La France lance la "réserve diplomatique citoyenne" pour renforcer son "soft power" et lutter contre la désinformation. Le gouvernement espère que le premier contingent attirera 1 000 réservistes avant la fin de l'année.
La France a lancé jeudi la réserve diplomatique citoyenne, espérant qu'elle attirera un millier de personnes avant la fin de l'année, afin de renforcer l'assistance aux citoyens, notamment ceux qui fuient les conflits, de lutter contre la désinformation concernant sa diplomatie et de stimuler son "soft power" (pouvoir de convaincre) à l'étranger.
"Chaque citoyen, âgé d'au moins 18 ans, français ou européen, pourra rejoindre cette réserve civique, s'il ou elle adhère à une charte et à un principe cardinal : l'intérêt général", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, lors d'un discours.
"Et nos ambitions sont élevées, elles sont à la hauteur de notre réseau diplomatique qui, avec 163 ambassades et 208 consulats généraux, est le troisième au monde. Notre diplomatie doit être présente partout, jusqu'au dernier kilomètre qui nous sépare parfois de nos compatriotes les plus éloignés", a-t-il ajouté.
Les réservistes auront trois missions principales : le service public et la protection des Français à l'étranger, la défense des intérêts du pays dans toutes les instances bilatérales, européennes et multilatérales, et que la voix de la France soit comprise sur le territoire national et dans le monde.
Ils pourront être amenés à assurer le soutien téléphonique du Centre de crise et de soutien (CDCS), qui assure la protection des ressortissants français et coordonne l’action humanitaire d’urgence de l’Etat.
"Depuis le début de la guerre entre Israël et l'Iran, le Centre de crise a répondu à 12 000 appels en 12 jours. Et 1 000 ressortissants français ont pu bénéficier de notre assistance pour rentrer en France. Dans de telles situations, l'assistance téléphonique est essentielle et elle nécessite de très nombreux volontaires", a déclaré M. Barrot.
Le soutien logistique et protocolaire lors d'événements majeurs, y compris les réunions du G7 sous la présidence française l'année prochaine, ainsi que l'expertise numérique pour contrer la désinformation ou promouvoir les efforts de la France figurent parmi les autres tâches principales recherchées par la réserve.
Le ministère des Affaires étrangères demandera lundi à tous ses ambassadeurs de recenser leurs besoins avant la fin de l'année pour établir un catalogue complet des missions potentielles.
La réserve diplomatique disposera de deux contingents. Le premier sera composé d'employés actuels ou retraités du ministère des Affaires étrangères, ainsi que d'employés d'agences françaises à vocation internationale telles que l'Agence française de développement, de conseillers des Français de l'étranger et d'universitaires avec lesquels le ministère travaille déjà.
Environ 200 personnes ont déjà manifesté leur intérêt, a indiqué M. Barrot, ajoutant que l'objectif est de porter ce contingent à 1 000 personnes d'ici la fin de l'année.
Un deuxième groupe sera constitué de personnes qui travaillent ou sont bénévoles pour des ONG de solidarité internationale ou dans des associations françaises à l'étranger, ainsi que d'experts techniques internationaux, de membres de groupes de réflexion et de dirigeants d'entreprises internationales qui "jouent un rôle essentiel au service de notre diplomatie économique", a déclaré M. Barrot.
Pour que ce contingent soit créé, il nécessitera l'approbation du Parlement, la procédure juridique devant être lancée la semaine prochaine.
La création de cette réserve diplomatique a été mentionnée pour la première fois par le président Emmanuel Macron en 2023, lors d'un discours au corps diplomatique français dans lequel il cherchait à les apaiser après qu'une réforme proposée de leurs services l'année précédente les ait incités à faire grève pour la première fois.
La réforme visait à supprimer progressivement les deux corps qui gèrent le personnel diplomatique, dans le but, selon le gouvernement, d'ouvrir les postes diplomatiques à une plus grande diversité.