Le président Andry Rajoelina a dénoncé dimanche une tentative de coup d’État à Madagascar. Le CAPSAT, unité d’élite de l’armée qui soutient les manifestants mobilisés depuis trois semaines contre la politique économique et sociale du gouvernement, revendique le contrôle des forces armées.
Le président de Madagascar, Andry Rajoelina a annoncé dimanche qu’une tentative de coup d'État était en cours à Madagascar, après qu’une unité d’élite de l’armée, le CAPSAT, a revendiqué le contrôle des forces armées et appelé le président à démissionner. Cette crise survient dans le contexte de manifestations dénonçant la gestion du gouvernement - les plus importantes depuis le début des troubles le 25 septembre.
"Face à l'extrême gravité de cette situation, la présidence de la République condamne fermement cette tentative de déstabilisation et appelle toutes les forces vives de la nation à s'unir pour défendre l'ordre constitutionnel et la souveraineté nationale", a déclaré le bureau présidentiel dans un communiqué.
Pour l'heure aucun signe de violence n’a été constaté dans les rues et les auteurs précis de la tentative n’ont pas été identifiés.
Le CAPSAT rejoint les manifestants
Le CAPSAT s’est rallié aux manifestations et a appelé le président et le gouvernement à démissionner.
Samedi, le colonel Michael Randrianirina, commandant de l’unité, a indiqué que ses troupes avaient échangé des tirs avec les forces de sécurité, faisant un mort parmi ses soldats. S’adressant à la foule depuis un véhicule blindé, il a déclaré : "Rajoelina et ses principaux ministres doivent quitter le pouvoir."
Dimanche, le ministre des Armées a reconnu la nomination d'un officier du CAPSAT comme chef d'état-major de l"'armée
"Désormais, tous les ordres de l'armée malgache, terre, air, mer, émaneront du quartier général du CAPSAT (Corps d'armée des personnels et des services administratifs et techniques)", ont annoncé des officiers de ce contingent dans une déclaration vidéo.
Les officiers ont ajouté avoir nommé le général Démosthène Pikulas à la tête de l'armée sans que l'on sache dans l'immédiat si cette nomination peut être considérée comme officielle.
Une situation incertaine
Le lieu où se trouve le président Andry Rajoelina n’était pas connu dimanche, mais le gouvernement a assuré qu’il restait dans le pays et n’avait pas fui.
Âgé de 51 ans, Andry Rajoelina a accédé au pouvoir pour la première fois en tant que chef d'un gouvernement de transition, à la suite d'un coup d'État soutenu par l'armée en 2009, qui a contraint le président de l'époque, Marc Ravalomanana, à fuir le pays. Il est revenu au pouvoir en 2014, mais n'a plus exercé de fonctions depuis.
Air France a annoncé la suspension de ses vols entre Paris-Charles de Gaulle et Antananarivo du 11 au 13 octobre, en raison de la situation sécuritaire.
Madagascar, île de 31 millions d’habitants, a connu plusieurs coups d’État et crises politiques depuis son indépendance de la France en 1960, reflétant l’instabilité chronique de son système politique.