Une nouvelle perspective sur l'art dissident dans l'ex-bloc de l'Est

En partenariat avec The European Commission
Une nouvelle perspective sur l'art dissident dans l'ex-bloc de l'Est
Par Julian GOMEZStéphanie Lafourcatère
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Futuris nous fait découvrir un projet de recherche européen qui vise à mieux préserver les documents historiques liés à l'opposition culturelle dans les anciens régimes communistes d'Europe centrale et orientale et à les rendre plus accessibles au grand public.

Dans cette édition de Futuris, nous voyons comment un projet de recherche européen vise  mieux préserver les documents historiques qui ont un lien avec l'opposition culturelle dans les anciens régimes communistes d'Europe centrale et orientale, mais aussi à les rendre plus accessibles au grand public.

À Budapest, capitale de la Hongrie, notre journaliste Julián López Gómez nous fait découvrir une "escape room" un peu particulière : "Cette activité fait en réalité, partie d'un projet de recherche européen appelé COURAGE qui vise à mieux protéger et faire connaître les documents historiques liées à l'opposition culturelle dans les anciens régimes communistes d'Europe centrale et orientale," explique-t-il avant de nous inviter à jouer pour découvrir comment cela fonctionne.

Un crime a été commis. Les joueurs doivent trouver des indices dans cette salle où tout date de l'époque soviétique : meubles et objets dont des photos, des diapositives ou des écrits dissidents publiés à l'insu des autorités grâce au système samizdat.

Une fois le jeu terminé, les participants discutent de l'expérience avec une sociologue. "Ils peuvent en quelque sorte, se confronter à la réalité du passé," souligne Szabina Kerényi, sociologue au Centre hongrois des sciences sociales. "Ils peuvent apprendre cette période de notre histoire non seulement en l'étudiant à l'école, mais aussi en voyant ici les documents réels, les photos : ils ont l'opportunité de tenir dans leurs mains, ces publications clandestines samizdat et ainsi, d'avoir prise sur le passé," estime-t-elle.

Applications, manuels et jeux de plateau

Films, photos, enregistrements sonores ou musicaux, affiches... Des milliers de documents racontant l'histoire de cette forme de résistance font désormais partie d'une immense base de données en ligne qui a permis la création d'applications, de manuels et de jeux de plateau. Objectif : adopter une nouvelle perspective sur ce patrimoine.

"Les documents nous aident à comprendre ce qui était important au plan historique dans les années 60, 70 et 80 et comment le pouvoir essayait de broyer les citoyens, mais aussi comment eux-mêmes tentaient de se révolter par le biais de la culture," précise Sándor Horváth, coordinateur du projet européen COURAGE et historien de l'Académie hongroise des sciences. "Cette opposition entre le pouvoir, d'un côté, et le peuple dans le domaine de la culture, de l'autre, nous aide aussi à appréhender cette période historique," insiste-t-il.

Parmi les archives qui alimentent cette base de données, le centre de recherche sur l'art Artpool fondé en 1979.

Sa collection qui occupe environ 600 mètres d'étagères compte 150.000 documents : des livres, des lettres, des chansons ou encore de la poésie sonore réalisés par environ 6000 artistes et institutions culturelles.

"On a très vite commencé à établir cette base de données aux côtés des chercheurs," assure Júlia Klaniczay, fondatrice et directrice du centre de recherche, avant d'ajouter : "Je crois que ce projet est extrêmement important, non seulement parce que des archives comme les nôtres peuvent y être représentées, mais ce qui le rend encore plus significatif, c'est qu'il expose et ouvre au public des collections qui lui étaient totalement inconnues."

Collectionneur d'affiches de concert

Des collections comme celle de Tamás Szőnyei, ancien journaliste spécialisé dans la musique. Il a réuni un millier d'affiches de concerts clandestins qui ont eu lieu dans les années 70 et 80.

"Le jeudi, le vendredi ou le samedi, les organisateurs collaient leurs affiches dans les rues et en quelques heures, quelques jours, elles étaient enlevées : ça allait très vite," se souvient Tamás Szőnyei. "Et comme je fréquentais cet univers clandestin en tant que journaliste, collecter ces documents, c'était aussi important, donc j'ai commencé à le faire : à l'époque, j'étais collectionneur et documentaliste en même temps," indique-t-il.

Cette base de données consultable en ligne continue d'être enrichie au rythme des découvertes de documents rares comme les images de ce concert expérimental.

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