Le président américain Donald Trump a signé jeudi des décrets reportant d'un mois les droits de douane de 25 % sur de nombreuses importations en provenance du Mexique et du Canada.
Le président américain Donald Trump a reporté d'un mois l'application de droits de douane de 25 % sur diverses importations en provenance de ses voisins du nord et du sud, le Canada et le Mexique, alors que les craintes de retombées économiques d'une guerre commerciale plus large se font de plus en plus vives.
Les projets de Donald Trump d'engager une guerre commerciale avec ses plus proches alliés ont fait chuter le marché boursier, mais le président américain affirme qu'il reste fidèle à ses projets d'imposer des droits de douane "réciproques" à partir du 2 avril.
Les importations en provenance du Mexique seront exemptées des droits de douane de 25 % pendant un mois si elles sont conformes au pacte commercial USMCA (accord entre les États-Unis, le Mexique et le Canada) de 2020.
Les importations en provenance du Canada, en particulier les automobiles et les pièces détachées, qui sont conformes à l'accord commercial, échapperont également aux droits de douane de 25 % pendant un mois. D'autres produits canadiens, dont la potasse et les produits énergétiques canadiens seront quant à eux soumis à des droits de douane de 10 %.
Donald Trump affirme qu'il s'agit d'une manœuvre "à court terme" visant à éviter de nuire aux constructeurs automobiles américains et qu'elle n'a rien à voir avec les réactions du marché, lui qui a pourtant l'habitude de surveiller de près les mouvements financiers.
"Non, rien à voir avec le marché. Je ne regarde même pas le marché parce qu'à long terme, cette situation rendra les États-Unis très forts. Il s'agit de pays et d'entreprises étrangères qui nous ont escroqués. Et aucun président n'a fait quoi que ce soit à ce sujet jusqu'à ce que j'arrive. Et j'ai fait beaucoup", affirme Donald Trump.
Selon un responsable de la Maison Blanche, environ 62 % des importations en provenance du Canada sont encore susceptibles d'être frappées par les nouveaux droits de douane parce qu'elles ne sont pas conformes à l'accord de libre-échange nord-américain (USMCA). Ce chiffre avoisine les 50 % pour les produits mexicains.
Le Canada riposte
Les droits de douane de rétorsion initiaux du Canada contre les États-Unis sont maintenus, selon deux hauts fonctionnaires canadiens qui ont parlé à l'Associated Press sous le couvert de l'anonymat.
Cette première vague de taxes est appliquée à des produits américains d'une valeur de 30 milliards de dollars canadiens (19,4 milliards d'euros), tels que le jus d'orange, le beurre de cacahuète, le café, les appareils électroménagers, les chaussures, les cosmétiques, les motocyclettes et certains produits de pâte à papier et de papier.
Une deuxième vague de droits de douane canadiens sur des produits américains d'une valeur de 125 milliards de dollars canadiens (81 milliards d'euros) a en revanche été suspendue après le report annoncé jeudi par Donald Trump, selon le ministre canadien des finances, Dominic LeBlanc.
Cette deuxième série de taxes de rétorsion devait être mise en place dans trois semaines et concerner des produits tels que les véhicules électriques, les fruits et légumes, les produits laitiers, le bœuf, le porc, les produits électroniques, l'acier et les camions.
De plus, le Premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a annoncé jeudi que son État facturera 25 % de plus pour l'électricité expédiée à quelque 1,5 million d'Américains à partir de lundi, en réponse aux projets de tarifs douaniers de Donald Trump.
L'Ontario fournit actuellement de l'électricité à de nombreux foyers du Minnesota, de New York et du Michigan.
"La seule chose qui est certaine aujourd'hui, c'est une plus grande incertitude. Une pause sur certains tarifs ne signifie rien. Jusqu'à ce que le président Trump élimine définitivement la menace des tarifs douaniers, nous serons implacables", a déclaré Ford dans un post sur X.
La Chine réagit aux tarifs douaniers de Donald Trump
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré que Pékin continuerait à riposter aux "droits de douane arbitraires" des États-Unis, lors d'une conférence de presse vendredi.
Wang Yi affirme que les efforts déployés par la Chine pour aider les États-Unis à endiguer la crise du fentanyl se sont heurtés à des droits de douane punitifs, ce qui met à rude épreuve les liens entre les deux pays.
"Aucun pays ne devrait s'imaginer qu'il peut à la fois réprimer la Chine et entretenir de bonnes relations avec elle", a déclaré Wang Yi. "De tels actes à double visage ne sont pas favorables à la stabilité des relations bilatérales ni à l'instauration d'une confiance mutuelle".
Les tensions sont vives entre les deux pays depuis le retour au pouvoir du président américain Donald Trump en janvier.
Les États-Unis ont imposé des droits de douane fixes de 20 % sur toutes les importations chinoises, tandis que Pékin a riposté en imposant des droits de douane supplémentaires de 15 % sur certaines importations américaines, notamment le poulet, le porc, le soja et le bœuf, et en élargissant les contrôles sur les relations commerciales avec les principales entreprises américaines.
Commentant la politique de l'administration Trump, Wang Yi a déclaré que si cette approche était adoptée par tous les pays, cela aboutirait à la "loi de la jungle".
Les menaces de tarifs douaniers de Donald Trump ont ébranlé les marchés financiers, diminué la confiance des consommateurs et plongé de nombreuses entreprises dans une atmosphère d'incertitude.
Les principaux marchés boursiers américains ont brièvement rebondi après que le secrétaire au commerce, Howard Lutnick, a annoncé jeudi la suspension temporaire des droits de douane.
Les baisses importantes déjà observées cette semaine ont cependant repris une heure plus tard. L'indice boursier S&P 500 est tombé en dessous du niveau où il se trouvait avant l'élection de Donald Trump.