RFI affirme qu'Andry Rajoelina a quitté Madagascar à bord d'un avion militaire français, ce que dément Paris. Le président est apparu pour la première fois depuis que l’armée s’est mutinée et a refusé de démissionner.
Le président de Madagascar, Andry Rajoelina, a déclaré qu'il avait fui le pays parce qu'il craignait pour sa vie, à la suite des manifestations antigouvernementales qui durent depuis plusieurs semaines et ont débouché sur une rébellion militaire.
Les manifestations antigouvernementales menées par la génération Z ont atteint un point crucial samedi lorsqu'une unité militaire d'élite s'est jointe au mouvement, appelant le président et ses ministres à démissionner.
Cela a incité Andry Rajoelina à déclarer qu'une tentative illégale de prise de pouvoir était en cours dans l'île de l'océan Indien et à quitter le pays.
"J'ai été obligé de trouver un endroit sûr pour protéger ma vie", a déclaré Andry Rajoelina dans son discours diffusé tard dans la nuit sur la page Facebook officielle de la présidence.
Le discours devait également être diffusé à la télévision malgache, mais il a été retardé de plusieurs heures après que des soldats ont tenté de prendre le contrôle des bâtiments de la chaîne publique, selon le bureau du président.
Andry Rajoelina a appelé au dialogue "pour trouver une issue à cette situation" et a déclaré que la Constitution devait être respectée. Il n'a pas précisé comment il avait quitté Madagascar, ni où il se trouvait, mais Radio France Internationale et et le site spécialisé Madagascar Aviation affirment qu'il a quitté le pays à bord d'un avion militaire français. Un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a refusé de commenter cette information.
Madagascar est une ancienne colonie française et Andry Rajoelina s'est vu accorder la nationalité française par décret 2014, ce qui est une source de mécontentement pour certains Malgaches depuis des années.
Il s'agit de l'agitation la plus importante qu'ait connue cette île africaine de 31 millions d'habitants depuis l'arrivée au pouvoir d'Andry Rajoelina. Elle a débuté le 25 septembre par des coupures chroniques d'eau et d'électricité, et s'est transformée en un mécontentement plus large à l'égard d'Andry Rajoelina et de son gouvernement.
Andry Rajoelina est arrivé au pouvoir en tant que chef d'un gouvernement de transition à la suite d'un coup d'État soutenu par l'armée en 2009. L'unité militaire d'élite qui s'est rebellée contre le président a joué un rôle important dans son accession au pouvoir.
Réponse violente aux manifestations
L'unité militaire a déclaré qu'elle contrôlait désormais toutes les forces armées de Madagascar et a nommé un nouvel officier responsable de l'armée, qui a été accepté par le ministre de la défense en l'absence du président.
Un commandant du CAPSAT, Michael Randrianirina, a déclaré que ses soldats avaient décidé de se ranger aux côtés des manifestants, mais a nié l'existence d'un coup d'État. Il a déclaré aux journalistes qu'il appartenait au peuple malgache de décider de la suite des événements.
Bien que des soldats aient échangé des tirs avec les forces de sécurité au cours du week-end, il n'y a pas eu d'affrontements majeurs dans les rues, et les soldats circulant à bord de véhicules blindés et brandissant des drapeaux de Madagascar ont été acclamés par la population dans la capitale, Antananarivo.
Les Nations unies affirment que les manifestations ont fait au moins 22 morts et des dizaines de blessés, critiquant la "réponse violente" des autorités malgaches à ce qui était en grande partie des manifestations pacifiques dans les premiers jours du mouvement. Le gouvernement a contesté le nombre de morts.
L'ancien premier ministre de Madagascar et l'un des plus proches conseillers du président ont également fui le pays et sont arrivés sur l'île voisine de Maurice dans les premières heures de la journée de dimanche, a déclaré le gouvernement mauricien. L'île Maurice a déclaré qu'elle n'était "pas satisfaite" que l'avion privé ait atterri sur son territoire.
Les manifestants de la génération Z, à l'origine du soulèvement, se sont mobilisés sur l'internet et disent s'être inspirés des manifestations qui ont renversé les gouvernements au Népal et au Sri Lanka.