en faveur du règlement Eurodac instaurant l'enregistrement des données des personnes arrivant irrégulièrement dans l’UE, y compris les empreintes digitales et les images faciales, à partir de l’âge de six ans.

Pacte vert européen

"Quels sont les résultats du Pacte vert ? Des milliers d'agriculteurs en colère, descendus dans les rues parce qu'ils n'arrivent plus à travailler et à vivre de leurs efforts !", a dénoncé Jordan Bardella lors d'un meeting de campagne pour les élections européennes à Montbéliard en mars.

"Les macronistes ont mené une politique de décroissance depuis 7 ans, en se soumettant aux objectifs du Pacte vert, qui prône la baisse des rendements agricoles et du nombre de cheptels. Ceux qui défendent la puissance agricole française, c'est le RN", a-t-il encore déclaré sur X en février 2024, depuis le salon de l'agriculture.

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Le Pacte vert européen est la boussole environnementale de la Commission européenne. Son objectif principal est que l’Union européenne parvienne à la neutralité climatique à l’horizon 2050.

En juillet 2021, la Commission européenne a ainsi présenté un ensemble de propositions pour que l'UE baisse de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030.

Texte clé du pacte vert européen, la loi sur la restauration de la nature impose de restaurer 20 % des terres et espaces marins à l’échelle de l’UE et 30% des habitats en mauvais état (forêts, prairies, zones humides) d'ici 2030.

Jordan Bardella, qui dénonce régulièrement une "écologie punitive", a voté contre.

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Il a également voté contre la fin des voitures neuves diesel et essence en 2035, contre le nouvel objectif de 42,5 % d’énergies renouvelables dans le mix européen d’ici à 2030, contre la division par deux de l’utilisation des pesticides (rejetée par le Parlement européen) et contre la réduction des déchets d’emballage.

Il s’est toutefois abstenu sur l’instauration d’une taxe carbone aux frontières.

Résolution sur l'urgence climatique et environnementale

Déjà en 2019, Jordan Bardella avait voté contre une proposition de résolution non contraignante sur l'urgence climatique et environnementale. À l'approche de la COP25, les eurodéputés avaient symboliquement déclaré l’urgence climatique et environnementale en Europe et dans le monde face à la hausse des températures, la perte de biodiversité et le retrait des États-Unis de l'accord de Paris.

Dans son évaluation détaillée de la performance environnementale des groupes politiques du Parlement européen ainsi que des délégations nationales lors de la précédente législature, l'ONG Bloom a attribué une note de 3,8/20 au Rassemblement national.

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"Les groupes d’extrême-droite et de la droite conservatrice, à la performance environnementale effroyable, ont au contraire tout fait pour bloquer par leurs votes toutes les mesures en faveur de la planète, mais aussi de la santé et des droits des citoyens et des travailleurs, dont les agriculteurs et les pêcheurs", dénonce ainsi l'ONG dans son rapport.

Loi sur l’intelligence artificielle

Il s'agit de la première réglementation de l'IA au monde. La loi sur l'intelligence artificielle a été adoptée au Parlement européen en mars 2024 par 523 votes pour, 46 contre et 49 abstentions. Jordan Bardella a voté pour.

Avancée historique pour réduire les risques de l'IA sur le sol européen tout en garantissant l'innovation, la législation limite notamment l’utilisation des systèmes d’identification biométrique par les services répressifs et interdit d’avoir recours à la notation sociale notamment utilisée en Chine.

"En matière numérique, on ne peut pas se contenter uniquement de faire de la régulation", a déclaré quelques semaines plus tard Jordan Bardella lors d'une audition des principales têtes de liste aux élections européennes devant le Medef.

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Il a ainsi appelé à rattraper le retard en matière d'intelligence artificielle grâce à "une énergie pas chère", "un cadre favorable aux start-up" et "une augmentation de notre budget R&D".

Plan de relance européen

Si les eurodéputés n'ont pas été appelés à voter directement le plan de relance européen en 2021, ils ont donné leur feu vert au mécanisme financier le rendant possible : la facilité pour la reprise et la résilience.

Afin d'aider les pays de l’UE à faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, cet instrument a promis une enveloppe de 750 milliards d’euros (806,9 milliards en euros de 2022) sous forme de subventions et de prêts, dont 40 milliards pour la France. Ces fonds, en partie versés à ce jour, doivent notamment financer la transition écologique, la transformation numérique et la préparation aux crises.

Le Parlement européen a adopté ce texte en février 2021 avec 582 voix pour, 40 contre et 69 abstentions. Les députés du RN, dont Jordan Bardella, se sont abstenus en dénonçant, selon eux, un coût trop élevé pour la France et une perte de souveraineté des États membres.

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"Le plan de relance vanté par Valérie Hayer (présidente du groupe Renew Europe), c'est pour la France 40 milliards d'euros reçus, pour au minimum 80 milliards à rembourser", a critiqué Jordan Bardella sur X en mai, lors de la campagne des européennes.

Le remboursement de l'emprunt commun doit débuter en 2028. Il s'étalera sur 30 ans, jusqu'en 2058. À cette fin, l’Union européenne prévoit d’augmenter ses recettes budgétaires via, par exemple, une taxe sur les emballages plastiques non recyclés.

Aussi, il est encore trop tôt pour déterminer les montants que chaque État membre devra rembourser, selon les économistes.

Pass sanitaire européen

Un an après le début de la pandémie de Covid-19, Jordan Bardella s'était frontalement opposé à la création du pass sanitaire européen au nom d'un "combat pour les libertés".

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Approuvée le 8 juin 2021 par le Parlement européen à 546 votes pour, 93 contre et 51 abstentions, la création du pass sanitaire européen avait pour but de faciliter et de sécuriser les déplacements, notamment entre États membres, pendant la pandémie de Covid-19.

Il se présentait sous la forme d'un QR-code numérique ou papier qui justifiait de son statut vaccinal.

Entré en vigueur le 1er juillet 2021 dans l'ensemble des États membres, il a par la suite été prolongé jusqu'en juin 2023.

Droit à l'avortement

Suite à la suppression du droit constitutionnel à l'avortement par la Cour Suprême aux États-Unis en juillet 2022, le Parlement européen a adopté une résolution non contraignante sur le droit à l'avortement. Le 7 juillet 2022, les eurodéputés ont exprimé leur souhait d’inclure le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE. Comme tous les eurodéputés du RN, Jordan Bardella était absent lors du vote - signe de la fragmentation du parti sur ce sujet.

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En effet, le Parlement français a donné son feu vert à l'introduction dans la Constitution française de "la liberté garantie à la femme" d'avoir recours à une IVG le 4 mars 2024. Si certains élus du RN ont voté pour, d'autres ont voté contre et certains se sont abstenus.

"Bardepalla"

Toutefois, l'eurodéputé est régulièrement accusé de briller par son absence au Parlement européenь au point d'être surnommé par ses critiques "Bardepalla".

"J’ai l’un des meilleurs taux de présence de l’ensemble des eurodéputés français, avec 94% d’assiduité aux votes", a rétorqué Jordan Bardella mercredi 17 avril dans la matinale de RMC-BFMTV.

Dans une enquête publiée en avril, le service CheckNews de Libération affirme que le chiffre de "94% d'assiduité aux votes", (93.46% pour être exact) doit être recontextualisé.

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Premièrement, ce pourcentage place Jordan Bardella au 61ᵉ rang sur 79 eurodéputés français, en termes de présence lors des votes.

Libération souligne également que ce chiffre ne traduit l'assiduité des eurodéputés que lors des sessions en plénière. Les élus ont tendance à y être présentsь car leur indemnité de 350 euros par jour est réduite de moitié s'ils ne prennent pas part aux votes. Or, ce n'est pas le cas pour le travail en commission.

Aussi, le quotidien rappelle que les votes et les débats en plénière ne représentent qu'une infime partie du travail parlementaire.

Si l'on regarde ses autres activités parlementaires lors de la 9ᵉ législature (2019-2024), Jordan Bardella n'a été le rapporteur d'aucun rapport et signataire d’un seul rapport en tant que rapporteur fictif, selon la plateforme assistEU. Il totalise également 156 questions écrites et 760 explications de votes. Or, ces données ne constituent pas non plus des indicateurs fiables de son travail parlementaireь car ses assistants parlementaires auraient pu être chargés de les rédiger. Enfin, s'il comptabilise 76 interventions en plénière, il était plus susceptible d'être appelé à s'exprimer de par son statut passé de vice-président du groupe parlementaire Identité et Démocratie, nuance Libération.

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Reste à voir comment évolueront ces indicateurs au cours de son nouveau mandat.

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