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L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal condamné à cinq ans de prison en appel en Algérie

La justice algérienne confirme la condamnation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à 5 ans de prison
La justice algérienne confirme la condamnation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à 5 ans de prison Tous droits réservés  AP Photo
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Par David Mouriquand & AP
Publié le
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Le romancier a notamment été accusé d’"atteinte à l’unité nationale" pour des déclarations au média français d’extrême droite "Frontières", estimant que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

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Un tribunal algérien a confirmé la condamnation à cinq ans de prison de l'auteur franco-algérien Boualem Sansal. L'auteur primé par l'Académie française pour "2084 : la fin du monde", un roman dystopique se déroulant dans une société islamiste totalitaire à la suite d'une guerre nucléaire, a été inculpé en mars en vertu des lois antiterroristes algériennes et reconnu coupable d'"atteinte à l'unité nationale".

"Le verdict du tribunal de première instance a été confirmé. Vous avez huit jours pour introduire un pourvoi en cassation", a déclaré la juge à l’attention de M. Sansal, après avoir lu l’énoncé du verdict en arabe. Atteint d'un cancer de la prostate et âgé de 80 ans, l'écrivain a la possibilité de se pouvoir en cassation.

"Maintenant qu’il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises", a réagit le Premier ministre français François Bayrou lors d'un déplacement consacré à la canicule au ministère de l'Intérieur. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune pourrait accorder une grâce à l’occasion de la fête de l’indépendance, samedi 5 juillet.

Un procès au cœur d'une brouille diplomatique

Son procès a été suivi de près tant en France qu'en Algérie, et le cas du romancier a conduit en janvier dernier le Parlement européen à exiger sa libération.

De l'autre côté de la Méditerranée, les législateurs algériens des deux chambres du Parlement ont signé une déclaration dans la foulée, afin de dénoncer des "allégations trompeuses dans le seul but de lancer une attaque flagrante contre l'Algérie". Ils ont accusé le Parlement européen de faire des déductions politiques et ont mis en doute le fait que leurs motivations soient liées au bien-être de Sansal ou au fait de "nuire à l'image de l'Algérie".

En France, Sansal bénéficie d'un soutien massif de la part de l'opinion publique. L'année dernière, le magazine d'information français Le Point a publié une lettre rédigée par Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt, et signée par de nombreux auteurs célèbres, demandant la libération immédiate de Sansal. "Cette nouvelle tragique reflète une réalité alarmante en Algérie, où la liberté d'expression n'est plus qu'un souvenir face à la répression, à l'emprisonnement et à la surveillance de toute la société", y était-il écrit.

Parmi les signataires de cette lettre figurent les prix Nobel de littérature Annie Ernaux, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Orhan Pamuk, Salman Rushdie, Peter Sloterdjik, Roberto Saviano et Wole Soyinka.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau lors d'une rassemblement de soutien à Boualem Sansal, le 25 mars 2025 à Paris.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau lors d'une rassemblement de soutien à Boualem Sansal, le 25 mars 2025 à Paris. AP Photo

M. Sansal a été arrêté en novembre dernier à l'aéroport d'Alger après avoir déclaré que la France avait injustement cédé le territoire marocain à l'Algérie dans une interview accordée à un média français de droite, Frontières.

Les procureurs avaient requis une peine de 10 ans de prison pour le romancier, qui a été condamné en vertu de l'article 87 du code pénal algérien pour atteinte à l'unité nationale, insulte à un organe officiel, atteinte à l'économie nationale et possession de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité nationales.

M. Sansal a défendu ses commentaires aux médias, déclarant au tribunal que "mes commentaires ou mes écrits n'étaient qu'une opinion personnelle, et j'ai le droit de le faire comme n'importe quel citoyen algérien".

Boualem Sansal
Boualem Sansal AP Photo

L'affaire s'est déroulée à un moment historiquement bas dans les relations entre l'Algérie et la France, qui se sont encore tendues à propos du Sahara occidental, qui fait l'objet d'un litige.

Le différend territorial a longtemps contribué à façonner la politique étrangère de l'Algérie, avec son soutien au Front Polisario, un groupe indépendantiste qui opère à partir de camps de réfugiés dans le sud-ouest de l'Algérie.

L'année dernière, la France a modifié sa position de longue date en soutenant le plan de souveraineté du Maroc. Les analystes affirment que Sansal est devenu un dommage collatéral dans les retombées diplomatiques plus larges et décrivent les accusations comme un levier politique qu'Alger déploie contre Paris.

Le président français Emmanuel Macron a précédemment appelé l'Algérie à libérer Sansal. "J'espère que les plus hautes autorités algériennes prendront des décisions humanitaires pour lui rendre sa liberté et lui permettre d'être soigné pour la maladie qu'il combat", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au début de l'année.

Ce n'était pas la première fois que e président français prenait la défense de M. Sansal, puisqu'il avait accusé l'Algérie de "se déshonorer" en l'emprisonnant.

"L'Algérie, que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires, se déshonore en empêchant un homme gravement malade de recevoir des soins", a-t-il déclaré lors d'un discours devant les ambassadeurs français au palais de l'Élysée. "Nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, nous demandons instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal.

Les partisans de M. Sansal espèrent maintenant que le président Abdelmadjid Tebboune, soutenu par l'armée, accordera sa grâce samedi, jour où l'Algérie célèbre la fête de l'indépendance et libère traditionnellement certains prisonniers dans le cadre d'une amnistie nationale.

En outre, le moment est mal choisi, avertissent ses partisans, car Sansal lutte contre un cancer de la prostate et a passé une partie de sa détention dans un hôpital pénitentiaire.

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