Politique de l'UE. Qui pourrait succéder à Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne ?

Ursula von der Leyen pourrait ne pas recevoir le soutien des chefs des États membres et des députés européens après les prochaines élections.
Ursula von der Leyen pourrait ne pas recevoir le soutien des chefs des États membres et des députés européens après les prochaines élections. Tous droits réservés Daina Le Lardic/ European Union 2024 - Source : EP
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Par Gerardo Fortuna
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Le poste de président de la Commission européenne sera remis en jeu après les élections européennes. Quels sont les candidats susceptibles de succéder à Ursula von der Leyen ?

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Jusqu'à présent, la reconduction d'Ursula von der Leyen à la tête de l'exécutif européen semblait aller de soi. Mais récemment, sa direction de la Commission a perdu de son éclat à la suite du retrait de Markus Pieper - qu'elle avait choisi comme envoyé pour les PME - et à la suite de ses hésitations quant à la réponse à la crise au Moyen-Orient.

Son principal argument en faveur de son maintien a toujours été la continuité avec la Commission actuelle, mais aussi l'absence de concurrents réels pour son poste.

La situation est différente aujourd'hui. D'autres noms circulent désormais à Bruxelles, même si les candidats présumés ne se lanceront pas officiellement dans la course avant les élections.

Mario Draghi, le magicien

Mario Draghi a été Premier ministre de l'Italie de février 2021 à octobre 2022 et gouverneur de la Banque centrale européenne entre 2011 et 2019.
Mario Draghi a été Premier ministre de l'Italie de février 2021 à octobre 2022 et gouverneur de la Banque centrale européenne entre 2011 et 2019.AP Photo

Le discours de Mario Draghi au forum social de haut niveau de La Hulpe, le 16 avril, a été salué par la presse italienne comme une candidature à peine déguisée à la fonction suprême. Même à Bruxelles, l'ancien Premier ministre italien a la réputation de faire bouger les choses, comme par magie.

Il prépare actuellement un rapport sur la compétitivité, commandé par Ursula von der Leyen elle-même, et évoque la nécessité d'un "changement radical".

Avantages : Probablement l'homme politique européen le plus connu, il jouit d'une aura d'infaillibilité et semble relativement indépendant des partis politiques.

Inconvénients : Sa "trop grande" compétence à la tête de l'UE pourrait faire de l'ombre à ses partenaires - une des raisons qui a conduit les partis italiens à mettre un terme à son mandat de Premier ministre.

Probabilités : Les dirigeants de l'UE et les eurodéputés ne rejetteront probablement pas Mario Draghi, même Viktor Orban a déclaré aux journalistes à Bruxelles qu'il l'aimait bien.

Kristalina Georgieva, l'économiste

L'économiste bulgare Kristalina Georgieva dirige le Fonds Monétaire International, où elle vient d'être reconduite pour un nouveau mandat de cinq ans.
L'économiste bulgare Kristalina Georgieva dirige le Fonds Monétaire International, où elle vient d'être reconduite pour un nouveau mandat de cinq ans.AP Photo

Le président sortant du Conseil européen, Charles Michel, qui jouera un rôle clé dans les négociations pour les prochains postes à responsabilité de l'UE, a déclaré, avant le sommet européen spécial d'avril, que la prochaine Commission serait "économique".

Si cela se confirme, qui de mieux que l'actuelle directrice du Fonds Monétaire International, Kristalina Georgieva, pour occuper ce poste ?

Le nom de l'ancienne commissaire européenne au budget est souvent mentionné dans les discussions pour les postes clés de l'UE - et circulait déjà en 2019 lorsque Ursula von der Leyen a été nommée.

Avantages : Elle pourrait être le premier chef de la Commission de l'Europe de l'Est attendu depuis le "grand élargissement".

Inconvénients : Elle vient d'être reconduite au poste de directrice du FMI et elle a moins de relations avec les principaux décideurs à Bruxelles que certains autres candidats.

Probabilités : Fortes auprès du Conseil pour son soutien aux pays de l'Est, un peu moins solides au Parlement.

Andrej Plenković, l'outsider

Le Premier ministre croate Andrej Plenković attend avec impatience les résultats des élections nationales prévues cette semaine.
Le Premier ministre croate Andrej Plenković attend avec impatience les résultats des élections nationales prévues cette semaine.AP Photo

Si Ursula von der Leyen devait tomber, le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit aurait d'autres cordes à son arc, dont Andrej Plenković.

Le Premier ministre croate dirige le gouvernement depuis 2016 et pourrait être tenté par une carrière plus internationale.

Avantages : Il possède une expérience de longue date en tant que chef de gouvernement dans le plus récent État membre de l'UE ; sa nomination serait un signal de bonne volonté envers les pays candidats à l'entrée dans l'Union.

Inconvénients : Son profil est plus "politique" que "réformateur".

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Probabilités : Son amitié avec de nombreux autres dirigeants de l'UE pourrait faciliter sa nomination, mais sa confirmation dépendrait de sa capacité à former des coalitions au Parlement.

Roberta Metsola, l'apprentie

La Maltaise Roberta Metsola a été élue présidente du Parlement européen en janvier 2022.
La Maltaise Roberta Metsola a été élue présidente du Parlement européen en janvier 2022.Daina Le Lardic/Union européenne 2023 - Source : EP

Lorsque le magazine Time a inclus Roberta Metsola parmi les 100 leaders émergents les plus importants du monde en 2023, Ursula von der Leyen a elle-même rédigé l'éloge qui l'accompagnait.

"Ne cédez jamais au cynisme. Vous pouvez être le moteur du changement", conseillait l'actuelle chef de la Commission à la jeune politicienne qui pourrait lui succéder.

Au cours de sa courte carrière internationale, Roberta Metsola a fait valoir ses compétences au sein du PPE en devenant la première personnalité politique de l'UE à rencontrer Volodymyr Zelensky à Kyiv après l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie.

Avantages : Charisme et jeunesse, ainsi que de solides références pro-européennes.

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Inconvénients : Manque d'expérience internationale, aucun poste précédent dans un gouvernement - un problème pour les dirigeants de l'UE.

Probabilités : Solides au Parlement en tant que présidente sortante, plus faibles au Conseil européen.

Kyriakos Mitsotakis, l'As grec

Kyriakos Mitsotakis a remporté une victoire électorale retentissante en juin dernier en étant réélu à la tête de la Grèce.
Kyriakos Mitsotakis a remporté une victoire électorale retentissante en juin dernier en étant réélu à la tête de la Grèce.AP Photo

Le Premier ministre grec pourrait s'avérer être un nouvel atout pour le PPE si les choses se compliquent autour de la table des négociations. Dans un récent tweet, Manfred Weber, chef du parti PPE, a déclaré que Kyriakos Mitsotakis "représente le leadership du PPE à son meilleur".

Le Premier ministre grec est apprécié par les autres dirigeants de l'UE et pourrait également être un bon choix pour la présidence du Conseil européen si le PPE ne parvient pas à obtenir le poste à la Commission.

Lors du récent événement Euronews ON AIR, le dirigeant grec a mis l'accent sur trois axes principaux pour le prochain mandat de l'UE : l'autonomie stratégique, la compétitivité et la sécurité alimentaire - dans ce qui ressemblait à une préparation à un discours sur l'état de l'Union.

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Avantages : Expérience antérieure en tant que dirigeant de l'UE. Il parle bien l'anglais et le français, et suffisamment l'allemand pour s'adresser à la plénière lors du discours annuel sur l'état de l'Union.

Inconvénients : Les rumeurs d'un scandale domestique le concernant pourraient faire de lui un choix risqué.

Probabilités : Solides auprès du Conseil, pouvant compter sur la majorité politique au Parlement en tant que candidat du PPE.

Christine Lagarde, la banquière

La Française Christine Lagarde est présidente de la Banque centrale européenne depuis 2019 et a précédemment occupé le poste de directrice du Fonds Monétaire International.
La Française Christine Lagarde est présidente de la Banque centrale européenne depuis 2019 et a précédemment occupé le poste de directrice du Fonds Monétaire International.AP Photo

L'actuelle gouverneure de la Banque centrale européenne (BCE) serait un autre choix solide si la prophétie de Charles Michel sur une Commission "économique" devenait réalité.

En 2019, elle a été nommée à la tête de la BCE sous l'impulsion d'Emmanuel Macron et pourrait bien être à nouveau choisie par le président français.

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Avantages : De bons résultats dans toutes ses fonctions, du gouvernement français au FMI et à la BCE.

Inconvénients : Un choix qui pourrait sembler bureaucratique ou détaché des citoyens, trop proche d'Emmanuel Macron (en bien ou en mal).

Probabilités : Si son nom apparaît à la table des dirigeants, c'est le signe qu'ils sont à court d'idées et qu'elle pourrait être l'un des derniers bons choix disponibles. Pourrait-elle cependant obtenir le soutien d'un Parlement orienté à droite ?

Klaus Iohannis, le stratège

Klaus Iohannis a ses vues sur Bruxelles puisqu'il est également candidat au poste de secrétaire général de l'OTAN.
Klaus Iohannis a ses vues sur Bruxelles puisqu'il est également candidat au poste de secrétaire général de l'OTAN.AP Photo

Et si Charles Michel se trompait et que l'Europe optait pour une autre Commission "géopolitique" ? Dans ce cas, le nom du président roumain pourrait sortir du chapeau.

Klaus Iohannis est également candidat au poste de secrétaire général de l'OTAN - bien que le Premier ministre néerlandais Mark Rutte semble avoir l'avantage dans cette course - et dispose donc déjà d'un plan précis pour la défense de l'Europe qui pourrait être appliqué à la prochaine Commission.

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Avantages : Candidat d'un pays de l'Est et du PPE.

Inconvénients : Sa nomination dépendra de l'issue de sa candidature à l'OTAN.

Probabilités : Relativement bien vu au Conseil européen, mais il aura besoin d'une majorité PPE au Parlement.

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