Une nouvelle génération de réalisateurs à Cannes

Montée des marches pour le film "Les Miserables" de Ladj Ly.
Montée des marches pour le film "Les Miserables" de Ladj Ly. Tous droits réservés REUTERS / STEPHANE MAHE
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Par Frédéric Ponsard
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Parmi toutes les sélections cannoises, nous avons parié sur 5 réalisateurs qui débutent. Aujourd'hui inconnus du grand public, ils seront peut-être demain, des futures Palme d'or. #Cannes2019

A Cannes, il y a les habitués qui reviennent à chacun de leurs films, ou presque. Mais le Festival a cette vertu de donner aussi la place aux jeunes réalisateurs, et bon nombre de grands cinéastes ont été découverts sur la Croisette avec leurs premiers ou seconds films (Jim Jarmush, Quentin Tarantino, Xavier Dolan, Lars von Trier, etc.).

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Parmi toutes les sélections cannoises, nous avons parié sur 5 réalisateurs qui débutent, aujourd'hui inconnus du grand public, mais qui seront demain, peut-être, des futures Palme d'or.

1. LADJ LY (France) pour Les Misérables

39 ans

Compétition officielle

Venu du court métrage et du clip, Ladj Ly, est un héritier de La Haine de Mathieu Kassovitz et des films de Spike Lee. Il fait du cinéma qui a du sens, mais visuellement nerveux. Issu de la Cité des Bosquets à Clichy-Montfermeil (où eurent lieu les émeutes de 2005), ce fils d’immigrés maliens, et membre fondateur du collectif Kourtrajme (aux côtés de Romain Gavras, Vincent Cassel...), a fait de son court-métrage multi-primés, Les Misérables, un long qui tient la distance.

Ladj Ly a aussi réalisé une fresque géante des jeunes de Montfermeil avec l’artiste JR, permettant de donner des visages à la banlieue, et vient de monter une école de cinéma sur les lieux de son enfance.

Les Misérables aborde sans manichéisme la vie des flics et des jeunes dans les cités. On est en immersion dans la banlieue, avec les gens, qui ne sont pas jugés sur ce qu’ils sont, mais sur ce qu’ils font.

Un cinéma humaniste et populaire dans l’esprit de… Victor Hugo. Le thème et les lieux de tournage font aussi penser au film de Jacques Audiard, Dheepan, qui avait reçu la Palme d’or en 2015.

2. KANTEMIR BALAGOV (Russie) pour Beanpole (Une grande fille)

28 ans

Sélection officielle, Un Certain Regard.

Réalisateur, scénariste et monteur, Kantemir Balagov est l’un des cinéastes les plus prometteurs de sa génération. Déjà remarqué à Cannes il y a deux ans avec son premier film Tesnota (Une vie à l’étroit), Prix de la presse FIPRESCI 2017, il revient cette année avec un film ambitieux sur le siège de Leningrad.

Balagov possède déjà une grande maîtrise formelle et esthétique au sujet notamment de certaines minorités ethniques et de la place des femmes dans une société clivée et brutale. Né après la chute du mur, en 1991, il est originaire du Nord-Caucase, et fait partie de cette génération russe qui a grandi après l’effondrement de l’URSS, et les désillusions qui ont suivies. Balagov filme ses personnages au plus près, on peut sentir parfois le grain de la peau imprimé la pellicule. Un style unique.

Beanpole est un film post-trauma et se déroule en 1945 dans un Leningrad ravagé par le siège des forces nazis, le plus long de l’histoire, et qui a complètement ruiné et détruit la ville. Il raconte l'histoire de deux jeunes femmes qui vont devoir reconstruire leurs vies au milieu des ruines, malgré les séquelles physiques et mentales qu’elles ont subies.

3. MARYAM TOUZANI (Maroc) pour Adam

39 ans

Sélection officielle, Un Certain Regard.

Ancienne journaliste, actrice, scénariste et réalisatrice, Maryam Touzani fait partie de cette jeune génération de femmes venue du Maghreb qui s'est emparée du cinéma comme d’une arme politique, n’oubliant jamais la dimension militante de ce qu’elles font et montrent.

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Compagne de Nabil Ayouch, elle signe avec lui Much Loved qui avait subi les foudres de la censure marocaine en 2015 en parlant des prostituées de Marrakech. Elle avait précédemment réalisé un documentaire sur ces femmes qui l’avait conduite à coréaliser un film de fiction. Adam est son premier long métrage de fiction.

Adam est un film sur une amitié entre deux femmes au sein de la Casbah de Casablanca, un univers fermé. Une femme enceinte et une veuve vont s’entraider dans l’adversité dans une société marocaine patriarcale et machiste. Maryam Touzani signe un film de renaissance, fort et engagé qui ne laissera personne indifférent. Un regard de femme et de cinéaste unique sur la place des femmes mais aussi, par ricochet, sur celles des hommes…

4. ROBERT EGGERS pour The Lighthouse (Le Phare)

35 ans

Quinzaine des réalisateurs

Considéré comme l’un des meilleurs réalisateurs de sa génération, Robert Eggers a signé un premier film de genre en 2015, The Witch (La Sorcière), découvert au Sundance Film Festival, la Mecque du cinéma américain indépendant. Le film a plu à la critique comme au public américain (40 millions de dollars de recettes pour un budget de 4M). Elevé au biberon du cinéma fantastique et d’horreur, Eggers est à la fois scénariste et réalisateur, et insuffle aussi dans ses films une dimension psychologique qui les éloigne du simple entertainement.

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The Lighthouse, est selon Robert Eggers “une histoire d'horreur fantastique dans le monde des vieux mythes marins”, Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, un vivier de réalisateurs en soi, le film est porté par Robert Pattinson et Willem Dafoe en gardiens de phare au large des côtes brumeuses américaines du Maine au XIXème siècle. Les deux hommes vont être sujets à des expériences traumatisantes et des peurs ancestrales vont remonter à la surface... Ce film à l’atmosphère intrigante, a été tourné en 35mm et en noir et blanc, avec deux grands acteurs au sommet de leur art.

5. MATI DIOP (France, Sénégal, Belgique) pour Atlantique

36 ans

**Compétition officielle. **

Mati Diop signe un premier long métrage après plusieurs films courts dont Atlantiques, remarqué dans de nombreux festivals. Le « s » d’Atlantique a disparu mais le thème reste le même : ceux qui ont envie d’aller voir derrière l’horizon, et ceux qui restent au pays. La franco-sénégalaise Mati Diop est issue d’une famille d’artiste : elle est la fille du musicien Wasis Diop et la nièce du grand réalisateur Djibril Diop Mambety. La réalisatrice est la première femme africaine en lice pour la Palme d’or. Pour un premier film, c’est plus que prometteur.

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Dans une banlieue de Dakar, les ouvriers d’un chantier décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, l’amant d’Ada, promise à un autre. Quelques jours après le départ des ouvriers, un incendie dévaste la fête de mariage de la jeune femme et de mystérieuses fièvres s'emparent des filles du quartier. Souleiman est revenu… L’émigration africaine, vue par les femmes qui voient les hommes partir de l’autre côté de l’Atlantique et qui restent seules au pays…

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